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24 septembre 2006

Le suicide, preuve de liberté ?

Est-ce que se suicider, c'est prouver sa liberté ?... Prouver qu'on est maître de sa vie, qu'on est pas un pantin dépendant des circonstances, qu'on a une dignité, qu'on est réellement libre ?

Pour le savoir, il faut se resituer dans la réalité d'une vie, n'importe quelle vie.

On naît - et on ne décide ni de ses parents, ni du moment de sa naissance, ni de la couleur de ses cheveux, etc.
On grandit - et on ne décide ni du nombre de centimètres, ni de la forme que prend notre corps adulte.
On vieillit - et on ne décide pas non plus de l'apparition des cheveux blancs ou des rides.
On meurt... et en général, là non plus, on ne décide rien.

(Quoique dans une perspective new age, on décide en réalité de tout... mais on ne sait pas qu'on décide de tout, ni pourquoi on a décidé ce qu'on a décidé.)

Par contre on décide de plein d'autres choses : king fish ou mac bacon ? bac littéraire ou scientifique ? J'aide à la vaisselle ou je les laisse se débrouiller sans moi ?... Etc.

Dire que le suicide est la preuve qu'on est maitre de sa vie, c'est un peu comme dire qu'on est propriétaire du World Trade Center parce qu'on l'a explosé.

La liberté de l'être humain se manifeste dans tous ses choix. Lorsqu'on décide de mettre ses chaussures, on fait la preuve de sa liberté. Lorsqu'on commet un meurtre, on fait la preuve de sa liberté. Lorsqu'on vole une voiture, on fait la preuve de sa liberté. Lorsqu'on sourit à son voisin, on fait la preuve de sa liberté. Lorsqu'on envoie une carte postale, on fait la preuve de sa liberté. Lorsqu'on se marie, on fait la preuve de sa liberté.

Tous comme les innombrables autres choix que l'on fait sans cesse, le suicide témoigne de notre liberté - mais pas plus que lorsqu'on choisit librement de se brosser les dents ou qu'on choisit librement de ne pas le faire. Il n'y a pas de choix qui prouve plus la liberté qu'un autre : tous les choix (qu'ils soient bons ou mauvais) témoignent de la liberté de l'être humain.

Par contre, le suicide a cela de particulier qu'après lui, il n'y a plus aucune liberté. Finie, la liberté. Un mort est par définition inerte et impuissant. Il ne peut plus rien, il n'a plus aucune espèce de choix.

Donc le suicide est un choix qui en tant que choix, prouve qu'on est libre (mais ça, n'importe quel autre choix le prouve aussi bien), mais qui a cette spécificité, qu'après lui il n'y a plus aucune liberté : c'est terminé.

C'est le choix qui met un terme à tous les choix. Le choix qui met un point final à toute liberté.

Aussi ce n'est que par un raisonnement tordu, inspiré par la souffrance et la petite voix insidieuse qui est toujours de mauvais conseil, qu'on peut s'imaginer qu'il constitue une espèce de déclaration de liberté, de dignité ou d'indépendance... alors qu'il constitue au contraire la seule manière de saboter définitivement sa liberté, de la saccager et détruire sans retour. Auto-destruction de ce qui fait précisément la dignité de l'être humain : sa faculté à faire des choix.

2 commentaires:

  1. Texte d'une logique imparable : Canovi, tu me fais plaisir.

    (J'ai eu accès à ton blog par Doctissimo, la discu. sur les livres qui ont changé la vie de leurs lecteurs !)

    Reste la motivation qui donne envie d'accéder à la dignité d'être humain.

    D'où vient-elle ? Dépend-elle du sujet ?

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  2. Bonjour,

    et bien pour la dignité... elle est peut-être là en chacun de nous, à l'état plus ou moins latent, et selon les circonstances et les idées auxquelles on croit, elle se développe ou non.

    C'est beaucoup lié à la définition de l'être humain à laquelle on adhère : pour les darwinistes à tout crin, l'être humain n'est que le résultat de hasards génétiques, une espèce de singe mutant : pas de "dignité de l'être humain" là dedans.

    La motivation en général, dépend beaucoup de la perception qu'on a (ou pas) d'un but valable, clairement identifié, et accessible.

    Lorsqu'on ne voit pas ce but, ou qu'on ne le distingue que très confusément, il est bien difficile d'être motivé pour l'atteindre...

    même si bien sûr, le caractère individuel doit entrer en ligne de compte, j'aurais donc tendance à penser que c'est notre vision des choses - et donc nos idées - qui sont les plus déterminantes.


    Ce qui fait que lorsqu'on change d'idées, on peut trouver, ou retrouver, la motivation pour vivre pleinement sa condition humaine.

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