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31 août 2007

Le problème avec la psychanalyse...

On m’a déjà reproché d’avoir un point de vue trop négatif sur la psychanalyse : certaines personnes ont été « sauvé » par elle. C’est génial quand ça arrive, et je m’en réjouis à tous points de vue – mais pour en tirer des conclusions positives sur la psychanalyse en général, il faudrait savoir d’où est venu le soulagement : de la psychanalyse ou du psychanalyste ?... du psychanalyste en tant que psychanalyste, ou de l’être humain qui excède ou même contredit les limites de cette identité ?...

Voilà ce que le François Roustang, analyste et thérapeuthe[1], dit à propos de la psychanalyse :

« Si vous êtes capable, sans avoir jamais fait de ski, de vous lancer sur une piste noire, vous êtes de taille. Sinon, évitez. […] J’ai reçu des centaines de personnes qui, après des années de divan, étaient profondément déprimées. »

C’est tout de même intéressant… en général, on suppose qu’une psychanalyse sert à aller mieux. Après tout, on paye pour ça… et en général, quand on paye, c’est qu’on espère un bénéfice quelconque. Et là, on apprend de la bouche même d’un spécialiste, qu’une psychanalyse sert à aller plus mal : c’est pour quoi elle est réservée aux forts.

Mais dans quel but quelqu’un de fort donnerait-il son argent pour qu’on lui sabote le moral ?... Telle est la question, et il va être difficile de lui trouver une réponse satisfaisante.

Pour comprendre pourquoi et comment la psychanalyse conduit ou enfonce dans la dépression, ou du moins pourquoi c’est très souvent l’effet qu’elle a, on doit se souvenir de la manière dont se déroule une séance de psychanalyse.

Le client, pardon, le patient a quelque chose qui ne va pas. Dans un lieu mal éclairé, subtilement glauque, il parle non seulement de ce quelque chose qui ne va pas, mais de toute sa vie, livrant son intimité la plus intime à un sphinx qui ne livre en échange que des « hum », des « et ?... » ou des : « continuez. ». La relation est profondément inégalitaire, et donc déstabilisante : on se met à la merci d’un être encarapacé et caparaçonné dans son rôle, solidement barricadé dans son identité sombre et énigmatique de psychanalyste. Dans le pire des cas, cet être mystérieux, et certainement tout puissant, est invisible, planqué derrière nous qui gisons passivement à l’horizontale, tel le pauvre malade impuissant que nous sommes en train de devenir de plus en plus, sans le savoir…

Ce que je décris, ce n’est pas simplement un cliché : c’est une réalité qu’on vécut bien des gens, moi y compris.

Le psychiatre qui m’a… euh… aidé ?... non, ce n’est pas le mot… qui m’a… bref, le psychiatre que je voyais à l’hôpital psychiatrique lors du séjour que j’y ai fait était du genre bien caché.

D’ailleurs, est-ce que vraiment je l’ai « vu » ?...

Il se cachait derrière une barbe et une moustache buissonnantes ; il se cachait aussi derrière la fumée de son cigare (qui me dérangeait peut-être, mais il était largement au-dessus de ce genre de considérations) ; il se cachait enfin par une savante utilisation du contre-jour. La fenêtre de son bureau étant placée derrière sa tête, je ne voyais de son visage qu’une forme sombre, tandis qu’il voyait en plein mon visage transparent, où toutes les émotions se lisaient en gros caractères.

Lorsqu’il venait me chercher dans la salle d’attente, il avait une manière inimitable de m’inviter à le suivre : pas un mot, pas une poignée de main, pas un sourire, mais un mouvement en biais du menton qui désignait successivement moi et la porte, et qui signifiait quelque chose comme : « allez, à l’abattoir, c’est l’heure !... »

Revenons à la psychanalyse. En quoi consiste-t-elle, la moitié du temps ?... A ressasser ses mauvais souvenirs. A les repasser au ralenti. A appuyer sur « pause » pour examiner de plus près une image particulièrement pénible. A revivre le pire encore et encore, à la recherche de ce qui explique, justifie, confirme, permet de comprendre le pire en question.

Est-il vraiment étonnant qu’on sorte d’un tel exercice démoralisé ?...

Selon les découvertes scientifiques les plus sérieuses de ces dernières années, plus on se remémore un souvenir, et plus celui-ci prend de l’importance dans notre mental. C’est comme un champ de blé : plus on repasse et repasse sur le même trajet, plus un chemin s’y dessine. En se remémorant à haute voix, et devant quelqu’un, nos mauvais souvenirs, on leur accorde une importance qui les fait enfler, grossir : c’est un peu comme si on faisait rouler une boule de neige… avec le temps, elle devient de plus en plus importante. Si on se livre à cet exercice pendant des années, on récolte forcément les fruits amers d’une telle habitude…

Inversement, si on se remémore, à haute voix et devant quelqu’un - quelqu’un de bienveillant qui croit en nous en en nos capacités, qui nous encourage - nos bons souvenirs, les souvenirs de nos succès passés, de nos réussites, nous allons les voir progressivement prendre du poids. Et notre image de nous-même, et notre mental, s’en trouveront très naturellement améliorés.

Mais ce n’est pas ça qu’on fait lors d’une psychanalyse – ou alors, c’est qu’on est tombé sur un psy exceptionnel, qui s’est nourri certainement de lectures non-orthodoxes et qui s’est éloigné de la ligne du partie… d’un dissident, en somme.



[1] « L’unité du corps et de l’esprit », interview de François Roustang par Ursula Gauthier, parue dans Le Nouvel Observateur, no1890, 25-31 janvier 2001

27 août 2007

La pensée positive : mode d'emploi

Selon la manière dont on s’en sert, selon le discernement dont on fait preuve dans son utilisation, la pensée positive se change tour à tour en médicament, en hochet ou en drogue.

Peu importe la méthode ou les exercices adoptés : il faut avant tout comprendre comment la pensée positive agit, et donc comprendre avant cela comment le cerveau fonctionne. Inutile de se lancer dans de grands travaux de recherche : le travail a déjà été fait ; il suffit d’en récolter les fruits, qui sont d’ailleurs conformes à ce qu’on peut constater par soi-même dans la vie quotidienne.

Emile Couet (1857-1926) l’a découvert : lorsque la volonté et l’imagination entrent en conflit, c’est toujours l’imagination qui a le dernier mot. Autrement dit, lorsqu’on veut arrêter de fumer, mais qu’on imagine qu’on n’y arrivera pas, on n’y arrive pas.

Ceci est déjà une découverte majeure, dont le champ d’application est très vaste. Mais après Couet, Maxell Maltz (1899-1975) a découvert une loi encore plus fondamentale et universelle, une loi qui explique celle de Couet : les gens mettent leur vie en conformité avec l’image qu’ils se font d’eux-mêmes : "L'image de soi est la clef de la psychologie et du comportement humain. Changez d'image de vous-même et vous changerez de personnalité et de comportement."

Cette loi permet de comprendre pourquoi le fumeur mentionné plus haut n’arrive pas à arrêter de fumer malgré toute sa bonne volonté et ses efforts : l’image qu’il se fait de lui-même est celle d’un fumeur velléitaire, d’un fumeur incapable de se débarrasser de la cigarette. Ses vains efforts font partie du programme.

Maxell Maltz a ainsi dégagé une vérité extrêmement importante : chaque être humain, même le plus démoralisé et le plus découragé, poursuit sans relâche un objectif bien précis qu’il finit toujours par atteindre un jour ou l’autre. Cet objectif, c’est de mettre sa vie en conformité avec ce qu’il croit de lui-même, c’est-à-dire de changer la surface opaque de son existence en miroir le reflétant fidèlement jusque dans les moindres détails. Consciemment ou inconsciemment, chacun cherche à ajuster sa vie à ce qu’il a compris de lui-même, à ce qu’il voit de lui-même.

Pour améliorer nos résultats, nous devons donc changer pour le mieux l’image que nous nous faisons de nous-même.

Ici, on pourrait être tenté de faire une objection : « Si mon image de moi-même est déjà juste, comment puis-je la changer ?... Je ne veux pas me mentir… »

C’est là qu’on arrive à un point important et délicat. Une petite anecdote permettra de le saisir :

Il y a quelques années, lorsque j’étais dépressive, je ressassais souvent une phrase qui me blessait à chaque fois : « je ne suis pas aimable… » Cette phrase n’avait pour moi aucun contenu objectif précis ; elle était pure émotion, pure souffrance. Je ne me sentais pas aimable, je ne me trouvais pas aimable : ne pas être aimable faisait partie de mon image de moi-même. C’était bien sûr extrêmement pénible. Lorsqu’une psy essaya de me convaincre que « j’étais aimable », elle se heurta à mon incrédulité. D’abord elle ne me connaissait pas ; ensuite, elle était payée pour dire quelque chose de ce genre ; enfin, comment aurait-elle pu savoir mieux que moi ce que j’étais ?...

Rétrospectivement, je ne me dis pas : « oh, mon Dieu, que j’étais bête à l’époque : j’étais aimable et je ne m’en rendais pas compte ! »

Rétrospectivement, je me dis plutôt : « Je n’avais pas tout à fait tort. C’est vrai, je n’étais pas particulièrement aimable… »

J’avais raison de penser que je n’étais pas aimable (enfin, pas beaucoup), mais j’avais tort de croire que cette absence d’amabilité faisait partie de mon essence, de mon être le plus intime : ce n’était pas une espèce de trait génétique que j’aurais apporté en naissant, comme les cheveux bruns et les yeux bleus, mais seulement une caractéristique accidentelle et modifiable. J’aurais très bien pu devenir aimable si je m’en étais donné les moyens. On fait tous ou presque cette erreur : on prend pour un trait fixe et inamovible ce qui peut changer. On s’imagine que nos vérités provisoires sont des vérité définitives : on se confond avec sa propre statue au musée Tussaud.

C’est peut-être parce qu’on n’a pas suffisamment réfléchi à ce qu’est un être humain.

Un être humain n’est pas, comme le prétend une certaine philosophie, un produit doublement conditionné : ce n’est pas un prisonnier menotté par le gendarme Nature d’un côté, et par le gendarme Culture de l’autre. Nous ne sommes pas coincés par nos gènes d’une part, et notre environnement social d’autre part.

Un être humain, c’est un être vivant tout à fait différent des autres, et qui ne présente avec les animaux qu’une ressemblance très superficielle. Sa nature, ce n’est pas tel ou tel instinct déterminé à l’avance ; sa nature, c’est la culture, c’est-à-dire l’apprentissage, le changement et le choix. Un enfant de trois ou quatre ans est naturellement attiré par les lettres, tout comme un caneton est naturellement attiré par l’eau. Au CP, les enfant sont tous impatients d’apprendre à lire. Inutile de leur énumérer les avantages de la lecture pour les motiver : ils désirent ardemment apprendre à lire. En effet, leur nature, c’est-à-dire la nature humaine, c’est d’apprendre.

Apprendre et comprendre, c’est devenir : l’essence de l’être humain c’est précisément de se construire lui-même par ses choix. Nos habitudes, nos pensées, nos décisions nous façonnent : nous sommes les enfants toujours ressemblants de ce que nous avons fait, dit et pensé avant. Autrement dit, nous ne sommes pas « gentil », « méchant », « aimable » ou « pas aimable » comme un éléphant est un pachyderme ou comme une poule est un gallinacé, d’une manière innée et irréversible. Ces caractéristiques (gentillesse, méchanceté, amabilité, égoïsme, lucidité, etc.) sont les nôtres parce qu’on nous les a données et que nous les avons accepté, parce que nous avons décidé et re-décidé à mainte reprise de nous en saisir. Ces caractéristiques ne sont pas immuables : à chaque choix nous les confirmons ou nous les infirmons, nous les renforçons ou nous les contredisons. Tant qu’on respire rien n’est jamais définitivement joué, tout est toujours sur le tapis : même les pires méchants peuvent devenir bons, et les plus grands saints dégringoler au bas de l’échelle.

La nature humaine est pareille à un territoire infiniment vaste, aux limites encore inconnues, où chaque être humain campe quelque part.

On peut fixer sa tente à un endroit et n’en plus bouger. C’est ce que font ceux qui disent : « ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend la grimace, à mon âge on ne change pas, j’ai toujours été comme ça alors je ne vais pas changer maintenant, dans ma famille on est comme ça, de toute façon c’est génétique, etc. » Ceux-là prétendent que leur tente est en pierre et qu’elle est plantée là depuis la nuit des temps.

On peut aussi déplacer sa tente de jour en jour pour se rapprocher d’un précipice vertigineux où tant d’autres se sont déjà fracassé. C’est ce que font ceux qui disent : « De toute façon ça sert à rien, j’ai déjà essayé, je sais, je ne manquerai à personne, ce n’est pas un petit verre qui va me rendre alcoolique, après moi le déluge, on s’en fout, je m’en fous, ta gueule, etc. »

On peut enfin déplacer sa tente de jour en jour pour se rapprocher du magnifique sommet de la montagne, comme l’ont fait d’autres avant nous - ils y ont trouvé une vie utile et heureuse, comme leurs biographies en témoignent. C’est ce que font ceux qui disent : « L’être humain est perfectible, je peux changer, je peux m’améliorer, avec de la persévérance on vient à bout de tout, j’ai le pouvoir sur mon attitude, je peux y arriver, je peux trouver ce qui me manque, il y a certainement une chance qui se cache derrière cette malchance, je peux apporter une contribution positive à l’humanité, je peux aider les autres, je ne me découragerai jamais, etc. »

Lorsqu’on veut changer de vie, il faut commencer par changer d’image – et pour changer d’image, il faut se convaincre d’un certain nombre de vérités fondamentales :

Je peux changer.

Je peux être aimable.

Je peux être courageuse.

Je peux être généreuse.

Je peux être volontaire.

Je peux arrêter de fumer.

Je peux perdre 25 kilos et ne pas les reprendre.

Je peux réussir ce que j’entreprends.

Je peux trouver ce qui me manque.

Je peux trouver de l’aide si je la cherche au bon endroit.

Etc.

Toutes ces phrases sont vraies, car le territoire de la nature humaine est extrêmement vaste et que notre maison est une petite tente que l’on peut déplacer dans n’importe quelle direction… Précisons tout de même qu’il est plus facile de descendre vers le gouffre que de monter vers le sommet de la montagne, mais ça c’est une loi physique.

Ceci dit, si notre passé est en contradiction avec ces phrases, on va trouver difficile d’y croire, même si elles sont littéralement vrai : si on s’est toujours dirigé vers l’ouest, on aura du mal à se persuader qu’on peut changer de direction pour aller vers l’est.

Pour faciliter notre nouvelle foi, nous pouvons effectuer quelques petits changements superficiels (nouvelle coiffure, nouvelle tenue, etc.) qui nous aiderons à croire que « aujourd’hui n’est pas comme hier ».

On peut aussi, ça fait toujours du bien, se remémorer volontairement tous les succès qu’on a connu par le passé – il y en a eu forcément, même s’ils nous paraissent dérisoires. Plus on y pense et y repense, plus on ils nous paraîtront importants, plus nous prendrons confiance en nous.

On peut aussi se poser des questions orientées, qui nous amèneront à imaginer un avenir meilleur.

Par exemple : « Et si ça se passait vraiment très bien ?... Et si demain, j’avais de la chance ?... Et si j’étais une gagnante ?... Et si j’étais capable de plus que ce que je crois ?... Et si je m’organisais vraiment bien ?... Et si j’étais plus responsable, plus courageuse, plus volontaire, plus optimiste que ce que je crois ?... Et si mon futur était bien plus intéressant et bien plus satisfaisant que mon passé ?... » Si on se pose et qu’on se repose ce genre de question, notre esprit commence à imaginer, visualiser – si on persiste, on va commencer insensiblement à goûter par l’imagination à ces possibilités intéressantes, puis progressivement à y croire.

Et lorsqu’on y croira comme à un avenir possible pour nous, notre image de nous-même aura changé dans le bon sens – nous ouvrant ainsi à de nouvelles possibilités enthousiasmantes.

Le langage est révélateur… Un objectif, c’est ce qui est dans notre objectif, ce que nous regardons. Un but, c’est une visée : ce qui est dans notre ligne de mire, ce que nous regardons. Plus nous regardons dans la direction du bonheur, de la sagesse, de la chance, de l’équilibre, plus nous nous en approchons. Visualiser, c’est regarder vers ; regarder vers, c’est viser.

Ce qui précède résume ce que j’ai retenu de l’excellent Psychocybernétiques de Plantz – cependant il manque tout de même quelques considérations pour que le tableau soit complet.

Que les gens qui connaissent le succès aient visé le succès pour l’obtenir, on veut bien y croire – ou du moins, on le découvre lorsque l’on lit leurs biographies. Mais qu’en est-il de ceux qui ont raté leur vie ?... Ils n’avaient certainement pas visé l’alcoolisme et un mariage raté !

Plantz dirait que si, c’est ce qu’ils ont visé – par exemple en se répétant sans cesse : « pourvu que je ne rate pas mon mariage comme mes parents… » ou « pourvu que je ne devienne pas alcoolique comme mon père… » En gardant leur objectif braqué sur ce dont ils ne voulaient pas, ils ont fait de ce qu’ils craignaient leur objectif – car notre objectif, c’est ce qui est dans notre viseur.

Mais quand même Plantz, tu as beau dire, il y en a qui n’ont jamais craint de devenir alcoolique et qui le sont pourtant devenus ! Alors ?...

Plantz répondrait peut-être : « C’est vrai, ils n’ont pas visé l’alcoolisme… Ils ont visé ce qui était juste devant, c’est-à-dire l’oubli de tous leurs problèmes, un certain plaisir immédiat, et la sensation que tout est possible sans effort. »

C’est un point important.

Le beau, le bien, le vrai, le juste : c’est ce qu’il faut viser, étudier, contempler, lorsqu’on veut l’obtenir. Mais pour obtenir tous les problèmes, il suffit de viser l’appât alléchant qui est placé juste avant les problèmes.

Avant l’alcoolisme… il y a la fête avec les copains ou l’oubli de tout avec un petit verre qui ne peut pas faire de mal, etc.


Avant le suicide… il y a Evanescence, le genre gothique, etc.

Avant l’échec d’un mariage… il y a un psy-qui-vous-met-en-garde, une certaine conception du féminisme, une bonne copine qui vous aide à y voir clair dans votre couple (en fait ton mari c’est un beau salaud), etc.

26 août 2007

Les illusions du Développement Personnel

Le développement personnel, c'est une vaste salade niçoise où l'on trouve aussi bien du maïs transgénique que des anchois au naturel pêchés en pleine mer... une salade où l'on trouve le pire comme le meilleur.

Voici deux idées qui font partie du "pire" :

Ce que tu regardes, disparaît...

Ce à quoi tu résistes, persiste....

Il y a dans ces deux phrases un savant mélange de vérité et d'erreur qui est au final, plutôt nocif - car trompeur.

Commençons par : "ce que tu regardes, disparaît". Voilà qui est contraire à l'expérience courante : si on regarde attentivement les nuages du ciel, ils ne disparaissent pas - ou s'ils disparaissent, ce sera parce que le vent les a emporté, et non parce qu'on les a regardé.
Ceci dit, il est vrai qu'en se confrontant à certaines craintes - en les regardant en face - on peut commencer à les désamorcer. Lorsqu'on craint le pire, c'est souvent un pire vague, nébuleux, dont le flou même accentue la menace. Regarder ce pire en face peut aider à en préciser les contours - et ce qui est précis est toujours plus facile à gérer.

Mais "regarder" un problème ne le fait pas disparaître. C'est seulement une première étape pour l'analyser. Contempler ses problèmes ne les fait pas évaporer. C'est même le contraire : plus on les contemple, plus ils enflent. En effet l'esprit humain est ainsi fait qu'une pensée mille fois ressassée occupe mentalement plus d'espace qu'une pensée sur laquelle on ne s'attarde pas. Autrement dit, plus on pense à ce qui ne va pas, plus "ce qui ne va pas" prend de l'importance dans notre tête. C'est à force de regarder la taupinière qu'elle se change en montagne.

Donc :

- regarder est effectivement nécessaire lorsqu'on veut préciser, cerner un problème trop vague ;
- regarder en soi ne fait cependant nullement disparaître le dit-problème - au contraire : plus on contemple le problème plus celui-ci grossit à nos yeux.

Et maintenant la seconde idée :

"ce à quoi tu résistes, persiste"

Inutile donc de se battre contre quoique ce soit :

ça parait idiot dans un contexte politique ou social (
accepter le trafic de drogue et la pédophilie ne va pas y mettre un terme...) est-ce plus pertinent dans un contexte psychologique ?
Ce n'est pas sûr.

à suivre peut-être



Qu'est-ce qui nous rend malheureux ?

C'est peut-être les circonstances... tous ces événements qui nous arrivent, tous ces gens qui nous traitent plus ou moins bien...

mais c'est certainement notre réaction à tout ça : "je laisse tomber". Voilà une idée qui rend malheureux.

"Je suis bloqué". Voilà une pensée qui attriste.

Laissons tomber les reculades, et regardons nos objectifs. Un de perdu, dix de retrouvés. Mon objectif c'est mon amour, c'est ce que j'aime, ce que je désire, ce que je veux.

La vie n'est pas faite de corvées, mais d'objectifs. Et chaque "corvée" est plus qu'elle-même : un pas vers mon objectif.

Relions chaque effort à un Grand But qui nous tient à coeur, et chaque effort deviendra presque facile.

24 août 2007

Opportunité

A première vue, la « dépression » n’est pas une chance. Chance de quoi ?… de souffrir ?

A deuxième vue, on pourrait dire que la dépression est une chance de se connaître mieux... (Introspection, psychothérapie, etc.)

Mais à troisième vue, la dépression est encore plus que ça. Une chance à saisir, une chance à ne pas rater.

Deux personnes vivent dans deux appartements différents. La première paye un loyer très cher, trop cher, pour une chambre minable dont la robinetterie fuit et les voisins, crient. La deuxième paye un loyer raisonnable pour un appartement confortable.

Imaginons maintenant que ces deux personnes aient toutes deux une possibilité de déménager pour un appartement magnifique, bien placé, et très bon marché. Qui saisira cette chance à coup sûr, ou presque ?...

Celui qui souffre le plus. L'autre hésitera, préférant peut-être gardant l'appartement qu'il connaît bien. L'inconnu fait peur.

Une personne dépressive est comme cette personne qui habite dans un appartement horrible. Son sort est assez misérable pour qu'elle accepte de déménager pour mieux si l'occasion se présente. Déménager : changer de croyances, de personnalité, de vie.

Pour trouver la motivation de déménager (ou de changer), deux conditions sont nécessaires : être mal où l'on est, espérer mieux ailleurs. Or, on ne progresse dans sa vie qu'à condition de changer : il n'y a aucun autre méthode possible.

Une personne non dépressive a de la chance, mais seulement à condition qu'il n'existe pas de meilleur appartement que le sien. Sinon, sa chance se retourne en malchance : à l'abri dans son cocon, elle n'a aucune motivation pour grandir. Son bonheur est statique, immobile.

La personne qui a toujours été protégé contre le malheur est comme un bel arbre que la tempête n'a jamais effleuré. Le jour où elle soufflera, incapable de plier, elle risque fort de s'effondrer d'un coup.

La personne qui souffre psychologiquement a une chance - une chance qu'il dépend d'elle de saisir ou de négliger. Toutes les conditions requises sont réunies pour qu'elle ait envie de changer. A elle de surveiller les opportunités…

Changement

La plupart des gens sont prêts à payer littéralement, avec de l'argent, pour aller mieux. Et bien sûr, beaucoup en profitent.

Que ce soient certains psys incompétents - je ne généralise pas - ou des astrologues, tarologues, voyants, coachs, gourous, etc.

A peu près toute personne qui fait miroiter une promesse de bien-être et de paix intérieur contre une substantielle somme d'argent est un escroc d'une manière ou d'une autre. Et ce qu'il promet (à peu de chose près le bonheur), il ne peut absolument pas le garantir. Ce qu'il vend, c'est une promesse illusoire, un espoir sans substance. Autrement dit, du vent.

La paix intérieure (et la vérité qui la donne), n'est pas à vendre pour une somme faramineuse.

Elle est :

1/Soit gratuite.

2/Soit en vente pour un prix dérisoire (du genre vingt euros...)

Par contre, à un autre niveau, il y a bien un prix à payer...

Ce prix, c'est le coût du changement.

Personne - enfin, presque personne - n'a envie de changer. Changer est un processus toujours délicat, difficile, et même douloureux. Même si c'est changer pour le mieux...

La métamorphose de la chenille désespérée en papillon heureux n'est pas une sinécure. Car pour quitter la vallée de l'angoisse et rejoindre le pays du bonheur, il faut procéder à autant de changement que lorsqu’on change de métier, de maison, de voisins, de langue... de tout. A cette différence près que le changement requis est intérieur.

La plupart des gens voudraient aller mieux sans rien changer en eux même... Comme si on pouvait améliorer quelque chose (sa vie, en l'occurrence) sans la modifier.

Essayons par exemple d'améliorer de façon notable notre appartement sans le transformer, sans toucher au papier peint ni à la moquette. C'est impossible.

Pour une grande amélioration, il faut un grand changement. C'est ça, le prix à payer... et il ne coûte rien au portefeuille.

20 août 2007

La faiblesse

Un cœur tout mou…
Une sentimentalité larmoyante…
Une instabilité de trépied rompu qui ne s’équilibre jamais…
Coupable faiblesse.

Les Autres nous écorchent et nous lacèrent lorsqu’ils nous effleurent de leurs carapaces de rhinocéros bardées de fer, sans même s’en apercevoir : le problème ne vient pas d’eux mais bien de nous et de notre chair trop fragile, de la gélatine d’émotions contradictoires qui nous tient lieu de tête, de cette faiblesse qui nous fait honte, et que nous ne pouvons jamais oublier parce qu’elle nous accompagne partout, faille où tous les hameçons s’engouffrent et s’accrochent.
Faiblesse de vaincu qui refuse le combat : avant même de se battre on a perdu la bataille. Celle-ci comme toutes les autres…

Et non, malgré ce qu’ils disent tous, il ne suffit pas de se répéter comme un mantra « je suis fort… je suis fort… je suis fort… » pour que cela cesse.

Cela ne cesse pas, cela continue encore et encore. Un point mou et immature au centre de l’âme ; quelque chose qui est resté bébé, ou même fœtus. Quelque chose qui n’accepte même pas d’être né, et qui sait qu’il n’aura jamais la force d’exister sur le devant de la scène.
Lorsqu’il est question de se battre pour survivre, de se battre pour exister, il dit « Pouce ! Je ne joue pas. »

Pas de solution en vue…

C’est que la force a été sapé à la base, déracinée à la base. Là où auraient du pousser ses racines, il n’y a que de la boue gluante.

Cette faiblesse n’est cependant pas un trait inhérent à notre personnalité. Nous ne sommes pas né avec, et nous ne sommes pas condamnés à mourir avec. Même si nous avons vécu avec pendant des dizaines d’année, même si nous ne nous rappelons pas avoir jamais été différent(e)…

Cette faiblesse n’est pas non plus une fatalité, une malédiction mystérieuse que quelque carabosse malveillante aurait jeté sur notre berceau, dépitée de ne pas être invitée à la fête… Nous ne sommes pas « maudits », même si ça fait parfois cet effet-là.

En fait, cette faiblesse n’est rien de plus qu’une conséquence, et il suffirait d’arracher sa cause pour qu’elle meure sur pied comme un arbre privé de racine, nous laissant libre.

Conséquence d’une vision biaisée de nous-même : nous nous sentons faible parce que nous nous sentons coupable. Hanté par le remord, le criminel repentant n’est plus qu’une loque ; nous sommes cette loque. A défaut d’être puni par la loi, c’est nous qui nous punissons.

Ça a peut-être commencé par un reproche ou un regret : « Si tu n’étais pas là… » ou : « Ce n’est pas juste… c’est toi qu’on préfère. » Et nous, du haut de nos trois, cinq ou sept ans, nous avons cru à cette parole révélée : si je n’étais pas là tout irait mieux… c’est moi qui détraque l’harmonie de l’univers. Mon existence est injuste, je suis injuste.

C’est alors que le châtiment commence pour l’innocent criminel. Pour effacer la tache de sa faute originelle, il est prêt à beaucoup d’efforts. Il prendrait sur le dos les plus lourdes responsabilités si cela pouvait le réhabiliter à ses propres yeux ; mais étrangement, les responsabilités se métamorphosent en culpabilités dès qu’il les assume.

Lorsqu’il essaie d’évaluer la part qui revient à chacun, son jugement perd toute logique et se met à dérayer : tout ce qui arrive de mal, c’est sa faute - même s’il s’agit d’un incendie causé par une fuite de gaz dans la rue d’à côté. Et tout ce qui arrive de bien, c’est grâce à quelqu’un d’autre - même si c’est grâce à lui. La balance où il pèse les responsabilités est secrètement faussée.

A force, le découragement s’installe. Le résultat est tellement décevant, et tellement prévisible…

Notre conscience nous préfère faible, puisque nous sommes méchant, puisque nous nous croyons méchant. Mieux vaut un loup malade et affaibli que la bête du Gévaudan. Alors nous nous auto-sabotons, pour nous empêcher de nuire.

Et pendant tout ce temps, nous n’avons jamais été méchant, nous n’avons jamais été coupable, nous avons seulement été crédule.

La faiblesse qui nous mine, qui nous sape, n’est rien de plus que le fruit empoisonné de notre manière peu logique de raisonner, qui n’est elle-même que le fruit empoisonné de notre vision de nous-même, qui n’est elle-même que le fruit empoisonné d’une parole malveillante et hostile à laquelle nous avons accordé notre foi.

Nous nous croyions coupable d’être faible, alors que c’était l’inverse : nous étions faible d’être coupable, ou plutôt de nous croire tel…

19 août 2007

Image de Soi

Voici ce que dit Maxwell Maltz :

"L'image de soi est la clef de la psychologie et du comportement humain. Changez d'image de vous-même et vous changerez de personnalité et de comportement."

ça me paraît très juste. Et pourtant, si juste que ce soit, ce n'est pas suffisant. Car l'image de soi est elle-même un détail de l'image qu'on se fait de la condition humaine, et la condition humaine elle-même est une partie d'un tout plus vaste qui lui donne sens : pour que le détail puisse changer vraiment, il faut d'abord (ou aussi) que l'image d'ensemble change.

Redéfinissons-nous par nos succès passés ; redéfinissons-nous surtout par nos aspirations les plus nobles et les plus profondes - nos priorités déterminent en grande partie notre image de nous-même, et c'est nous qui choisissons nos priorités.

16 août 2007

Demander de l'aide ?

On aimerait bien s'en sortir "tout seul" - on croit savoir ce qu'on doit faire... même si on ne le fait pas. On croit savoir ce qu'il faudrait penser... même si on ne le pense pas.
En fait, l'être humain est à la base une créature incomplète. Il a besoin du monde extérieur pour survivre : oxygène, fruits, légume, chaleur modérée, etc.
Il a besoin aussi de son complètement naturel, d'un compagnon ou d'une compagne, pour trouver son équilibre.
On se rêve parfois autonome et indépendant comme une île... mais même les îles sont reliées à la terre, par en dessous.
Les autres voient ce que nous ne voyons pas. Ils sont parfois - pas toujours - de bons conseils parce qu'ils nous voient de l'extérieur - ce qui pour nous est presque impossible.
Le naufrage a ceci de bon que les illusions coulent avec le bateau. On ne se croit plus tout puissant, on ne se croit plus farouchement indépendant : on prend conscience qu'on a besoin des autres.

Ce n'est pas une honte : eux aussi ont besoin de nous.

Et s'ils n'ont pas besoin de nous maintenant, ils auront besoin de nous un jour, quand nous n'aurons plus besoin d'eux.

Les situations se renversent ; les équilibres internationaux et privés basculent : dan cinq ans ou dix ans, ce sera peut-être les "forts" qui seront "faibles", et les "faibles" qui seront "forts"...