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14 octobre 2007

Une métaphore qui n'est pas sans conséquences

Les premières personnes à parler de la dépression comme d’une maladie ne voulaient certainement pas dire qu’elle en était une au sens littéral ; ils employaient le mot maladie comme une métaphore ; une manière de faire comprendre que la dépression était un sujet sérieux, et que ceux qui en étaient atteints méritaient de la compassion et de l’aide.

Mais progressivement, la dépression est apparue comme une maladie au sens fort et plein du terme, la métaphore s’estompant au profit du sens littéral. Non qu’on ait fait aucune découverte scientifique dans ce sens : il n’y a pas de virus de la dépression ; il n’y a pas non plus d’anomalie génétique de la dépression. Mais par un tour de passe progressif et irrésistible, ce qui était un trouble mental est devenu un trouble physique, le cerveau étant de plus en plus mis en accusation, sans que d’ailleurs on puisse apporter aucune preuve contre lui.

La dépression étant maintenant considérée comme une maladie au sens littéral du terme, on peut affirmer sans que cela étonne personne : « La dépression frappe au hasard ; c’est une maladie, pas un état d’âme. »

Pas un état d’âme ?...

Mais s’il n’y a pas d’idées noires, pas d’anxiété, pas de tristesse diffuse, pas de découragement et de négativité, y a-t-il encore dépression ?

Le Docteur Knock répondrait « Indubitablement ! », mais c’est que pour lui, toute personne en bonne santé est un malade qui s’ignore.

Il s’est passé quelque chose – et pourtant, on n’y a vu que du feu. Essayons de revenir en arrière, pour retrouver le moment précis où l’illusionniste a escamoté le roi de cœur et la dame de pique, le mouchoir trempé de larmes, le lapin qu’il nous a posé : « Rien dans les mains, rien dans les poches… »

Au commencement était la tristesse.

Ensuite, on a nommé cette tristesse « dépression ».

Ensuite encore, la dépression a été comparée à une maladie.

Peu à peu, la dépression est devenue une maladie à part entière…

Étant une maladie, la dépression n’est plus un état d’âme.

Et voilà comment, maintenant, on va voir son médecin pour apprendre que cette tristesse que l’on ressent n’est pas de la tristesse, n’est pas un état d’âme : c’est une maladie. Il n’y a plus ni âme, ni esprit, il n’y a plus qu’un corps plus ou moins opérationnel, plus ou moins efficace. Et si vous perdez votre maman et que vous êtes triste, c’est simplement que vous êtes malade. En attendant la découverte du vaccin contre la dépression, avalez ces quelques pilules-miracle, fruits de la recherche et de la science…

Est-ce que ça ne ressemble pas un peu au Meilleur des mondes ?

1 commentaire:

  1. Félicitation, j'aime beaucoup ce que tu as écris !! un talent, sans nul doute :)

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