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08 avril 2008

Quand le grain de folie tourne à l'orage...

Sans chercher la connotation positive ou négative du mot "folie" - dans l'expression "un grain de folie" par exemple, la folie apparaît comme quelque chose de positif -, il est assez évident que les bouffées délirantes sont toujours un problème.

Si tout le monde sait reconnaître la folie - chez les autres et même parfois chez soi -, on ne sait pas forcément expliquer ce que c'est exactement. On ne comprend pas bien comment des circonstances somme toute banales peuvent déclencher un accès de folie, une bouffée de délire.

En fait, la folie apparente, facilement identifiable, n'est que la croûte, la surface du problème. La folie identifiée comme telle correspond à la petite partie de l'iceberg qui est visible à la surface de l'eau. Et ce qui explique ce comportement soudain aberrant, étrange, bref toute cette irrationnalité bizarroïde et dérangeante est en dessous,
bien caché aux
regards.

Pour comprendre de quoi il s'agit vraiment, il faut explorer les profondeurs. En réalité, le "pétage de cable", la bouffée délirante, se préparait depuis longtemps dans l'invisible, au niveau des idées.
Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain.

Il y a des idées qui rendent fou et d'autres qui au contraire, protègent de la folie.

La personne qui a eu un accès délirant a depuis longtemps des idées qui la poussent vers la folie. Ces idées sont contre-balancées par d'autres, qui la maintiennent la plupart du temps les pieds sur terre.

Mais il suffit parfois d'un tout petit événement - c'est-à-dire, puisque cet événement on l'interprète, d'une petite idée supplémentaire - pour que la balance bascule. Cet atome supplémentaire, ajouté du mauvais côté de la balance, suffit pour que le côté "délire" devienne le plus lourd, autrement dit le plus déterminant. En effet, depuis longtemps, les poids dans les deux côtés de la balance étaient presque égaux... il suffit donc de très peu de chose pour que le côté qui l'emporte, change.

Il reste un point (au moins un) à éclaircir : pourquoi certaines idées poussent-elles au délire ? et quelles sont ces idées ?

Faisons d'abord un petit tour de l'autre côté : c'est quoi, la santé mentale ? La réponse est assez facile : la santé mentale, c'est lorsqu'on est "en prise" avec le réel, qu'on a une façon de penser et de vivre... empreinte de réalisme. On est dans la réalité. La folie, c'est donc le contraire. On est en complet désaccord avec la réalité - et l'on ne s'en rend pas compte, ou seulement à moitié. Autrement dit, on prend le monde, et soi-même, pour ce qu'ils ne sont pas.

Exemple caricatural et abstrait : une femme de 20 ans vivant dans un appartement qui se prend soudain pour un homme de 40 ans vivant dans la jungle amazonienne. La jeune femme en question va se prémunir contre des dangers imaginaires - les boas constrictors - et par contre, ne va pas se protéger contre les dangers réels - les rôdeurs du soir. Elle va avoir un comportement qui sera approprié par rapport à ce qu'elle croit, mais totalement décalé par rapport à ce que les gens - qui ne sont pas dans sa tête - voient de l'extérieur.

Les idées qui poussent à la folie sont donc tout simplement des idées fausses : plus on y croit, plus on s'écarte du réel. Si elles étaient vraies, elles nous permettraient d'avoir une prise sur le réel, d'être en contact étroit avec la réalité. Nos idées sont nos lunettes, ou pour mieux dire, nos yeux : nous ne voyons qu'à travers elles. Si nos lunettes sont sales, ou si leurs verres sont déformants, nous errons en titubant, complètement perdus.

Une personne qui a de bonnes lunettes peut bouger, agir... de façon appropriée. Une personne qui a toujours devant les yeux des hologrammes ne le peut pas.

Une idée juste permet de se sentir bien dans le réel - une idée fausse, mensongère, brouille la perception qu'on a du monde jusqu'à ce qu'on ne puisse même plus le reconnaître.

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