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03 septembre 2008

Facteur aggravant

faire la liste de toutes les situations déprimantes serait… déprimant, et ne présente aucun intérêt.
Par contre, il est utile de faire le tri parmi toutes ces causes pour y distinguer deux grandes catégories :
1/Les faits qui sont irrémédiables ;
2/Les faits qui peuvent éventuellement laissés la place à d’autres, plus satisfaisant.
Tous les décès de personnes chères entrent dans la première catégorie – ainsi que les amputations (une jambe coupée ne repousse pas) ou le temps qui passe : même si l’on s’acharne à remonter les aiguilles de l’horloge, le temps continuera à couler dans le même sens, sans daigner reculer, ni s’arrêter, ne serait-ce qu’une seconde pour nous faire plaisir. Par contre, lorsqu’on habite un logement insalubre, on ne l’habite pas forcément à vie : le déménagement reste une possibilité, même si celle-ci reste parfois très abstraite.
Il y a plusieurs facteurs psychologiques qui aggravent les causes externes de souffrances. Car même dans les cas où la cause est parfaitement évidente, notre propre réaction peut jouer un rôle aggravant ou au contraire atténuant : la mauvaise attitude mentale transforme la piqure de guêpe en coup de poignard, et la bonne attitude mentale transforme le coup de poignard en piqure de guêpe (ce que par contre elle ne fait pas, c’est transformer le coup de poignard en massage à l’huile d’amande douce).

Une première illusion vient aggraver toutes les souffrances causées par des facteurs externes : l’idée très répandue, mais fausse, que la vie sur terre a en quelque sorte l’obligation morale d’être pour nous une expérience uniformément douce, plaisante et agréable.
Or si l’on y réfléchit bien, on s’apercevra qu’aucune personne digne de confiance ne nous a jamais promis cela. Nous n’avons aucune raison sérieuse de croire que la vie est un séjour au club Med. Comme le disait George Sand (femme politique et romancière inspirée qui vécut au XIXème siècle) la vie est bien plutôt un « ragoût mélangé de tristesse et de joie ».
Face à un évènement douloureux, l’impatience et l’exaspération sont les réactions de quelqu’un qui considère la souffrance comme un phénomène anormal, une anomalie injustifiable qui ne doit pas être supportée – or, il suffit de regarder la situation mondiale pour voir que beaucoup de gens, et même beaucoup de peuples, souffrent de la faim, de la maladie, et de violences toutes plus insupportables les uns que les autres – et pourtant, ils les supportent.
On souffre d’autant moins des coups durs de la vie qu’on s’y est préparé, qu’on a accepté à l’avance leur inévitable venue.

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