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23 décembre 2008

Broyer du noir et broyer du noir

[à un réponse à un lecteur qui se demande quelle est la différence entre ma manière de broyer du noir et celle d'A. Solomon, l'auteur du Diable intérieur - Anatomie de la dépression]

Les mêmes mots peuvent avoir des sens très différents selon le contexte dans lequel ils sont employés, et selon les personnes qui les prononcent...
Quand A. Solomon explique dans "Le Diable Intérieur" qu'il broie du noir tous les jours et quand j'explique qu'il m'arrive d'en broyer, on ne parle pas du même genre de noir.

Broyer du noir (selon A. Solomon) revient à :

1/ percevoir son existence comme insignifiante ;
2/ être fortement tenté par le suicide.

Broyer du noir (quand je dis que j'en broie de temps en temps) signifie que :

1/ je me sens vaguement anxieuse ;
2/ j'ai la sensation que la réalisation de mes projets risque d'être reportés aux calendes grecques et que je manque de la volonté nécessaire ;
3/ je me sens un peu coupable et en tort en raison d'un comportement ou d'une parole précise que j'ai eues ;
4/ j'ai l'impression d'être à l'étroit, de manquer d'espace.

Autrement dit, je ne suis absolument pas tentée par le suicide et je ne perçois pas mon existence comme insignifiante (au contraire, elle me semble péniblement, lourdement significative dans les moments où je vais mal - et plaisamment significative dans les moments où je vais bien).

Le seul point commun que je peux voir entre Solomon et moi, c'est qu'il n'est pas insouciant et désinvolte, et que je ne suis pas insouciante ni désinvolte non plus.

Quant à ceux qui se demanderaient pourquoi je recommande si chaudement Le succès selon Jack... c'est parce que c'est réellement un livre qui vous sera extraordinairement utile si vous le lisez.

Et si j'insiste, c'est qu'avec le temps et certaines réactions de lecteurs, j'ai compris qu'un simple conseil donné en passant n'avait aucune espèce d'impact, et qu'il y a un long chemin (intellectuel, affectif, etc.) à parcourir pour aller jusqu'à l'achat et la lecture de livres qui sont très éloignés des chemins battus.

Si j'étais fonctionnaire, je me dirais peut-être "j'ai donné un bon conseil en trois syllabes, "lisez ce livre" ; j'ai fait mon boulot, s'ils ne le suivent pas c'est leur problème", mais je ne suis pas (enfin je ne suis plus) fonctionnaire, et donc je me dis plutôt :

"Si je n'insiste pas, si je n'explique pas mieux les tenants et les aboutissants de ce choix, ils laisseront courir et n'en tireront pas parti..."

J'avais déjà conseillé "Le succès selon Jack" dans des anciens articles (avec d'autres livres, qui sont dans les conseils de lecture) et je n'ai jamais eu aucun commentaire en retour d'un lecteur qui l'aurait lu... alors que "Principes de logique" et "Triomphez de vos soucis" a été lu et apprécié par plusieurs lecteurs.

J'imagine que c'est lié au titre du "Succès selon Jack" - lorsqu'on se sent au plus mal, le mot "succès" ne fait pas tilt du tout ; il ne s'intègre pas au cercle de nos préoccupations. C'est un étranger qui ne ressemble pas à nos pensées familières, qui ne s'y accroche pas, qui glisse...

Et puis, il y a aussi l'amertume de se dire : "lui a peut-être du succès, mais moi..." qui peut dégoûter du titre.

Tous ces facteurs peuvent jouer, et jouent. C'est pourquoi il est nécessaire que quelqu'un fasse un pont entre l'état d'esprit "dépressif" et ce livre si utile, si constructif.

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