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13 décembre 2008

Le deuil et la fin de l'insouciance

Dans notre monde, il est si facile de ne pas y penser !... De croire que "demain" sera toujours "demain" et jamais "aujourd'hui". De s'imaginer que l'heure ne viendra jamais ; que la vie se prolongera encore et encore, toujours.

Et puis, un jour, quelqu'un meurt.

Ce n'est pas seulement un mort virtuel au journal de 20 heures, un de ces anonymes qui font chiffre. C'est un ami, un père, une mère. C'est un proche.

Et voilà que la réalité de la mort nous rattrape... c'est la fin de l'insouciance.

Nous étions emmitouflé dans d'orgueilleuses croyances - la mort, c'est le néant ; croire autre chose c'est marcher avec des béquilles - et voilà qu'elles ne peuvent rien pour nous dans ce désarroi qui avance.

Ce n'est pas seulement un moment à traverser ; c'est un océan qui monte, monte, monte... Nous commençons à réfléchir, et quand on commence à réfléchir, on ne peut plus s'arrêter (ou du moins, on ne peut plus s'arrêter sans s'abîmer le cerveau).

Nous commençons à réfléchir, et rien de ce que nous pensons n'est satisfaisant.
Rien n'est logique, rien n'est cohérent.

Si la mort est ce point final, si nous ne serons rien... pourquoi sommes-nous quelque chose ? Et comment imaginer la fin de cette conscience vigilante, avide d'immortalité, qui est "nous" ?
Comment croire à sa disparition ?

Et d'ailleurs... comment croire à son apparition ?...
Car maintenant, cet état de fait que nous prenions pour acquis nous saute à la figure comme problématique : pourquoi existons-nous ? pourquoi sommes nous ? Ce n'est pas plus logique que cette mort programmée, annoncée, qui nous attend. Rien n'est logique dans cette histoire ; rien n'est cohérent.

Si tout va au hasard, pourquoi quelque chose plutôt que rien ?
Pourquoi cet ordre minutieux, cette organisation ?...
Car nous avons suffisamment étudié la biologie et la physique à l'école pour savoir qu'il y a des lois, des mécanismes, des principes. Des pièces d'horlogerie soigneusement agencées dans d'autres.

Mais on nous a montré aussi la photo de nos aïeux - enfin, de nos cousins : une bouille sympathique, ridée et poilue qui certes n'a rien de méchant, mais rien de bien exaltant non plus. Rien de bien motivant...

Un bête hasard nous a fait bêtes ; un hasard mortel nous fera mort ; entre les deux, qui nous a fait intelligent et consciencieux, préoccupé par la liberté, le bien, le mal, le sens de tout ça ?... Personne.

Non, vraiment : rien n'est logique dans cette histoire.

Et la mort - la mort réelle, celle d'un proche - ouvre cette boite de Pandore, cette boite pleine de points d'interrogations agressifs et aiguisés qui nous harcèlent comme des mouches vombrissantes, jusqu'au jour où...

Jusqu'au jour où quoi ?

Où nous la refermeront d'un coup sec - d'un coup de Lexomil ou de Prozac ?

Où nous irons nous déchirer aux ronces à la recherche des réponses ?

Rien n'est facile ; sauf le Pire.
Rien n'est simple ; sauf le Vrai.
Et la route est longue...

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