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30 décembre 2008

Les Noms

Je suis presque sûre que vous n'avez pas remarqué, ou du moins que vous n'avez pas pris pleinement conscience, du rôle joué par les noms dans nos vies.

Ils peuvent nous enduire d'erreur gluante jusqu'à nous paralyser ; ils peuvent au contraire ouvrir des portes dans ce qu'on prenait pour des murs sans issues.

Et tout de suite, un exemple... (le rapport avec la tristesse morose vient après).

John souffre de la cheville. Une entorse qui a mal évolué...

Il va voir des médecins ; des spécialistes des os ; des neurologues ; des médecins du sport ; il fait des dizaines de radios, de scanner ; rien. Rien. Rien.

ça dure comme ça plus de trois ans. Trois ans de souffrance.

Sa femme lui suggère d'aller voir un acupuncteur... Rien, encore rien.

Et peut-être qu'ils ne trouveront jamais la solution - parce que la solution se cache derrière un mot rustique : "rebouteux". Un mot qui évoque la campagne lointaine, le bouche à oreille - et l'impossibilité de trouver un "rebouteux" en ville, quand on n'en connaît pas. L'idée de chercher un "rebouteux" les a effleuré, mais seulement effleuré : ils n'en connaissent pas, comment pourrait-il en trouver un ?... Il faudrait vivre dans un village, être initié...

Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le "rebouteux" a un autre nom. Il s'appelle aussi "étiopathe" - et sous ce nom-là, on le trouve beaucoup plus facilement.

Je résume : les solutions à nos problèmes se cachent souvent sous des noms qui, pour une raison ou une autre, nous semblent désigner une réalité inaccessible.
Ou sous des noms que nous ne connaissons pas...

Nommer le problème, c'est orienter sa quête d'une solution.

Si on se fie à l'étymologie, toute personne atteinte de "dépression" devrait prendre un "antidépresseur" (puisque c'est "l'anti" du problème). Mais si "dépression" n'est pas le bon nom ?

Si c'est "problème spirituel", le vrai nom ? Et "dépression", le pseudonyme qui le cache ?

La solution n'aura pas du tout la même allure...

La manière dont nous nommons nos problèmes est souvent le problème.

Et pour arriver à modifier la vision que nous avons d'eux, il faut commencer par renouveler son stock d'idées - par s'approvisionner à une source fraîche, par évacuer celles qui sont douteuses. Par nettoyer et ranger son mental.

Les noms nous mènent, les noms nous guident.

Si nous nous nommons nous-mêmes "dépressif", "bipolaire", "schizophrène", etc., nous suivons la route tracée par le nom - si nous nous nommons "happy oasis", aussi.

(Une jeune femme a réellement choisi de se faire appeler ainsi... et elle apporte joie et bonheur à tous ceux qui la rencontrent.)

J'ai choisi "Lucia Canovi" pour la lumière du prénom et la maison du nom (qui combinés forment un phare, ou lighthouse) - elles sont bien cachées, et ce pseudonyme cache bien le nom de mon passeport, beaucoup plus ronflant, et tous ces replis me conviennent parfaitement. Introversion voulue, désirée, choisie.

Les noms que nous choisissons pour nous-mêmes sont des programmes que nous nous donnons... volontairement ou involontairement.

N'acceptons pas trop vite les noms dont d'autres voudraient nous affubler ; être maître de sa vie, c'est aussi, c'est d'abord, être maître de ses noms, maître de la manière dont on est nommé.

N'acceptons pas d'être "Le pauvre" ou "la pauvre" - c'est un mauvais programme ; il n'est pas difficile d'y lire le manque, y compris financier.

Et n'acceptons pas non plus qu'on nous raccourcisse notre prénom en un diminutif pas toujours affectueux, souvent condescendant : les diminutifs nous présentent des versions atrophiées de nous-mêmes.

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