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25 janvier 2009

Rubrique pour l'EFT

Nouvelle rubrique pour l'EFT (à ne pas confondre avec l'ETC, ça n'a rien à voir).

L'EFT est une technique toute bête, toute simple, qui peut vous débarrasser d'innombrables problèmes psychologiques et mauvais souvenirs.

Et c'est gratuit.

Des élèves à moi l'ont utilisé et ont été très, très content.

Essayez, ça ne coûte que l'effort d'essayer quelque chose de nouveau et qui a l'air complètement idiot...

Effort qui n'a rien de dérisoire, j'en conviens.

Tenter quelque chose de neuf est difficile, et demande de surmonter certaines craintes, certains blocages ; essayer quelque chose de nouveau n'est jamais, jamais la solution de facilité. Si de plus, ce "quelque chose"-là a l'air crétin, c'est encore plus dur. On n'a pas envie de se ridiculiser, même à ses propres yeux.

Mais comme souvent, les apparences sont trompeuses...

- et les solutions qui ont l'air intelligente sont bien souvent de fausses solutions et de vrais problèmes... tandis que les vraies solutions ont un air niais, un air bêta.

Essayez l'EFT... si vous en avez le courage.

24 janvier 2009

Psychiatrie, Freud, la Sibérie

La vérité a l'air... fausse.
Le mensonge lui se présente avec un petit air familier : on l'a déjà vu à la télé.

La vérité est dérangeante. Plus que dérangeante : douloureuse.
Parfois, traumatisante.

Car si vivre les faits est terrible, découvrir les faits n'est pas de la tarte non plus.

Tant de mondes parallèles avancent sur des routes qui ne se croisent pas... et qu'il est difficile de changer de route, de changer de monde, quand on avance sur la même ligne depuis des années !

Des machineries géantes, idéologiques, tournent 24H sur 24 ; vous approchez, curieux, vous y mettez le doigt, et bientôt c'est tout votre bras, tout votre être qui est happé.

La psychiatrie est l'une de ces machines.

Elle ne vous laissera pas la liberté de l'observer tranquillement ; si vous la regardez, elle vous regardera. Et vous n'aimerez pas son regard.
Des miroirs la protègent ; une armure de miroirs, une carapace qui l'imperméabilise contre la curiosité sereine.
Personne ne pourra la regarder.
Personne.

Car qui la regarde, se voit lui-même.
Enfin... son reflet déformé, rendu hideux, étiré d'un côté et aplati de l'autre.

Comment juger la machine qui nous juge ?
Comment s'arracher à l'identité objectifiée du patient passif ?
Comment troquer le pyjama à rayures (symbole d'un statut paradoxal, marginal, asocial) contre la robe noire du juge ?

Mais tentons-le, pourtant.

Si hier, c'était nous sous les regards froids de la psychiatrie, aujourd'hui les rôles sont inversés : c'est que tout change.

Et si l'herbe se change en lait, les enfants en hommes et les hommes en poussière, pourquoi pas les internés en JUGES ?

La psychiatrie est dans le boxe des accusés. Une espèce de hérisson mécanique recouvert d'une carapace miroitante, d'où pointent quelques dards menaçants. Elle semble pourtant bien ratatinée.

Sa position d'accusée la prive déjà de la moitié de sa stature. Elle a rapetissé ; d'ici la fin du procès elle rétrécira encore.

La plaidoirie commence ; l'avocat est éloquent. Il raconte toutes les vies brisées, les âmes détruites, les morts. Il raconte la souffrance jamais racontée, la souffrance de ceux qu'on a soigné - qu'on a prétendu soigné - de ceux qu'on a brisé, humilié, drogué, écrasé. Il raconte les femmes violées dans des cabinets où elles étaient entrées dans l'espoir d'une guérison. Il raconte la violence subtile des théories, qui collent à l'âme et l'englue dans la conviction de son impuissance.

"C'est inconscient...
C'est mon passé...
Qu'y puis-je?
Je n'y puis rien.
Rien !
Je suis la victime de mes pulsions.
De mes complexes.
De mes désirs malsains et inconscients."

Idées-engrenages : y croire empoisonne non pas l'inconscient (qui n'existe que si l'on y croit) mais la conscience.

Petit souvenir.
J'ai commencé à lire Freud lorsque j'avais 12 ans, je crois. Ou 15.
Et c'est ensuite que j'ai fait ce rêve, directement inspiré de ses théories :
Derrière une porte, une mare ; dans cette mare, un poisson.
Je ne suis pas au courant de l'existence de ce poisson, ni de cette mare.
Ils sont mauvais, inquiétants, malsains. Ils m'angoissent profondément.

Rêve freudien, c'est-à-dire inspiré par Freud : comment suis-je au courant qu'il y a une mare et un poisson dans la mare derrière cette porte fermée, si vraiment cette porte est fermée ?

L'inconscient freudien, c'est la contradiction d'un mal qui nous appartient sans nous appartenir et que nous connaissons sans connaître.

Freud détruit la confiance en soi.
Freud est l'antithèse de Jack Canfield ou Dale Carnegie.

Comment pourrait-on se sentir rassuré, dans une maison dont on sait qu'elle cache des monstres ?
On sait que le mal est là - mais on ne sait pas exactement quel mal, ni où. Et on n'en saura pas davantage.

Freud a saboté le Moi. Il ne l'a pas analysé : il y a glissé une bombe.
Grâce à lui - à cause de lui - le Moi n'est plus moi. Je ne suis plus qui je suis, mais cette chose divisée, en guerre contre elle-même : un conscient et un inconscient. Un surmoi, un moi et un ça. Trop de monde ! Et la schizophrénie est freudienne.

Plus de confiance en soi, parce que plus de confiance en ses pensées, ses désirs, sa volonté.
Les désirs sont malsains et on ne les connait pas.
Les pensées sont l'expression détournée d'autre chose.
La volonté est impuissante à contrôler cette foule de poissons obscurs, abyssaux.

Freud a détruit la confiance naturelle que tout être humain a, ou devrait avoir, en sa propre identité : je suis moi, et c'est moi qui règne sur moi. Je suis moi, et si j'ai pu refoulé ou oublié des mauvais souvenirs, je n'ai pas pour autant de réservoir obscur où grouillent des choses étranges, inconnues.

Il n'y a pas de double fond : il y a cet être, cette créature humaine, dont l'histoire linéaire se déroule derrière lui ; elle va de sa naissance à cet instant précis. Et c'est lui qui décide.

Ce ne sont pas les pulsions freudiennes qui décideront pour lui - mais c'est lui qui décidera pour ses pulsions, freudiennes ou pas freudiennes.

C'est lui qui choisira sa voie, qui descendra ou qui montera, qui cèdera ou résistera, qui fera preuve de lâcheté ou de courage, qui s'empirera lui-même ou s'améliorera lui-même - et on sait qu'un des deux choix est plus difficile que l'autre.

Nous sommes responsable de nos actes. "Nous", ce n'est pas "nos pulsions" d'un côté, notre "conscient" de l'autre et notre "surmoi" au dessus. "Nous", ce n'est pas une foule, une ville, ni un système. Nous, c'est nous.

Nous, c'est notre conscience, notre observation lucide de ce qui se passe autour de nous et en nous ; nous, c'est notre liberté.

Freud a voulu détruire la volonté et la dignité de l'être humain ; il y est presque arrivé. Qui le suit, deviendra le jouet de n'importe quelle idée malsaine qui lui passera par la tête. Il lui obéira sous prétexte qu'elle est "inconsciente" - tout en connaissant parfaitement son contenu.

Pour devenir tout puissant, il suffit à un désir de se faire passer pour inconscient, c'est-à-dire inconnu... On lui obéira d'autant plus volontiers qu'il endosse le statut contradictoire de "désir-inconscient-dont-on-a-conscience".

Freud a réussi à hypnotiser des générations entières qu'elles étaient des mares remplies des poissons inquiétants, et ce n'est pas bon du tout pour le moral.

Et si ce qu'on avait refoulé, trop profond parfois pour en prendre conscience, ce n'était pas le mal, mais le bien ?
Pas l'envie de tuer-papa-et-coucher-avec-maman, mais celui d'aider Maman à faire la cuisine ?

Dans une société égoïste qui prône le coupage de cordon, l'indifférence à ses géniteurs (coupables de toute façon de tous nos problèmes psychologiques), ce serait assez logique...

Le désir "malsain" - selon les critères de notre société bizarre -, celui qu'on refoule, c'est l'amour filial, c'est la tendresse, c'est l'envie de se ressourcer dans un chaud cocon familial.

- Régression ! Stage pré-oedipal ! Régression foetale !

Honni soit l'amour des parents pour leurs enfants - il est castrateur, il est malsain - et honni soit l'amour des enfants pour leurs parents. Ils n'ont pas réussi à couper le cordon...

Pas le cordon ombilical, celui est parti depuis longtemps, non, l'AUTRE cordon.

Celui qu'on appelait avant le "lien familial".

Grâce à Freud, beaucoup de gens ont si bien refoulé leur honteux amour pour leurs géniteurs, que leurs vieux parents meurent seuls chez eux.
On découvre le cadavre à l'odeur, après quelques semaines.

Je déconseille tous les livres de Freud.

Quand on se met à y croire, ils fêlent subtilement l'ambiance familiale ; ils la sapent. Ils sapent aussi le principal pilier de la confiance en soi.

Freud est un invité qui se glisse entre vous et votre famille - un tiers invisible mais obsédant, qui par sa présence malveillante, pleine de jugements obscurs pareils à des malédictions malignes, brise toute intimité entre eux et vous. Où s'il ne la brise pas, il l'évide. La rendant fragile comme un moulage de plâtre.

Comment pourriez-vous vous détendre, connaissant tous les désirs inconscients (comme si on pouvait connaître des désirs inconscients, mais cette contradiction fait toute l'habileté de la chose) qui vous habite à leur égard, et qui les habite à votre égard ?

C'est un nid de serpents qui sifflent dans votre tête, un entrelacs de crabes mauvais qui grouille dans votre âme.

Ce nid et cet entrelacs existent bel et bien - mais il existe uniquement parce que vous avez lu Freud et que vous l'avez cru.

Si vous ne l'aviez pas lu, ou si vous cessiez d'y croire, les serpents et les crabes se volatiliseraient comme par enchantement.

Toute la difficulté, c'est de ne PLUS y croire. Plus du tout. D'effacer sa théorie menteuse, tissu de sophismes contraires à la logique la plus élémentaire, de son âme. De renouer avec l'innocence des premiers âges, celle d'avant Freud, d'avant son cigare qui n'est qu'un cigare parce que c'est lui qui décide, non mais.

Psychanalyse-t-on le père de la psychanalyse ?... Ce serait irrespectueux et inapproprié !

[A quelqu'un qui l'interrogeait sur l'aspect phallique de son cigare, Freud a répondu : "parfois, un cigare est juste un cigare". Parfois, c'est-à-dire quand ça l'arrange. Mais si les circonstances le demandent, et l'intérêt supérieur de la psychanalyse, même une fraise écrasée par terre deviendra un pénis. Il suffit que ce soit la fraise d'un(e) patient(e), pas celle de Freud.]

Revenir à l'état sauvage... Qui n'y a pas rêvé ?

Partir dans les grands espaces de Sibérie, là où les caribous et les loups n'ont jamais été psychanalysé, n'ont jamais été approché par le moindre psychanalyste. Là où tout est encore vierge, naturel, vrai, immaculé comme la neige et le vent et le ciel, et ses nuages qui bougent dans le silence, voilant et dévoilant l'éclatante lumière du soleil, comme s'ils dévoilaient et voilaient une vérité première, essentielle.

Partir loin du monde, près de soi, près de l'intimité pure de son âme, purifiée par la pluie, la neige et la grêle, purifiée de toutes les théories qui l'ont salie, de tous les mensonges qui l'ont englué, de tout le mal dont on a voulu la reconnaître coupable.

Il est si facile de prêter aux autres ses propres défauts...

Et c'est ce que Freud a fait, projetant sur ses patients et patientes ses propres fantasmes, sa propre sexualité, sa propre violence. Il a voulu que le monde entier se prenne pour lui, se regarde dans son âme compliquée et malsaine, et s'y voit comme dans un miroir ; il a voulu que ses pires défauts ne soient pas seulement les siens, mais ceux de toute l'humanité, ceux d'Oedipe, ceux de ses patients.

Il a voulu cacher sa noirceur dans un océan de noirceur, il a voulu faire la nuit pour y rester incognito.

Mais il a voulu aussi que cette manipulation soit une opération marketing de grande ampleur, et qu'elle lui permette de devenir ce qu'il a toujours rêvé d'être : un génie, un homme de science, un grand homme.

ça a marché ; tout le monde le respecte, maintenant.

Et des hommes en noir ont son portrait sur leur bureau. C'est à lui qu'ils demandent conseil: "Freud, dis-moi comment faire avec ce patient ?"

Qu'ils y restent, dans leur bureau obscur, dans leur pénombre psychiatrique. Ce sont des créatures de l'ombre, des poissons des profondeurs. Ils ont apprivoisé le mal en lui donnant de petits noms affectueux - "complexe", "pulsion", "décompensation", etc. - et maintenant ils vivent en bonne intelligence avec lui.

Leur pacte implicite ne leur apportera pas le pouvoir sur lequel ils comptent... et au moment même ils détruisent la vie de leurs patients, c'est eux-mêmes qu'ils détruisent en même temps. L'effet boomerang les rattrape plus vite qu'ils n'en ont conscience.

Et leur mine morose, leur absence de sourire, leur théâtralité et leur arrogance les enferme dans une prison bien plus étouffante que celle de Fresnes. Ils ont perdu, au long du chemin, la simplicité et la fraternité qui fait de la vie quelque chose de doux.

Alors repartons pour la Sibérie, ne serait-ce qu'en imagination : là, Freud n'a jamais mis les pieds. La civilisation est réduite au minimum : elle est seulement un moyen de vivre. Ce n'est pas une agression contre l'humanité, mais le contraire : un abri pour l'humanité.

Là, la civilisation c'est une maison isolée.
Un feu de bois.
Une route que l'on prend avec gratitude.

Là, la civilisation c'est le don d'hommes à d'autres hommes, l'ingéniosité au service de la survie.

Ce n'est pas une panoplie mortelle, subtilement mortelle, mise au point pour tuer l'âme bien avant le corps.

Là, la civilisation est seulement ce qu'elle devrait être : un effort de chacun pour faciliter la vie de tous.

Psychologie vs Développement Personnel

Par curiosité, comparons la définition de "Psychologie" et celle de "développement personnel" dans un dictionnaire.

Psychologie : Science qui étudie les faits psychiques.
Psychologie abyssale/analytique; psychologie de l'inconscient/ en profondeur/des profondeurs.
Science qui étudie les faits psychiques selon une théorie particulière, avec une méthode particulière.
Science qui étudie les faits psychiques, en tant que matière d'enseignement.

Relativement récente, la notion de développement personnel s'applique à tout ce qui est ou peut être mis en œuvre par chacun de nous, spontanément ou par des techniques diverses pour acquérir une maturité psychique toujours plus grande, développer ses possibilités de créativité, libérer sa vraie personnalité du souci des apparences. La tendance actuelle du développement personnel est de considérer que cette recherche de maturité psychique concerne autant le corps que l’esprit et mène à leur unification.
Développement personnel : Toute démarche de changement dans laquelle je prends le risque de m’autoresponsabiliser, en vue de remettre en cause - pour en comprendre le sens et pour dynamiser autrement mes façons d’être - mes modes de pensée, mes croyances, mes certitudes et mes comportements au quotidien.”

La psychologie est une science qui étudie ; le développement personnel, une démarche de changement, des techniques qui permettent de devenir.

L'une est statique, l'autre est dynamique.

Pourquoi la psychologie est-elle si destructrice, et le développement personnel si constructif ?

C'est qu'ils n'ont pas la même histoire, pas les mêmes ancêtres.

D'un côté, Freud - qui ne cherchait pas à aider ses patients, mais à devenir un homme célèbre, un Grand Homme Identifié Comme Tel.
De l'autre, des hommes - des américains - qui ont mis par écrit les pensées, croyances et manières de faire qui leur ont permis de réussir, d'atteindre leurs objectifs.
D'un côté, une relation dominant/dominé, le patient se prosternant dans son psy omniscient, de l'autre, des êtres humains qui s'adressent à d'autres êtres humains pour leur donner les recettes qui ont marché pour eux.

Le grand problème de la psychanalyse, et de la psychologie en général, c'est son présupposé : que le patient n'est pas le thérapeute, et vice-versa. Les conseils que le thérapeute donne à ses patients, il ne se les donne pas à lui-même.

Alors que dans le développement personnel, ce que est bon pour moi est bon pour les autres, et le contraire. Comment pourrait-il en être autrement ?
Nous appartenons tous à la même humanité : si un conseil est bon pour eux, il est forcément bon pour moi. S'il n'est pas bon pour moi, il sera mauvais pour eux.

Bien sûr, les situations changent, les problèmes psychologiques ne sont pas les mêmes chez tous...

Mais les principes - les principes du succès - eux ne changent pas.
Les problèmes sont divers, mais les solutions se ressemblent.
Il faut toujours :
- patienter ;
- faire preuve de courage ;
- pardonner ;
- avancer ;
- chercher la vérité ;
- réfléchir ;
- planifier ;
- faire des efforts ;
- croire qu'on peut s'améliorer (car si on ne le croit pas, on ne pourra pas) ;
etc.

La psychologie du psychanalyste

"Le monde n'est pas ce qu'il a l'air d'être.

Le moindre objet quotidien est beaucoup que lui-même.

Un carnet de chèque... ou un pénis bleu passé sous un rouleau compresseur ?
Un parapluie... ou un pénis noir à baleines ?
Le mont Blanc... ou un pénis géant recouvert de neige ?

La réalité n'existe pas. Elle est un écran pour autre chose - un écran pour le passé tout-puissant, qui tire les ficelles en coulisse.
Le spectacle n'est qu'un rêve.
Ce qui est réel, c'est la relation archaïque : papa, maman, moi.

Et entre ces trois personnages, la haine, l'envie, la convoitise. Coucher avec maman ? Tuer Papa ? Tuer maman pour coucher avec papa ? Ou les trois à la fois ?...

Vous vous croyez normal ?
Illusion !

Le psychanalyste connait la vérité. Vous êtes un gouffre, et plus vous creuserez profond, plus vous saurez. Vous êtes les goules et les démons des ténèbres ; vous ne vous connaissez pas, et si vous vous connaissiez, ce serait encore pire..."

Telle est la psychologie du psychanalyste - elle est le résultat direct de ses croyances, de son freudisme.

Pour sortir du vieux passé, pense-t-il, il faut plus de vieux passé, plus de poussière étouffante, plus de souvenirs douloureux. Le mal soigne le mal. Pour aller mieux, il faut d'abord aller bien pire. L'inconscient, c'est la boite de Pandore : il faut l'ouvrir pour savoir enfin ce qu'il contient, l'ouvrir pour qu'il inonde le monde de tous les maux. Mais il n'y a pas d'autres solutions.

Vous y croyez ?

Vous y croyez probablement... tout le monde y croit, ou presque.

"Aucune chose ne signifiait que ce qu'elle signifiait ; tout avait un sens plus profond, venu du passé, comme si le slogan de la corporation était : "En avance sur le passé. Feud". (Mount Misery).

Le psychanalyste, comme le psychiatre, aime le pouvoir, pense au pouvoir, cherche le pouvoir, protège son pouvoir.
Les séances sont des parties d'échec : si le patient gagne la partie, c'est que le psy la perd. Si le psy gagne... le patient est bien soigné.

- Autant qu'on peut l'être, bien sûr.
C'est-à-dire très peu.

D'ailleurs le psychanalyste ne prétend pas vous soigner ; juste vous rendre raisonnablement malheureux, comme tout le monde :

"La partie est presque gagnée si l'on arrive à transformer les misères de l'hystérie en malheurs ordinaires." (Freud)

Quelques autres citations de Freud...

"Faute de pouvoir voir clair, nous voulons, à tout le moins, voir clairement les obscurités."

Objection logique : on ne voit bien ce qui est noir qu'en plein jour. Si on voyait clairement les obscurités, on verrait clair. Et si par contre il s'agit de voir la nuit, dans le noir, c'est perdu d'avance.

"Quoique vous fassiez, vous ferez mal !"

Prédiction pas trop sympathique... mauvais sort jeté par un sorcier ?

"Au commencement des temps, les mots et la magie étaient une seule et même chose."

Oui, la magie des mots, Freud connaît.

Petites informations pour Freud, qui vous aideront à ne pas, ou à ne plus, prendre ses théories au sérieux :

- petit, il a vu sa maman toute nue, et l'a désiré ; plus grand, il en a induit que tous les petits garçons du monde vivaient la même chose ;
- Il consommait beaucoup, beaucoup de cocaïne ;
- Il a d'ailleurs découvert le remède miracle à l'addiction à la morphine (vous avez deviné, c'est de la remplacer par la cocaïne).

La psychologie du psy (2)

Toujours en me fondant sur "Mount Misery" et quelques articles intéressants...

Pourquoi, dès le départ, choisir psychologie, ou psychiatrie ?
Pour panser - ou dissimuler - des blessures personnelles.
Les psychiatres et psychothérapeutes et psychanalystes ont un passé plus douloureux que le reste de la population : famille éclatée, violence, folie d'un des parents, etc.

Selon l'auteur de Mount Misery et au moins un autre psy, les psys se spécialiseraient de préférence dans leurs propres failles psychologiques.
Le dépressif devient spécialiste de la dépression.
Le paranoïaque de la paranoïa, etc.

Les psys ont un taux de divorce, de dépression bien plus important que le reste de la population.
Parce qu'ils sont en contact tous les jours avec la détresse humaine ?

Peut-être.

Il semblerait aussi que certains deviennent dépendants de leurs patients - à tel point qu'ils se refusent à prendre leur retraite.

Et voici encore une information intéressante :

" "When therapists treat patients, they follow the prescriptions of their theoretical orientation. But the amazing thing is that when therapists treat themselves, they become very pragmatic." In other words, when battling their own problems, therapists dispense with the psychobabble and fall back on everyday, commonsense techniques -- chats with friends, meditation, hot baths, and so on."

Les thérapeutes qui sont déprimés ne se soignent pas avec les techniques qu'ils appliquent à leurs patients. Ils sont beaucoup plus pragmatique et terre-à-terre avec eux-mêmes, ayant recours aux amis, à la méditation, aux bains chauds, etc.

Quand les thérapeutes vont mal, ils hésitent à aller voir leurs collègues. Pourquoi ?

"therapists said they were hesitant to enter therapy "because of feelings of embarrassment or humiliation, doubts concerning the efficacy of therapy, previous negative experiences with personal therapy, and feelings of superiority that hinder their ability to identify their own need for treatment." Others are hesitant to seek therapy because of professional `complications' -- that is, they cannot find a therapist nearby whom they do not already know in another context. Or they mistakenly believe, as many patients do, that seeking therapy is a sign of failure."

Parce qu'ils se sentent embarrassé, humiliés, qu'ils doutent de l'efficacité de la thérapie, qu'ils ont déjà eu des expériences négatives de thérapie... Si c'est l'opinion des professionnels, comment s'étonner que ce soit aussi celle de beaucoup de non-professionnels ?

Ah et aussi : le psy qui couche avec sa patiente n'est pas un mythe ; le psy qui avale les antidépresseurs à la louche non plus. Les deux sont rendus faciles par le contexte : cachets faciles et tête à tête.

Quant à moi, je ne pense pas que les psys soient déprimés parce qu'ils sont en contact avec des gens déprimés.
Après tout, Mère Teresa ou l'abbé Pierre étaient en contact avec des gens très pauvres et qui souffraient beaucoup, et ça ne leur a pas cassé le moral.

Ce qui casse le moral, c'est d'être en contact avec des gens qui vont mal et de ne rien faire, ou de ne rien pouvoir faire, pour qu'ils aillent mieux.

C'est l'impuissance qui est démoralisante, beaucoup plus que la dépression des autres. Les psys vivent leur impuissance à soulager leurs patients, et c'est douloureux.

Derrière la facade d'arrogance glacée qui le protège, le psy souffre d'être inutile. Souffre d'être un imposteur. Car il le sait bien, au fond, qu'il est sensé aider, que c'est sensé être son métier, et qu'il ne le fait pas... parce qu'il ne le peut pas. Il sait bien, au fond, que sa légitimité est précaire comme un costume de prélat quand il n'y a personne à l'intérieur.

23 janvier 2009

La psychologie du psychiatre

Lui aussi, il en a une. Il n'est pas seulement le fidèle observateur objectif des troubles mentaux de ses patients perturbés.

Lui aussi, il a des rêves - dont certains le réveillent la nuit en sueur.

Lui aussi, il a des fantasmes inavouables, des images mentales dérangeantes qui le traversent.

Lui aussi, il a un passé, des souvenirs d'enfance.

Le psychiatre n'est pas qu'une image, pas que la version 3D de Freud sombre et inquiétant, tenant son cigare... Le psychiatre est un être humain, un être qui éprouve toute une gamme d'émotions, qui expérimente comme vous la peur, l'angoisse, et le doute.

Y compris le doute sur lui-même.

C'est difficile à croire (ça ne devrait pas l'être pourtant) mais surtout, c'est difficile à imaginer...

Il incarne le Savoir, la Connaissance ; il incarne l'Autorité. Et pourtant, lui aussi a une psychologie.

Et vous tombez bien, chers lecteurs curieux, car ces derniers jours j'ai plongé dans cette psychologie.

Pas directement, mais au travers d'un roman...

- Comment ça, un roman ? Ce n'est pas sérieux ! Impossible de s'y fier ! Ce n'est pas une source d'information fiable...

Attendez, un roman écrit par un psychiatre.
Roman passionnant (et écoeurant) qui nous fait plonger dans l'univers de la psychiatrie côté psychiatres. Leurs formations, leurs réactions, leur quotidien. Rien d'aseptisé : que du cru, du brut, de l'authentique, du criant de vérité.

Si criant qu'on en est tout chamboulé...

Si vous lisez l'anglais - il ne risque pas d'être traduit en français - le roman s'appelle Mount Misery.

Ce roman m'a apporté un éclairage tout à fait intéressant sur le comportement de mon (ex)psychiatre. Je le comprends mieux, maintenant.

L'apprenti-psychiatre n'est pas forcément de mauvaise volonté... Il veut aider - enfin, parfois. Mais il est formé, c'est-à-dire déformé, et on lui apprend qu'être objectif, c'est être indifférent à ses patients. La psychiatrie est une science et ce n'est pas avec de la sympathie qu'on fait de la science. On lui apprend que s'il se montre "gentil", il se fera bouffé tout cru. On lui enseigne la froideur comme une qualité première du thérapeute : s'il arrive à ne ressentir aucune empathie pour ses patients, il sera d'autant plus efficace, d'autant plus utile.

On lui enseigne aussi à se focaliser dès le début sur le diagnostic. Des questions - des réponses - un diagnostic. Il doit apprendre à jongler avec le DSM-4 (le catalogue des troubles mentaux). L'important, c'est l'étiquette qu'il colle.

On lui explique qu'en réalité, ces gens-là (les patients) ne peuvent pas guérir. On ne peut que les soulager un peu, et encore... Inutile, donc, qu'il se lance dans le projet utopique de les aider réellement. C'est perdu d'avance, autant qu'il en fasse son deuil.

Telle est la formation du psychiatre. Formation qui le convainc que tout ce qu'il donnera de lui-même à ses patients, il en sera privé : la relation est du type gagnant-perdant. Si le patient gagne, le psychiatre perd ; si le psychiatre gagne, le patient est... bien soigné.

Enfin... autant qu'il peut l'être, vu qu'on ne peut pas grand chose pour lui.

On apprend à l'apprenti-psychiatre à se focaliser sur le pouvoir, et les relations de pouvoir : surtout, ne pas courir après un patient suicidaire dans un couloir, il se croirait le plus fort ; surtout, ne pas répondre aux questions un peu personnelles que vous pose un patient, il en profiterait.
Il s'agit d'une guerre.

Venons en au psychiatre sadique.

En fait, il n'est pas sadique.
Enfin, pas vraiment.
S'il aime faire pleurer ces patients, c'est qu'il ne s'autorise aucune émotion. Les larmes qu'il voit le soulage ; elles coulent à la place des siennes. S'étant interdit toute spontanéité, toute effusion, toute expression de ses sentiments, il compense en poussant les autres à exprimer leurs ressentis.

Et quel moyen le plus sûr que de les agresser, de les humilier, de les déstabiliser ?

Les émotions violents que les patients manifestent ensuite soulagent le psychiatre de celles, toutes aussi violentes, qu'il n'expriment pas. De plus, elles le réconfortent : oui, vraiment, ce patient-là a un problème, un gros problème... La preuve.

Petit-à-petit, le rôle devient peau, l'habitude seconde nature.

Le psychiatre devient arrogant.
C'est plus confortable.

S'il restait humain, il souffrirait trop de sa position fausse : il est sensé aider ; il ne peut pas aider. Le système ne le lui permet pas ; ses idées ne le lui permettent pas ; sa formation ne le lui permet pas ; sa peur ne le lui permet pas. Alors pour cacher son impuissance, il bâtit un mur de glace entre lui et l'autre - son patient, l'objet de son étude.

Le métier est dur.
Ce n'est pas facile, d'être psychiatre.
On est constamment sur la brèche, constamment à jouer un rôle, à faire semblant. C'est épuisant.

C'est peut-être pour ça qu'ils sont si nombreux à se suicider...

Cette info peut paraître étrange - elle est ici (je l'ai trouvée aussi ailleurs) :

"What's the most suicidal occupation? I won't venture an opinion for the world of work overall, but among health-care types it may well be shrinks. In a study of 18,730 physician deaths from 1967 to 1972 (men and women), psychiatrists accounted for 7 percent of the total but 12 percent of the 593 suicides (source: Rich et al., cited above)."

Et voici un article plus long sur le sujet :

"Suicide, stress, divorce -- psychologists and other mental health professionals may actually be more screwed up than the rest of us. Psychologist Robert Epstein, Ph.D., surveys the emotional toll that practicing therapy takes on peoples' lives and explains how to protect yourself from impaired shrinks.

In 1899 Sigmund Freud got a new telephone number: 14362. He was 43 at the time, and he was profoundly disturbed by the digits in the new number. He believed they signified that he would die at age 61 (note the one and six surrounding the 43) or, at best, at age 62 (the last two digits in the number). He clung, painfully, to this bizarre belief for many years. Presumably he was forced to revise his estimate on his 63rd birthday, but he was haunted by other superstitions until the day he died -- by assisted suicide, no less -- at the ripe old age of 83.

That's just for starters. Freud also had frequent blackouts. He refused to quit smoking even after 30 operations to correct the extensive damage he suffered from cancer of the jaw. He was a self-proclaimed neurotic. He suffered from a mild form of agoraphobia. And, for a time, he had a serious cocaine problem.

Neuroses? Superstitions? Substance abuse? Blackouts? And suicide? So much for the father of psychoanalysis. But are these problems typical for psychologists? How are Freud's successors doing? Or, to put the question another way: Are shrinks really "crazy"?

I myself have been a psychologist for nearly two decades, primarily teaching and conducting research. So the truth is that I had some preconceptions about this topic before I began to investigate it. When, years ago, my mom told me that her one and only session with a psychotherapist had been disappointing because "the guy was obviously much crazier than I was," I assumed, or at least hoped, that she was joking. Mental health professionals have access to special tools and techniques to help themselves through the perils of living, right?

Sure, Freud was peculiar, and, yes, I'd heard that Jung had had a nervous breakdown. But I'd always assumed that -- rumors to the contrary notwithstanding; -- mental health professionals were probably fairly healthy.

Turns out I was wrong.

Doctor, Are You Feeling Okay?

Mental health professionals are, in general, a fairly crazy lot -- at least as troubled as the general population. This may sound depressing, but, as you'll see, having crazy shrinks around is not in itself a serious problem. In fact, some experts believe that therapists who have suffered in certain ways may be the very best therapists we have.

The problem is that mental health professionals -- particularly psychologists -- do a poor job of monitoring their own mental health problems and those of their colleagues. In fact, the main responsibility for spotting an impaired therapist seems to fall on the patient, who presumably has his or her own problems to deal with. That's just nuts.

Therapists struggling with marital problems, alcoholism, substance abuse, depression, and so on don't function very well as therapists, so we can't just ignore their distress. And ironically, with just a few exceptions, mental health professionals have access to relatively few resources when they most need assistance. The questions, then, are these: How can clients be protected -- and how can troubled therapists be helped?


Psychology Today Magazine, Jul/Aug 97
Last Reviewed 28 Oct 2005
Article ID: 90"

Conclusion pour ceux qui ne lisent pas l'anglais : les psys sont plus perturbés, divorcés et suicidaires que ne l'est la population en moyenne.

22 janvier 2009

Pseudo Culpabilité

Pourquoi pseudo ?

Parce qu'il y a la vraie culpabilité - par exemple, on a laissé tombé bébé - et la fausse.

La fausse est :
1/Vague ;
2/égocentrique.

1/Vague. Lorsqu'on s'accuse d'être "manipulateur", on s'accuse de la culpabilité la plus diffuse, la plus immatérielle qui soit. Imaginez être dans un tribunal ; à combien d'années de prison serez-vous condamné pour "manipulation" ? A aucune. C'est trop vague, tout simplement.

Et pourtant il y a des gens - des gens déprimés - qui s'accusent de fautes nébuleuses de ce genre : "je suis méchant... je suis manipulateur... je suis un pédophile refoulé..." Quand on leur demande de s'expliquer un peu sur tout ça, d'apporter les preuves de leurs auto-accusation, ils bafouillent, et finissent pas se taire.

Car il n'ont rien de précis à se reprocher.

Si vous êtes dans ce cas, je vous demande instamment de vous absoudre ; et je vous annonce solennement que tous les habitants de Groëland et des contrées environnantes, jusqu'à l'Equateur, vous absolvent aussi : vous êtes pardonné.

Passons à la pseudo-culpabilité égocentrique.

Elle s'exprime de cette manière :

"C'est de ma faute si je suis malheureux... C'est de ma faute si j'ai raté ma vie..."

Oui, et alors ? C'est plutôt une bonne nouvelle qu'une mauvaise : si c'est de votre faute, ça veut dire aussi que vous avez la possibilité d'améliorer votre humeur et votre vie. Mais s'agit-il de faute morale, de culpabilité, ou seulement d'erreur ?

Je suppose qu'il y a derrière ça un dédoublement de personnalité : on est désolé d'avoir fait du mal à... nous-mêmes. On se sent terriblement coupable. On aimerait bien que nous-mêmes nous pardonne. Mais on n'ose pas lui demander pardon.

Allez, un peu de courage, je suis sûre que nous-même est prêt à vous absoudre, lui aussi !

Tournez-vous vers votre miroir, et demandez-vous pardon. Et s'il vous plaît, ne compliquez pas les choses, elles sont déjà assez compliquées comme ça - accordez-vous votre pardon.

18 janvier 2009

Aidez vos proches à surmonter la dépression (par Jérôme Palazzolo)

A voir sa tête, en quatrième de couverture, Jérôme Palazzolo a pourtant l'air sympathique... Comme quoi les apparences sont trompeuses (ce qui n'est pas nouveau, mais toujours vrai, voire de plus en plus vrai).

Vous voulez sortir de dépression ?
Ne lisez pas ce livre.

Vous voulez aider vos proches à surmonter la dépression ?
Ne lisez surtout pas ce livre.

Sa couverture, déjà, en dit long : au premier plan, en couleurs vives (rose et orange) des cachets et des gélules, dont l'une est déjà sortie de son emballage métallique, prête à être avalée.
En arrière-plan, un homme qui tente de réconforter une femme - et ça n'a pas l'air de marcher... heureusement qu'il y a les cachets !

La tête des personnages est deux fois plus petite que le flacon de gélules. Ce qui s'explique par la perspective. Seulement par elle ?

En tout cas, les cachets sont peints avec plus de détails que les personnages, tellement schématiques qu'ils n'ont même pas droit à des visages.

[J'ouvre une parenthèse ; si vous regardez les couvertures des livres de psychiatrie sur amazon.fr, vous découvrirez que leurs couvertures sont souvent significatives : crânes simplifiés, représentations de visage si abstraits qu'ils sont privés de toute humanité. Jamais de photo de personnes réelles - ce n'est pas de ça dont on parle.]

Mais dépassons la couverture pour entrer dans le vif du sujet.

p.16 : l'auteur nous présente Lucienne. âgée de 82 ans, elle a perdu son mari, avec lequel elle vivait depuis 63 ans. Il est décédé il y a un mois. Lucienne n'a plus le goût de vivre.

Bon, jusque là, je ne sais pas vous, mais moi ça ne m'inspire rien d'autre que : "C'est la vie... c'est triste." - ou : "C'est la mort... c'est triste."

Mais l'auteur est un psychiatre, donc il ne se contente pas de ce genre de banalité. Voilà ce qu'il dit :

"Pour ce qui concerne cette dame, le diagnostic porté est celui de deuil, réaction tout à fait adaptée au vu des circonstances."

Ce qui est intéressant, dans cette phrase, c'est la contradiction entre ce qui est dit explicitement, et ce qui est dit implicitement - entre l'idée énoncée, et le choix des mots.

D'une part, la pauvre dame est normalement déprimée, vue les circonstances - d'autre part, elle souffre d'une maladie (puisqu'on ne pose de diagnostic que sur les maladies) qui a un nom bien précis, un nom en italique : deuil.

Or une maladie n'est pas une réaction normale, et une réaction normale n'est pas une maladie.

Détail, dites-vous ?
Pas du tout.
C'est avec ce genre de phrase que se profile un avenir où l'on n'aura plus le droit d'être triste de la perte d'un être cher - enfin, si, on aura le droit, mais ce sera pathologique.

P.46 : l'auteur décrit la réaction du patient auquel on révèle qu'il est "dépressif" :
- colère, agressivité ;
- découragement face à l'inévitable.

Si le diagnostic a cet effet-là, on pourrait peut-être s'en passer, non ?

p.60 : "Les personnes dépressives souffrent d'une incapacité à vouloir, sorte "d'endormissement de la volonté". Il est donc inutile de faire appel à leur volonté".

Cette phrase-là est l'équivalent d'une bonne dose de cyanure : je vous conseille de ne pas l'avaler (c'est-à-dire de ne pas y croire).

Les personnes dépressives ne souffrent pas d'une incapacité à vouloir. Les personnes dépressives ont oublié qu'elles ont le choix. Elles ne se rendent pas compte - précisément parce que tous les psychiatres serine le contraire - qu'elles peuvent choisir leurs émotions en choisissant leurs pensées.

Nous ne sommes pas les marionnettes de nos émotions ; ou si nous le sommes, c'est seulement parce que nous avons oublié que nous pouvons nous élever au-dessus d'elles. Notre esprit n'a pas à suivre comme une girouette les mauvaises pensées qu'un mauvais vent lui impose. Nous ne sommes pas obligé de croire tout ce qui nous passe par la tête.

Nous ne sommes pas obligés de nous soumettre à nos états d'âme.

On peut se lever le matin et entamer la journée du bon pied, même si on n'est pas dans l'humeur, simplement parce qu'on l'a décidé. Dépressif ou pas dépressif, l'être humain est un être humain : une créature qui a le choix.

p.61, l'auteur affirme que les antidépresseurs ne produisent ni accoutumance, ni dépendance.

C'est pas beau de mentir.

p.72, à propos de quelqu'un qui pense au suicide, l'auteur conseille : "ne le culpabilisez pas, évitez les phrases du type "pense à tes enfants".

J'ai rarement lu au conseil aussi contre-productif... enfin, contre-productif si le but est d'empêcher le suicide. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas déculpabiliser le geste ?
Comme ça, il sautera plus facilement du haut du pont...

Mais passons.

Le livre entier insiste sur :
- la prétendue irresponsabilité du dépressif ;
- la nécessité pour l'entourage de l'encourager à bien prendre ses cachets ;
- le discours victimisant que l'entourage doit tenir à celui qui va mal : p.95 "vous devez lui faire comprendre qu'elle n'est pas responsable de son état".

Ah bon ?
Pas responsable de son état ?
Alors qui ?

La vérité, c'est que nous sommes responsables de nos vies. Et la dépression ne constitue pas une exception à la règle : nous sommes toujours, en toutes circonstances, responsables de nos vies.

Pas de ce qui nous arrive... (comme par exemple, une tuile tombant d'un toit sur notre tête) - mais de ce que nous en faisons.

La dépression est un état d'âme - notre état d'âme. C'est à nous de l'accueillir comme une reine ou de la traiter comme une intruse. Si nous l'honorons, elle s'installera chez nous pour longtemps. Si nous ne lui prêtons aucune attention, elle se sentira mal accueillie et partira ailleurs.

Encore une contradiction : juste après avoir "rassuré" le dépressif en lui expliquant qu'il n'est pas responsable de son état, le proche est sensé le rassurer encore, mais cette fois-ci sur "ses capacités personnelles". (p.96)

Comme c'est logique...
"T'es qu'une victime, tu n'y es pour rien, mais t'en fais pas, tu es tout à fait capable de t'en sortir, t'as les capacités pour ça."
Cherchez l'erreur.
Si on n'a rien fait pour se mettre dans la mouise, mais vraiment rien, comment pourrait-on avoir les capacités pour s'en sortir ?
Entre le statut de victime ("pas responsable de son état") et les capacités personnelles, il faut choisir.

Un conseil : choisissez les capacités personnelles. Le statut de victime n'apporte que des justifications de ce statut - autrement dit, de gros ennuis.

p.101 : l'auteur déconseille vivement l'alcool et le cannabis.

Ce serait logique, s'il ne conseillait pas encore plus vivement d'autres drogues - celles qu'il prescrit.

Dans le genre comique, p. 131, un témoignage : "Un docteur me l'a confirmé : lors d'une dépression, on ne peut pas se donner de coups de pied au derrière."

Pas besoin d'avoir fait des études d'anatomie pour en convenir...

Bref : un livre qui n'est qu'une apologie de plus de ces merveilleux médicaments qui protègent du suicide (sauf que c'est l'inverse) et une victimisation de plus de ces pôv' dépressifs impotents même pas capables se brosser les dents (sauf qu'il suffirait qu'ils lisent Le succès selon Jack pour que ça leur passe...)

Ne lisez pas Aidez vos proches à surmonter la dépression. Lisez Le succès selon Jack, Psychocybernétique, Le succès par la pensée constructive, et tous les autres livres conseillés à droite. Je vous garantis, je vous promets, qu'ils feront une énorme différence pour le mieux dans votre vie.

15 janvier 2009

La faute aux parents ?

C'est si facile, de les accuser...

D'abord, parce que les instances qui les désignent du doigt sont si nombreuses : psychanalyse, psychologie, journaux féminins, écrivains...

Et puis, ne dit-on pas que tout se joue avant trois ans ? Et si tout se joue avant 3 ans, c'est certainement leur faute ! Nous ne sommes certainement pas responsables de ce qu'ils nous ont fait vivre, pauvre p'tit bout de choux que nous étions...

Et cette absence de mémoire, ce grand trou noir de la petite enfance, qui sait ce qu'ils cachent ? Qui sait ce qu'ils nous ont fait souffrir et subir ?

Les parents sont les Grands Coupables. Coupables d'office, coupables désignés.

Et si vous allez voir un psychanalyste... il y a de fortes chances qu'ils vous mettent sur la piste de leur culpabilité. Si vous n'étiez pas encore convaincu, vous le serez.

Leur faute de quoi ?

Personne d'autre ne porte la responsabilité de notre bonheur - que nous-mêmes.

Non seulement ils font fait ce qu'ils ont pu, mais souvent ils ont fait bien plus que n'importe qui d'autre pour nous. Si nous ne leur devons pas un minimum de reconnaissance et de gratitude, en qui en devrons-nous ?...

C'est eux qui se sont relevés pour nous soigner quand on était petit.
Eux qui nous ont nourri la nuit, quand nous étions si faible, si impuissant, que laissés à nous-même nous serions morts en un jour. Eux qui ont payé pour notre nourriture, nos habits, notre éducation...

Bon ceci dit, ils ont pu nous faire beaucoup de mal aussi.

L'essentiel n'est-il pas de voir les deux côtés de la médaille ?

13 janvier 2009

Identifier le problème

Quand on souffre physiquement, on sait la plupart du temps où on a mal et pourquoi on a mal.

Quand on souffre psychologiquement, par contre, on ne sait pas toujours où on a mal, ni pourquoi on a mal.

Comme dans une chambre en désordre, où le chaos général crée une impression de malaise, on a une sensation de confusion interne qui obscurcit la vie et la vue, et on ne sait pas toujours identifié le point douloureux.

On peut aussi croire qu'on l'a identifié, mais prendre l'arbre pour la forêt - c'est-à-dire confondre un aspect ponctuel du mal avec son origine profonde.

En fait, le problème qui est l'origine invisible de la souffrance morale est à bien des égards, indéfinissable tant qu'on ne l'a pas résolu.

Autrement dit, le problème c'est d'identifier le problème.

11 janvier 2009

Le bonheur, le plaisir et la dépression

Comment trouver le bonheur lorsqu'on se sent dépressif ? (car se sentir dépressif, c'est exactement la même chose qu'être dépressif - de même que se sentir heureux, c'est la même chose qu'être heureux).

D'abord, en ne se mettant pas martel en tête.

"Je ne suis pas heureux"... "J'ai une vie triste"... sont des idées qui font pleurer - inutilement pleurer.

Ensuite, en ne courant pas après le plaisir. Parce que les plaisirs que l'on attrape lorsqu'on va mal sont pour la plupart des plaisirs destructeurs - cigarette, alcools, etc.

Enfin, en rangeant.

En rangeant quoi ? Pas ce que vous ne pouvez pas ranger ; seulement ce qui est sous votre main, à portée de votre bras.

On renonce souvent aux tâches possibles pour consacrer toute son énergie à ne pas réaliser les tâches impossibles. Mais c'est l'inverse qu'il faut faire : lâcher ce qu'on n'a jamais tenu (l'impossible à faire) et saisir ce qui est là, ici.

Les rêves les plus grandioses ne sont réalisés que par les personnes qui se lèvent, retroussent leurs manches, et attaquent la vaisselle qui est à faire (exemple). Pour déplacer les montagnes, il faut commencer par enlever les petits cailloux sur la route. Il n'y a pas d'autre étape possible avant celle-là ; c'est la première.

Nous avons tous tendance à regarder trop loin - et à ne pas voir ce qui est à notre portée, voire sous notre responsabilité. Nous avons tous tendance à bâtir des châteaux en Espagne, et à négliger de fermer la fenêtre quand il pleut. Les rêves peuvent devenir horriblement inconfortables quand on les habite 24h sur 24...

Le soir, quand on est fatigué, ce n'est jamais dans le lit de nos triomphes futurs que nous nous endormons, mais dans celui que nous avons fait - ou non-fait - le matin même. Et si les draps sont bien frais et bien propres, ou très sales, ce sera non parce que nous avons atteint nos plus nobles objectifs, mais parce que nous aurons négligé ou pas la réalité ce jour-là.

La vie n'a pas lieu demain, ni hier. Elle a lieu aujourd'hui. Et si nous voulons faire quelque chose, c'est aujourd'hui que nous devons nous y mettre, car il n'y a pas d'autre jour. Trier ses papiers... traiter son courrier... brosser ses dents... c'est trivial peut-être, mais si nous ne le faisons pas nous coulerons doucement sous le chaos et la crasse.

Le bonheur est l'objectif le plus banal qui soit - personne n'est libre de s'en donner un autre. Même quelqu'un qui choisirait de ne pas être heureux ne saurait le faire que parce qu'il espère obscurément qu'ainsi, il trouvera un certain genre de bonheur - celui du calme, peut-être.

Mais ce n'est pas une raison pour faire du bonheur - ni du malheur, d'ailleurs - une obsession.

Il vaudrait mieux se concentrer sur n'importe quelle autre quête, une quête plus concrète et plus mesurable, que sur celle-là. Non qu'elle ne soit pas digne d'être poursuivie, mais le ponpon désiré est beaucoup trop abstrait pour être saisi de cette manière-là.

A la limite, ce qu'on pourrait se dire c'est qu'au fond, on est déjà heureux - mais comme aucune catastrophe ne nous prive de ce bonheur, nous n'avons pas conscience de le posséder. Ceux qui se retrouvent confrontés à la mort, à la maladie, repensent à leur déprime antérieur comme à un paradis.

Bref...

10 janvier 2009

La haine du mal et le mal de la haine

Petites considérations éthiques...

Quelle différence y a-t-il entre la haine du mal et le mal de la haine ?

Une énorme, une colossale différence - la même qui sépare la haine du racisme de la haine des noirs.

Les relativistes (ces partisans du "le bien est relatif, le mal est relatif, tout se vaut et ne vaut rien") auraient tendance à mettre sur le même pied la haine des racistes et la haine des noirs.

Ils disent - ou pensent : "dans les deux cas on déteste une partie de la population... C'est pas bien!"

Sauf que ça n'a strictement rien à voir.

Personne ne choisit d'être noir - pas plus que d'être blanc ou né en Bretagne.
Haïr une personne pour quelque chose qu'elle n'a pas choisi, c'est une injustice.
C'est le mal de la haine.

Par contre, haïr les noirs parce qu'ils sont noirs est un choix. Les racistes choisissent le racisme : ils ne sont pas nés avec le gène du racisme. Ils ont préféré, voulu leur racisme. Ils se le sont appropriés, ils l'ont fait leur.

Haïr une personne pour ses mauvais choix, c'est la haine du mal.

A la différence de la première haine, cette haine-là n'a rien de définitif : il suffirait que le raciste en question change d'opinion... s'ouvre à ce qu'il refuse... pour qu'on l'aime autant qu'on le détestait avant.

Et tiens, pour compléter le tableau : il faudrait aussi évoquer la haine du bien et le bien de la haine.

La haine du bien existe - elle est le fait des personnes suffisamment enracinées dans le mal pour détester ceux qui n'ont pas fait les mêmes mauvais choix qu'eux. Le bien de la haine existe aussi - quand la haine en question est refus du mal.

Pourquoi évoquer ce sujet ?...

Parce que le relativisme est une source de découragement et d'apathie, de faiblesse et d'inertie. Si rien n'est vraiment bien et rien n'est vraiment mal, à quoi bon ?...

A quoi bon se battre pour un idéal, à quoi bon s'accrocher à des principes ? Ils ne sont que des artifices. Des préjugés judéo-chretiens.

La santé mentale présuppose un découpage éthique binaire : il n'y a rien par-delà le bien et le mal.

D'ailleurs il est tout à fait significatif, et révélateur, que l'auteur du livre "Par delà le bien et le mal" soit devenu fou. Car au-delà de cette dichotomie fondamentale, il n'y a que confusion, nihilisme et folie.

Principe de base : le bien n'est pas le mal ; le mal n'est pas le bien. La différence est parfois difficile à faire, mais elle est à faire.

Les faux effets secondaires

Un internaute a trouvé ce blog en tapant "effets secondaires fluor" sur Google.

Qu'est-ce qu'un effet secondaire ?

Si l'on en croit les dictionnaires, il s'agit d'un effet moins important que l'effet principal. Un effet qui pourrait éventuellement être négligé.
Lorsqu'il s'agit de produits présentés, prescrits et vendus en tant que "médicaments", on suppose que l'effet principal est toujours positif, et l'effet secondaire (moins important) négatif.

C'est comme ça qu'effet secondaire est devenu un euphémisme d'effet négatif.

Lorsqu'on parle d'un produit essentiellement nocif, comme du cyanure par exemple, personne n'est tenté de parler de sa dangerosité comme d'un effet secondaire - puisqu'il n'y a pas d'effet plus important et positif à mettre en balance.

Où veux-je en venir ?...

Que de nombreux effets dits secondaires sont des effets négatifs principaux.

Autrement dit, de nos jours, l'expression "effet secondaire" est non seulement un euphémisme pour "effet négatif", mais un euphémisme pour "effet primaire négatif".

Le fluor n'a pas d'effet positif. Ses effets dits secondaires sont donc des effets primaires.

Pour les antidépresseurs, anxiolytiques, cigarette, marijuana, etc., tout dépend de la perspective : du point de vue du consommateur, il y a bien un effet positif primaire (et quelques effets négatifs secondaires) ; d'un point de vue plus panoramique, il y a un effet négatif primaire (et quelques effets positifs secondaires).

Ce qui est trompeur, avec les drogues légales et illégales, c'est que les effets positifs secondaires viennent en premier. S'ils venaient en dernier, personne ne serait tenté de se droguer.

Si la consommation d'alcool déclenchait la gueule de bois avant l'ivresse, personne ne boirait.

Mais ce n'est pas parce qu'un effet vient à premier qu'il est le plus important : les apparences (ce qu'on voit en premier) ne sont pas l'essentiel.

Pyschiatre, psychothérapeute et psychanalyste

La situation a changé ; le rapport de force à évoluer.

Il fut un temps où le psychanalyste était le plus fort. Maintenant, c'est le psychiatre.

C'est que le psychiatre donne les cachets - et que derrière les cachets, les millions de l'industrie pharmaceutiques pèsent lourd....

C'est pour ça que, de nos jours, des psychiatres se demandent de plus en plus si on ne ferait pas bien de jeter la psychanalyse et les psychanalystes à la poubelle.

Car la psychanalyse n'a jamais accepté d'être confrontée aux faits : est-elle ou n'est-elle pas efficace ?...
Alors que les "médicaments" ont eux été testé (ils sont inefficaces, mais comme on a truqué les études, personne n'est sensé le savoir).

"Psychothérapeute", c'est le terme général sous lequel tout et son contraire peuvent se cacher. Le plus freudien comme le plus libérateur, le pire comme le meilleur.
Difficile de dire quoi que ce soit sur une étiquette aussi générique...

"Psychanalyste", c'est l'homme de l'ombre et du passé. Il eut son heure de gloire, mais c'est un has been, un monument historique. Ceux qui le visitent encore rament à contre-courant. Ce qui ne veut d'ailleurs pas dire qu'ils soient dans une meilleure direction que les autres.

"Psychiatre", c'est l'homme de l'avenir et de la lumière blafarde qui éblouit sans éclairer. Un éclairage au néon. Avec lui, les mots ne sont plus des mots. Que des symptômes. Et le malaise existentiel qui nous ronge, l'équivalent d'un diabète.

Le psychanalyste vous fait fouiller dans vos ordures (le pire de votre passé) ; le psychiatre vous diagnostique et vous médicamente.
Le psychanalyste croit à la parole - surtout celle qui n'est pas constructive ; le psychiatre croit à la chimie et au cerveau.
Le psychanalyste vous entraîne dans le dédale de votre existence sans fil d'Ariane autre que la souffrance, la rancoeur et la volonté de trouver des coupables ; le psychiatre a déjà trouvé le coupable et il vous le livre pieds et poings liés. C'est un manque de sérotonine ou d'autre chose, un déséquilibre de je ne sais quoi.

Je généralise, c'est vrai. Il serait plus politiquement correct d'entourer les propos précédents de : "il y a des psychanalystes extraordinaires... des psychiatres merveilleux..." Mais comme je n'en ai jamais rencontrés, je laisse à d'autres le soin de les évoquer.

Pour équilibrer un peu la balance, je dirais seulement que farfouiller dans son passé (avec un psychanalyste pas trop sadique) peut être libérateur, quand on y a caché quelques souvenirs. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, loin de là.

Si j'avais un conseil à donner...

Cherchez-vous un thérapeute qui n'ait pas d'étiquette, ou le moins possible. Ou s'il en a une, qu'elle ait un petit air d'inconnu, qu'elle ne résonne pas trop familière à vos oreilles. Suivre la grand route thérapeutique, c'est suivre l'autoroute de la mort.

08 janvier 2009

Le Psychologisme, le coeur et son absence

"D'où vient cette rancune à l'égard de... ?"
"Qu'avez-vous donc vécu pour tant haïr les... ?"

Questions typiques du psychologisme.

Le psychologisme, c'est cette tendance à ramener toute idée, toute thèse à la psychologie de son auteur. Bien sûr, il y a un rapport assez direct entre le vécu d'un auteur et ses points de vue. Mais est-ce l'essentiel ?

Si on prouve que untel, opposant à l'avortement, est aussi le fils d'une féministe qui aurait bien aimé avorter mais qui ne l'a pas pu, a-t-on ainsi réfuté ses arguments ?

Non.
On les a juste contextualisés.

De toute évidence, on s'intéresse plus facilement à ce qui nous touche de près ou de loin qu'à ce qui ne nous concerne pas. Mais au fond, tout nous concerne ; tout devrait nous toucher. Les drames ou problèmes personnels ne sont que des portes, des sas : ils ouvrent sur des prises de conscience, ils permettent d'ouvrir les yeux sur des problèmes ignorés, négligés.

Avoir faim sensibilise à la faim dans le monde, être pauvre sensibilise à la pauvreté dans le monde, etc.

Demandera-t-on à ceux qui manifestent contre l'attaque des israéliens ce que les israéliens ont pu leur faire, pour qu'ils leur témoignent une telle hostilité ?...
Demanda-t-on aux militants pour les droits de l'Homme ce que le général Pinochet avait bien pu leur faire, pour qu'ils le haïssent à ce point ?...

La haine du mal, de l'injustice, de la violence, du sadisme et de l'abus du pouvoir (qui n'est que le verso de l'amour du bien, de la justice, du respect et de l'humanité) n'ont pas besoin d'être expliqué.

Car si elles avaient besoin d'être expliqué - par des circonstances particulières, un désir de vengeance personnelle - cela voudrait dire que l'amour du bien, de la justice et de l'humanité sont des anomalies, des bizarreries qu'il faut justifier.

Il est naturel et normal de haïr le mal et d'aimer le bien. Ce qui ne l'est pas, ce qui aurait besoin d'être expliqué par une histoire particulière, des circonstances spécifiques, c'est de ne pas éprouver ces sentiments-là.

La psychiatrie fait des ravages. Elle est au service du nouvel ordre mondial, elle fait partie du grand projet de contrôle mental qui permettra de l'instaurer.

Je ne l'aime pas parce qu'elle est nocive. Mauvaise pour la santé physique et mentale.

Je n'aime pas non plus le satanisme.

Et pour ne pas l'aimer, je n'ai pas besoin d'y avoir été exposé directement - il me suffit de savoir ce que vivent ses victimes.

Je n'aime pas davantage les électrochocs - et pourtant personne ne m'en a jamais fait... bizarre, non ?

Non, pas bizarre du tout.

Pour ne pas aimer les électrochocs, il suffit de se renseigner sur les électrochocs.

Ne cherchez pas des causes secrètes aux dégoûts et aux aversions, des histoires croustillantes qui expliqueraient pourquoi untel ou untelle pense ceci ou cela, déteste ceci ou cela.

Cherchez plutôt si ces dégoûts et ces aversions sont justifiés ou non : sortez de votre bulle, intéressez-vous au monde, renseignez-vous. Vous n'êtes pas tout seul sur cette terre.

07 janvier 2009

Tremblez mais osez !

Voici un témoignage fort intéressant sur les livres de Susan Jeffers... C'est une internaute qui l'a laissé sur doctissimo.
J'ai lu pour ma part "Tremblez mais osez" qui est effectivement un excellent remède contre la peur... à lire ou relire dès qu'on a une décision difficile à prendre ou qu'on doit passer à l'action malgré le stress.

"Bonjour!
J'avais envie de partager le soulagement et l'aide extrêmement importants que m'ont apporté les livres de Susan Jeffers par rapport a mes problèmes d'anxiété généralisée, de dépression chronique et d'isolement.

J'ai commencé par acheter "tremblez mais osez", un titre un peu nunuche pour un contenu simple à lire et qui peut aider dans tous les domaines de la vie, ce livre me "parlait"...

J'ai donc acheté "osez briser la glace"( ayant des problèmes de timidité) : plein de bons conseils pour aborder les relations amicales, amoureuses et professionnelles plus sereinement.

Et aujourd'hui j'ai acheté "la vie à bras le corps", je n'en ai lu que quelques chapitres qui déjà m'ont apporté un grand soulagement face aux problèmes que je rencontre dans ma vie actuellement.

Ne jamais oublier : une seule certitude : la vie n'est qu'incertitudes, c'est de là que viennent beaucoup de souffrance car on cherche en vain à maitriser l'avenir ou regretter la passé alors qu'on n'y peut rien.
Bonne lecture!"

Tremblez mais osez, c'est ici.

Drôle d'aveu

Les lignes que vous allez lire sont tirées du "Diable Intérieur - Anatomie de la dépression".

Elles sont étranges... étranges par la vérité inavouable qu'elles livrent avec une innocence parfaite, qu'on a bien du mal expliquer : cynisme ? inconscience ? grain de folie ?...

"En lisant attentivement ces pages, vous apprendrez comment être déprimé : ce qu'il faut ressentir, ce qu'il faut penser, ce qu'il faut faire."

Et si tous les livres, ou presque tous les livres, qui ont pour sujet la dépression étaient en fin de compte cela : des "Devenez dépressif en 10 leçons" ?

Les livres qui aident, ou plutôt qui aideraient, les "dépressifs" à aller mieux ne sont pas ceux qu'on leur propose. Ceux qu'on leur propose sont des bouées en plomb : s'y accrocher ne sauve pas la vie.

Est-ce qu'un "déprimé" a besoin d'apprendre comment être déprimé ?...

Ou besoin d'apprendre comment être heureux ?

Dans l'écart qui sépare les préoccupations de ceux qui vont mal des livres qui leur feraient du bien, qui bâtira un pont ? Qui dessinera la trajectoire qui va du problème à sa solution ?

Pas les psychiatres.

Troc

Nous vivons dans monde bizarre… un monde où la spontanéité des sentiments a été perdu, où le naturel s’est absenté – un monde où une police médicale réglemente et légifère sur les états d’âme les plus intimes. Et où nous acceptons, voire célébrons, ce viol étrange, inédit, de notre intériorité.

L’œil de big brother est ouvert ; il nous observe, il nous scrute, et nous lui sommes reconnaissant de sa vigilance.

Sous la puissance diagnostiquante de nos médecins et psychiatres, nous sommes en sécurité. Non pas en sécurité à l’abri de la souffrance, mais en sécurité à l’abri de l’inconnu.

Du menaçant.

De l’indéfinissable.

De l’obscur sans nom et sans contour qui monte non du dehors mais du dedans, qui nous attaque de l’intérieur, de là où nous ne l’attendons pas. Tout va bien, semble-t-il – et nous sommes en sécurité d’un point de vue physique.

Alors pourquoi cette peur ?...

Cette peur qui semble presque trop grande pour notre vie ?

Et qui, obscurément, confusément, nous relie à une réalité inconnue et menaçante d’une manière impossible à analyser ?

C’est là que Big Brother entre en scène ; il nous dit : « ce n’est rien. C’est seulement… » et Il nomme la bête, il identifie la Chose sans nom.

Ou il prétend le faire.

Il ramène de l’Ordre dans le Chaos du monde. Il organise notre déroute. Il nous sauve de cette puissance inconnue qui nous traverse et nous menace, nous emprisonne et nous serre.

Ou il prétend le faire.

Il est la loi. La loi factice et rassurante.

Nous avons moins peur.

Nous sommes prêts à céder la dernière miette de liberté qui nous reste contre le réconfort de son paternalisme médical. Prêts à céder tous les droits chèrement acquis à une autre époque…

Le droit de penser, le droit de chercher, le droit d’oser, le droit de choisir.

Toutes ces libertés-là nous encombrent ; nous n’en voulons plus.

Donnez-nous seulement la paix ! Rien que la paix !

A défaut d’elle, c’est le calme chimique que Big Brother nous donne.

« Ne vous en faites pas : quand on est drogué, l’essentiel redevient inessentiel, la puissance se fond à nouveau dans le décor, tout redevient innocent et factice, creux et superficiel comme un sourire commercial sur une affiche publicitaire.

Ne vous en faites pas… ce qui est à vos trousses ne vous rattrapera pas ; nous y veilleront. Nous vous protégerons contre vos rêves, nous vous protégerons contre les vérités refoulées qui y affleurent. Nous vous protégerons contre votre propre intelligence, contre vos propres questions.

Nous vous délivrerons d’elles comme d’une tumeur… Comme d’un grain de beauté cancéreux… Et vous serez à nouveau léger et rieurs, vous flotterez à nouveau sur l’écume des choses, surfeurs du frivole… »

Alors nous leur donnons notre vie – notre vie meurtrie et vide.

Alors nous leur donnons quelque chose que nous n’aurions dû donné à personne.

Alors nous sommes soumis.

Alors nous sommes perdants.

Alors nous perdons notre cher, notre précieux, notre inestimable libre arbitre… Et c’est de notre faute.

06 janvier 2009

Normal... et Humain.

Etes-vous normal ?

Un nombre incroyablement élevé de personnes se tracasse, se torturent, se désespèrent et s'angoissent à l'idée qu'ils ne sont pas normaux. Le doute les ronge ; l'incertitude les minent : sont-ils complètement normaux ?... presque normaux ?... Complètement anormaux ?

A l'idée de sortir, ou d'être sortis sans le savoir, de cette Sacro-Sainte Normalité, ils tremblent, ils paniquent.

Un examen approfondi de cette notion de "normalité" s'impose donc.

[je l'ai d'ailleurs déjà commencé dans d'autres posts.]


Normalité : "Caractère de ce qui est normal."

Jusque-là, on est d'accord - mais cette définition du dictionnaire n'apporte pas de révélation inédite, c'est le moins qu'on puisse dire. Grattons donc un peu du côté de "normal" :

"Qui est conforme à la norme, à l'état le plus fréquent, habituel; qui est dépourvu de tout caractère exceptionnel. Qui se rencontre dans la majorité des cas."

Avec cette définition-là, la normalité, c'est ce que fait la majorité.

Mais comment savoir ce que fait la majorité ?... Ce n'est pas si facile ! Car il y a ce que les gens disent, pensent et font - et ce qu'ils avouent dire, penser et faire. Et ce n'est pas la même chose.

Par exemple, les gens se sentent souvent faibles et "pas à la hauteur". Mais ils se gardent bien d'en parler... pour garder une façade lisse qui ne leur attire pas d'ennui : une faiblesse affichée est comme une chèvre qui bêle la nuit à la lisière d'une forêt pleine de loups affamés.

Notons aussi un autre point. C'est que 49,999% de la population, ce n'est pas la majorité. Est-ce à dire qu'un comportement qu'on rencontre dans 49,999% de la population est anormal ?... Certainement pas.

Ce qui est normal, ce n'est pas ce que fait la majorité au sens strict, mais plutôt ce que fait (dit, pense, etc.) un nombre important de personnes.

Et c'est là qu'on prend conscience du caractère éminemment plastique et élastique de ce concept de "normalité"...

Car selon les époques et les lieux, le comportement le plus habituel change du tout au tout. Dans certaines civilisations, la polygamie est normale - dans d'autres, elle est une aberration. Dans certaines civilisations, l'anthropophagie est normale - dans d'autres, elle est considérée avec horreur et dégoût.

Alors même si on est rassuré sur la normalité de son comportement en fonction des normes de sa société, il devrait logiquement nous rester un doute sur la normalité de notre civilisation en tant que civilisation : est-elle, à l'échelle de l'histoire de l'humanité, normale ou non ?...

Car à quoi bon être normal, si c'est par rapport à une société qui est anormale ?

A quoi bon être comme tout le monde, si tout le monde est fou ?

Mais vous voyez que déjà, le problème a pris des proportions énormes - car pour savoir quelles sont les valeurs d'une société normale, il faudrait connaître toutes les sociétés qui ont existé et qui existeront, et évaluer quels traits culturels sont les plus récurrents...

Casse-tête insoluble s'il en est.

Revenons donc à notre petite normalité individuelle. Pourquoi y tenons-nous tant ? Qu'est-ce qui nous la rend si précieuse ?

Pourquoi tenons-nous tellement à être comme les autres - comme la majorité des autres ?

Voilà ma théorie - vous n'êtes pas obligé d'y adhérer :

Ce que nous ne supportons pas, dans l'idée de ne pas être normal, ce n'est pas seulement une différence qui nous singulariserait. Après tout, personne n'a envie de manquer de personnalité, de n'être qu'une pâle copie, qu'une imitation, qu'un clone.

Non, ce qui nous fait peur, ce qui nous angoisse, ce n'est pas la différence en tant que telle, c'est la différence qui nous fait sortir de l'humanité.

En effet, le mot "normal" ne signifie pas seulement "qui est typique de la majorité", il signifie aussi :

- qui ne présente pas d'anomalie physique ;
-
qui ne présente aucun trouble mental (Anton. aliéné, débile, déséquilibré, fou, inadapté, malade mental.)

Etre normal, c'est être un être humain complet, auquel il ne manque rien ni au physique ni... au mental. C'est ce point qui est crucial.

La folie fait peur, et la normalité semble être un rempart contre elle. C'est pourquoi nous nous accrochons si obsessionnellement à ce pare-fou... Y a-t-il moyen de lâcher-prise, sans se retrouver plonger dans les eaux troubles et insécurisantes de la folie, ou de la semi-folie, ou dans les brumes malsaines qui l'entourent et l'annoncent ?...

Oui, il y a moyen.

On n'est pas obligé de choisir entre une médiocrité apeurée (la normalité) et une folie flamboyante mais destructrice.
On n'est pas obligé de sacrifier son originalité à la norme, ou sa raison à son originalité.
On peut très bien avoir le beurre et l'argent du beurre : la force d'une personnalité libérée des normes sociales les plus étriquées et stupides, la clarté mentale d'un esprit qui reste solidement campé sur sa logique.

Le tout, c'est de comprendre qu'entre les autoroutes que tout le monde emprunte et les "portes d'ivoire et de corne" qui ne donnent que sur des révélations confuses et déstabilisantes, il y a un troisième chemin.

Voie du juste milieu où l'on peut marcher en toute sécurité, dans la confiance de son humanité.

Car, si on nettoie le mot du sens majoritaire et consensuel qui le pollue, normal signifie humain.

Etre normal, c'est être humain.

C'est avoir confiance en ces deux organes essentiels qui nous définissent en tant qu'êtres humains : notre tête et notre coeur.

Notre raison et notre courage.

Vous êtes normal, nous sommes normal, parce que nous sommes humains.



05 janvier 2009

Se suicider = les suicider

En se suicidant on encourage involontairement mais très réellement ceux qui nous aiment à se suicider aussi.

ça a déjà été dit et prouvé plusieurs fois (cf. les autres posts de ce blog sur le suicide), en voici une nouvelle preuve...

L'auteur du "Diable Intérieur" a tenté 1 fois de se suicider.

Or... sa mère, atteinte par un cancer incurable, s'est suicidée. Son mari et ses fils - dont l'auteur du "Diable Intérieur" - l'y ont aidé.

Elle a demandé à son fils, en mourant, de continuer à vivre une vie pleine et heureuse... comme si se tuer, qui plus est avec son aide, en était le moyen !

"C'était comme si, en projetant de prendre les pilules restantes, nous étions en quelque sorte reliés à ma mère, comme si nous pouvions la rejoindre en mourant de la même mort qu'elle. Je compris alors le sens des épidémies de suicides. Notre unique réconfort devant la perte de ma mère était d'envisager pour notre compte personnel une répétition de son départ."

Ce père et ce fils qui cherchent tous deux à récupérer les cachets restants - moyens du suicide de la mère - pour les avoir "au cas où" - au cas où ils voudraient eux aussi mettre fin à leurs jours...

Ce n'est pas ce qu'elle souhaitait.

Mais c'est ce qu'elle a semé, et ce qui a poussé : même avec la meilleure bonne volonté du monde, lorsqu'on se suicide, on pousse ceux qui nous aiment à en faire autant.

La Simplicité

"Simplifiez, simplifiez, simplifiez!" (David Thoreau)

Cette citation est facile à mémoriser...

Et sa simplicité stylistique est en parfait accord avec son message.

Lorsque je me souviens de ma vie d'avant, je mesure la prodigieuse simplification qui a eu lieu... dans ma tête.

Avant, c'était la guerre. Pensée contre pensée, désir contre envie, peur contre peur. J'étais le champ de bataille piétiné de deux armées compliquées qui se compliquaient mutuellement la vie. Une guerre incessante, qui ne connaissait aucun répit, aucune trêve.

Je n'entendais pas littéralement des voix, mais j'étais obsédée par les voix contradictoires de mes pensées conflictuelles. Des dilemmes insolubles se succédaient inlassablement les uns aux autres dans ma pauvre tête.

- Et je sais bien, même si avant je ne le savais pas, qu'il y a des centaines, des milliers, des millions de personnes qui sont en proie aux mêmes noeuds coulants -

Lorsque je voulais faire un peu de sport, le désordre mental s'intensifiait - comme si le fait de bouger mon corps aggravait les choses.

Maintenant...

- Et ne vous dites pas "elle a de la chance, c'est pas juste!" car même si j'en ai, ça n'a rien à voir avec le hasard, qui n'existe pas ; dites-vous plutôt : si pour elle ça a changé, ça peut aussi changer pour moi, à condition bien sûr que je m'en donne les moyens -

Maintenant... ma tête est étrangement tranquille.

A tel point que, lorsque je ne fais rien, j'ai parfois l'impression de ne rien penser non plus. C'était inimaginable avant... Les rouages trépidant tournaient à toute allure, dans le vide, les pignons des petits vélos travaillaient 24h sur 24.

Comment un tel changement a-t-il été possible?...

Comment immobilise-t-on la roue d'un vélo ?

En l'a confrontant à quelque chose de réel. Quelque chose qui la freine. En lui faisant toucher le sol.

04 janvier 2009

Réel ?

Ce que vous croyez est-il solide ?

Mieux vaut se poser la question maintenant - parce que si ce n'est pas le cas, tout ce qu'on construit n'est que du vent. A quoi bon un palais, s'il s'élève sur des sables mouvants ?...

A ce propos, voici la citation la plus aberrante, la plus contre-intuitive et contre-productive que j'ai jamais lue :

"Le vrai sage est celui qui fonde sur le sable". (Henri Régner)

Le vrai sage est celui qui perd son temps à construire quelque chose qui sera détruit par la marée montante....

Cette idée n'est pas seulement paradoxale : elle est illogique. Elle est fausse.

Le vrai sage est celui qui fonde sur le roc.

01 janvier 2009

Le sport rend-il dépendant ?

[j'ai déjà abordé un sujet similaire dans un post dont le titre contient "haricots verts"...]

Il y a dépendance et dépendance.

Le premier type de dépendance
L'être humain est naturellement dépendant de l'oxygène, de la nourriture et de l'eau : il ne peut pas vivre sans. ça fait partie de sa condition humaine et il n'y a là rien à déplorer et rien à combattre. A ce niveau-là, tout le monde est logé à la même enseigne.

Le deuxième type de dépendance
Mais généralement, lorsqu'on parle de "dépendance" on ne parle pas de ces dépendance inéluctables là... mais plutôt des dépendances à l'alcool, à la cigarette - pour ne citer que les plus connues.

Ces dépendances du deuxième type ont un seul point commun avec les dépendances saines : on a l'impression qu'on a besoin d'elles pour vivre.

Et deux énormes différences :
- cette impression de besoin est une illusion : on peut très vivre sans alcool et sans cigarettes (alors qu'on ne peut pas vivre sans oxygène) ;
- la chose dont on est dépendant nous détruit : la cigarette nous fait du mal, voire nous tue (alors que, je répète, on ne peut pas vivre sans oxygène) ;
- la chose dont on est dépendant est intrinsèquement de la drogue.

Le sport
Alors, est-ce que le sport peut-il rendre dépendant ?...

Tout d'abord, une précision. Ce n'est pas parce qu'une activité prend toute la place, ou presque toute la place, dans la vie d'un individu qu'il en est dépendant comme on peut être dépendant de l'alcool. On a le droit d'être passionné... (on a même le droit d'être obsédé, monomaniaque...) sans être classé parmi les drogués dépendants.

Un artiste qui consacre ses jours et ses nuits à la peinture est-il "dépendant" de la peinture ? Peut-être au sens 1 (comme on est dépendant de l'oxygène) mais pas au sens 2, car la peinture ne le détruit pas, au contraire, elle le fait vivre. Et peut-être qu'il ne survivrait pas si on le privait de ses pinceaux.

Ce qui nous amène à un premier constat : les dépendances de type 1 (dépendances naturelles et bénéfiques) sont à répartir dans deux catégories :
- celles qui sont les mêmes pour tout le monde ;
- celles qui sont spécifiques à certains individus.

Tout le monde a besoin d'oxygène, d'eau et de nourriture ; certaines personnes ont aussi besoin de consacrer une grande partie de leur temps à la musique, d'autres à l'alpinisme, d'autres à l'écriture, etc. Ces différences s'expliquent par l'infinie variété des vocations.

Donc...

Le sport peut être une dépendance (naturelle, au sens 1) pour quelqu'un dont le sport est la vocation, et tant mieux pour lui : on vit bien mieux avec une vocation que sans.

La seule manière de prouver que le sport est, pour certaines personnes, une dépendance au sens 2 (sens négatif), serait de prouver que...

- le sport est clairement nocif pour ces personnes (détruit leur santé) ;
- ces personnes pourraient très bien vivre sans sport ;
- le sport est intrinsèquement une drogue.

Cette démonstration est assez difficile à faire. Car quand bien même on aurait réussi à prouver les deux premiers points, le troisième résisterait : le sport n'est pas une drogue.

Une drogue - même à petite dose - altère le fonctionnement normal de l'organisme. Par exemple il suffit d'un verre de vin pour perdre une partie de ses réflexes. Le sport, lui, n'altère pas le fonctionnement normal de l'organisme... au contraire, il l'optimise.

Le Voyage

Mis à part les causes évidentes (rendre visite à quelqu'un, par exemple), il y a deux bonnes raisons de voyager :
1/ se changer les idées ;
2/ se changer les idées.

Se changer les idées au sens 1, c'est simplement s'aérer, chercher un peu de renouveau et de distraction - bref, partir en vacances pour un temps plus ou moins long - mais pas trop long tout de même, sinon on rate son objectif. Qui est ? Qui est de se rafraichir les yeux et le cerveau par un changement d'environnement.

Se changer les idées au sens 2, c'est beaucoup plus fondamentalement se renouveler, élargir son esprit et ses perspectives en les frottant à un autre univers, déchirer le cocon devenu étouffant de sa vie trop étroite en mettant un pied en dehors, partir pour un voyage initiatique, une quête existentielle de ses potentialités, briser la coquille, naître, renaître.

Ce deuxième objectif-là est l'un des plus grandioses qui soit... mais n'importe quel voyage ne répondra pas à cette aspiration, et il y a mille et une manière de rater un voyage de ce type.

On peut par exemple...
- partir en groupe (et connaître déjà parfaitement tous les membres du groupe) : on verra des paysages mais on ne sera certainement pas transformé ;
- partir seul et ne rencontrer personne ;
- partir avec ses préjugés, et s'y accrocher comme à son bien le plus précieux pendant toute la durée du voyage (on n'apprendra rien).

Une quête existentielle peut aboutir dans une impasse - et c'est particulièrement douloureux - aussi bien qu'elle peut déboucher sur un nouveau monde, une nouvelle vie.

Alors ? Que faut-il faire ?

Mon conseil sera tout bête, et vous pourriez aussi bien vous le donner à vous-mêmes : faites ce que vous voulez faire. Personne ne bénéficiera ou ne souffrira des conséquences à votre place. Vous n'avez qu'une vie : vivez-la ! A quoi bon agir comme les autres auraient agi à votre place ?... Il n'y a que vous qui soit à votre place.

Ne négligez pas vos désirs, vos envies ; écoutez ce que vous vous dites à vous-mêmes dans le silence ; mettez-vous à l'écoute de ce qui vous fait vibrer, de ce qui génère en vous des bouffées d'enthousiasme. Le projet le plus intéressant du monde peut ne pas vous intéresser - c'est votre droit. Et inversement, une idée que d'autres jugeraient tordues peut vous interpeler secrètement, vous solliciter avec insistance.

Alors faites ce que vous voulez faire - car si vous ne faites pas ce que vous voulez faire, vous ferez ce que les autres veulent que vous fassiez, ou ce que les autres veulent faire eux-mêmes, et ça n'a aucun intérêt. Ou peut-être que vous ne ferez rien du tout, faute d'un désir pour vous faire avancer.

On n'avance avec passion, avec persévérance, que pour ses propres projets, ses propres envies.

Alors ne jetez pas vos désirs à la poubelle : écoutez-les !...

Et s'ils vous disent de débuter l'apprentissage d'une nouvelle langue... d'un nouveau sport... d'un nouvel art... ou de partir... ou de déménager... ou de changer de style... ou de changer de lectures... ou d'assister à telle ou telle conférence... faites-le.

Vos envies sont votre essence ; si vous ne les utilisez pas, vous vous retrouverez en panne sèche au bord de la route. Suivez votre propre voie, même s'il n'y a personne d'autre sur la route ; chantez votre propre chanson, même si personne ne chante avec vous ; votre vitalité est à ce prix.

Croyez-vous sérieusement que les moutons découvrent jamais quelque chose ?... S'ils marchent en troupeau, c'est qu'ils vivent et meurent en troupeau. Leur individualité a été sacrifié bien avant que le couteau du boucher les égorge.

Vivez votre vie, c'est la seule qui vaille la peine d'être vécue ; et si aucun chemin n'est ouvert là où votre désir vous appelle, ouvrez un nouveau chemin à coups de machettes : les suivants vous diront merci.