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01 mai 2009

L'enjeu

Ranger la dépression dans la catégorie Maladies a notamment des conséquences sur :
- la manière dont on se représente son problème, dont on l’interprète et l’analyse ;
- les lieux où lui on cherchera une solution ;
- les personnes vers lesquelles on se tournera et auxquelles on fera confiance pour nous aider ;
- les moyens que l’on mettra en œuvre pour se sortir de difficulté.
Si vraiment la dépression est une maladie, c’est à un médecin de la dépister, de la diagnostiquer et de nous dire quoi faire. Si la dépression est une maladie, on va se soigner avec des médicaments. Si ça ne marche pas, on ira à l’hôpital pour subir un traitement plus musclé. Au bout du compte, soit on guérira complètement et tout rentrera dans l’ordre – soit on guérira mais on gardera quelques séquelles – soit on guérira mais on connaîtra ensuite des rechutes plus ou moins graves – soit, c’est la dernière possibilité, on mourra à cause de cette maladie mortelle (par un suicide par exemple).
Si la dépression est une maladie, il est sage de faire ce que dit le médecin, de se confier à lui les yeux fermés, car lui sait, comme sa blouse blanche le démontre, et nous ne savons pas. S’il nous prescrit des petites pilules, on les avalera – de même qu’on a avalé sans rechigner les antibiotiques que nous a prescrit notre généraliste lorsqu’on avait la grippe. Tout traitement physique sera le bienvenu – y compris les électrochocs, pourquoi pas ?... Puisque le problème est physique, la solution l’est certainement aussi.
Voilà le programme que « la dépression est une maladie » nous réserve.
Mais supposons que la dépression ne soit pas une maladie…
La capacité des médecins à régler le problème de la dépression dépend entièrement de sa nature : si la dépression n’est pas une maladie, ils sont, par définition, aussi impuissants à lui trouver une solution qu’un plombier à réparer un ordinateur, ou un masseur-kinésithérapeute à refaire une toiture abîmée par la grêle. Si la dépression n’est pas une maladie biologique, alors les docteurs n’ont pas le C.V requis ; ils ne sont pas qualifiés. Et les seuls « médicaments » qu’ils peuvent prescrire pour la « soigner » sont des drogues sous un autre nom.
Imaginons que la dépression ne soit pas une maladie, mais qu’on en soit persuadé. Dans ce cas, que se passe-t-il ?...
On se rue plein d’espoir chez des gens qui ne peuvent rien pour nous, à part nous prescrire des cachets qui nous assomment, mais qu’on avale quand même, convaincu que c’est notre devoir de malade… Pourtant on garde espoir, on s’imagine qu’ils finiront bien par trouver le traitement qui le sauvera - un peu comme d’autres s’imaginent qu’on va bien finir par découvrir de la vie sur Mars, ou des extraterrestres. Espoir continuellement déçu. On dépense son énergie et son argent en vain, on se précipite tête baissée dans la mauvaise direction, en toute confiance, alors que c’est une impasse de plus en plus sinistre qui l’enfonce dans la pharmacodépendance (pharmacodépendance est un synonyme pudique de dépendance) et dans un désespoir toujours plus noir…
Bref : il est d’une importance cruciale de savoir si dépression est une maladie, ou n’en est pas une.

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