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04 juin 2009

L'orgueil, le narcissisme et la dépression

Quel rapport entre ces trois réalités-là ?

Soulignons d'abord le lieu étroit qui unit orgueil et narcissisme. S'admirer au-delà du raisonnable (et s'admirer n'est pas très raisonnable) conduit insensiblement, mais irrésistiblement, à l'orgueil. C'est comme une pente savonneuse qu'on ne peut pas s'empêcher de dévaler : dès qu'on se trouve génial - d'une manière ou d'une autre -, ou exceptionnel, ou magnifique, ou n'importe quelle autre qualité transcendante de cet ordre, le virus de l'orgueil se faufile dans notre esprit : ça y est, on se croit... arrivé quelque part... sorti du sac de l'humanité, tel le numéro gagnant de la loterie.

Fini le bonheur.

Le narcissime mène à l'orgueil.
L'orgueil mène à la dépression.

Ou du moins, il y conduit chez les individus qui valent quelque chose. Ceux qui ne valent vraiment rien (autrement dit ceux qui sont réellement méchants) peuvent, eux, être heureux et orgueilleux à la fois.

Mais si vous êtes plutôt gentil, pas au sens actif et strict du terme, mais au sens large, c'est-à-dire si vous êtes foncièrement inoffensif, vous ne pourrez jamais être heureux ET orgueilleux.

Vous serez soit orgueilleux...
Soit heureux...
Mais jamais les deux en même temps.

J'en sais quelque chose : chaque fois que je suis attaquée par le virus de l'orgueil (ce qui hélas m'arrive de temps en temps, beaucoup trop souvent à mon goût) un jour ou deux jours plus tard grand maximum, ma sérénité habituelle se disperse et je me retrouve à patauger dans les bas-fonds du dégoût de tout - surtout le dégoût de moi-même.

L'orgueil étant suivi par sa contre-partie naturelle : l'humiliation.

Comment nettoyer son cœur ?

Purifier son esprit, son âme, de cette rouille malsaine qui le ronge - j'ai nommé l'orgueil ?

Et le narcissisme en est si près que ça ne vaut pas la peine de les distinguer.

Quand le cœur va, tout va. Notre cœur est notre centre : quand il est sain, nous sommes bien. Notre équilibre affectif, intellectuel commence là, dans notre poitrine.

S'occuper de son cœur, c'est s'occuper de soi.

Je peux vous donner quelques uns de mes trucs anti-narcissisme et anti-orgueil (ceux dont je ne vous parle pas sont réservés aux croyants).

Le premier :

- confier à la personne qui vous inspire un sentiment - illusoire - de supériorité, à la personne que vous méprisez vaguement, à celle qui est l'occasion de votre bouffée d'orgueil, que vous êtes attaqué "par le virus de l'orgueil". Dire la vérité est toujours libératrice... y compris et surtout quand on a honte de la dire.

- s'asseoir par terre. Manger par terre. Les fesses sur le sol ramènent à une vision plus juste de la réalité.

- Se rappeler toutes les personnes bouffies d'orgueil qu'on a connues dans sa vie, et se souvenir de l'impression qu'elles nous faisaient. Se demander : "est-ce vraiment je veux être aussi égoïste, arrogant, narcissique, prétentieux, bouffi de vanité qu'elles l'étaient ?... est-ce que vraiment je veux être aussi prétentieusement nul qu'elles l'étaient ?..." La réponse devrait être "non".

- Rappeler quelques mauvais souvenirs. Des souvenirs où on a été pitoyable et surtout ridicule. Objectivement ridicule.

- Penser à la mort. Cet "être exceptionnel" qu'on se croit être va pourrir au fond d'une tombe. Et à ce moment-là, qu'aura-t-on d'exceptionnel ? Quelle supériorité a un cadavre sur un autre cadavre ?

Bon.
Je sais que ces conseils ne ressemblent pas beaucoup à ce qu'on entend sur la nécessité de "prendre confiance en soi" et d'acquérir une "meilleure image de soi".
Mais à chaque maladie, son remède.

Si vous êtes orgueilleux...

Si votre cœur est rongé par cette rouille-là...

Alors il faut que vous vous en débarrassiez. Il faut que vous changiez. L'altruisme, la générosité sont des clefs qui ouvrent ou du moins déverouillent la porte du bonheur ; le narcissisme et l'orgueil, des prisons infernales où l'on fait son propre malheur et celui des autres.

Penser aux autres - non pas juste pour se demander "qu'est-ce qu'ils pensent de moi ? est-ce qu'ils ont compris à quel point je suis génial ? est-ce qu'ils m'aiment ? est-ce qu'ils me respectent ?..." - mais pour se demander ce qu'on peut faire pour les aider n'est pas, certes, facile.

Surtout quand on n'a pas été élevé comme ça...

Surtout quand on n'a jamais été encouragé à se montrer généreux, dévoué, gentil...

Mais il n'y a pas d'âge pour apprendre.
Pas d'âge pour devenir meilleur que ce qu'on était.
Pas d'âge pour élargir les limites de son univers.

Le nombrilisme est triste et creux et vide comme un nombril : la seule manière d'être heureux, c'est de chercher son bonheur au-delà de soi-même, dans un absolu qui toujours, nous ramène à la nécessité de faire le bien.

De le faire aux autres - c'est-à-dire à nos prochains.

Le conseil que je vous donne est facile à donner ; je ne vous dis pas qu'il est facile à appliquer.
Je ne le trouve pas facile à appliquer.

L'égoïsme est naturel, et on n'y échappe pas. En tout cas, moi, je n'y échappe pas.

Mais c'est lorsqu'on tend sa volonté vers quelque chose de plus grand que soi - que ce soit la beauté, la vérité, ou encore le bien, qui de toutes façons les englobe - qu'on se sent exister et vivre.

Voici ce qu'écrivait George Sand, ce génie aussi vaste par le coeur que par l'intelligence, à sa fille adolescente :

"Un être intelligent et bien organisé arrive cependant à comprendre à ton âge que la vraie affection est d'aimer quelque chose, ce quelque chose, ce ne sont pas les rubans et les dentelles, c'est le bien, le beau, le bon, le vrai, et quelqu'un plus que soi-même. Ce n'est pas seulement un devoir, c'est un besoin des âmes généreuses".

Et c'est parce que c'est un besoin qu'on souffre de ne pas le satisfaire...

Notre être a des besoins plus nobles, plus difficiles à satisfaire, mais pas moins nécessaires, que ceux du corps.

Dans notre monde actuel, ces idées sont des P.V.N.I (paroles volantes non identifiées). à quoi pourrait-on les rattacher ?... Elles ne font écho à rien. Elles ne ressemblent à rien de ce qui se dit, à rien de ce qui se pense actuellement. La seule chose à laquelle elles font écho, c'est à une vérité oubliée, enfouie dans votre coeur.

Vous avez besoin d'idéal.

Vous avez besoin de vous dévouer, et d'aimer le bien, le beau, le vrai plus que vous-mêmes - et quelqu'un d'autre par-dessus le marché, si vous y arrivez...

Ce n'est pas un devoir - ou du moins, de nos jours, ce n'est pas plus considéré comme un devoir.

Mais c'est toujours un besoin.
Le besoin des âmes généreuses.

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