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29 novembre 2009

La responsabilité du "dépressif", de la société et des autres

En réponse à un avis.

Un lecteur me reproche de "culpabiliser le dépressif".

Il écrit : "Ce n'est pas la faute du dépressif si il l'est. Quand on vit une vie de m..., qu'on vit dans nos sociétés de m... ! Vous dites aux dépressifs qu'ils sont responsables de leur état : c'est pratique, ça permet d'enlever toute responsabilité à la société et aux autres."

Que nos sociétés, ou plutôt notre société (car plus ça va, plus il n'y en a qu'une, uniformisée par le Nouvel Ordre Mondial qui est en marche) soit déprimante, je n'ai jamais dit le contraire. C'est un vaste sujet ; j'en ai déjà parlé un peu, et il y aurait encore énormément à en dire.

Mais pour ce qui est "d'une vie de m...", à qui appartient-elle ?
à celui qui la vit, on est bien d'accord. C'est lui qui en est responsable.
Accuser sa vie, c'est s'accuser soi-même.

Admettons tout de même, pour faire plaisir à ce lecteur et à ceux, nombreux, qui pensent comme lui, et surtout pour voir où cette idée mène, que la dépression soit "la faute" aux autres (1) et à la société (2). Et rien qu'à eux.

Le "dépressif" serait donc une victime à l'état pur, une victime 100 % victime, sans additif ni adjuvant.

Sur le coup, cette idée est rafraichissante.
On se dit : "ce n'est pas ma faute, je n'y suis pour rien..." Soulagement. On respire plus à l'aise.

Mais après ?

D'accord, vous êtes une victime et rien qu'une victime. Mais maintenant, qu'est-ce que vous faites ? à part avaler les cachets que votre docteur vous a prescrit ?

- Rien.

D'accord. Pas de problème. Donnons-nous rendez-vous dans trois ans.

(Trois ans ont passé.)

"- Alors, votre dépression, vous en êtes où ?... ça va mieux ?
- ...
- Pas vraiment ? Mais vos cachets ?
- Ils ne me font plus d'effet...
- Ah, vous les avez arrêté alors ?
- Non, parce que lorsque je les arrête, c'est pire...
- Donc si j'ai bien compris, vous êtes exactement au même point qu'il y a trois ans, sauf qu'en plus, vous êtes pharmaco-dépendant..."

Si vous restez focalisé sur la responsabilité des autres et la responsabilité de la société, vous ne bougerez pas, et si vous ne bougez pas vous coulerez doucement mais sûrement dans les sables mouvants de votre statut de victime.

Bien sûr qu'il y a des causes extérieures à la dépression. Des causes sur lesquelles vous ne pouvez absolument rien. Mais si vous vous focalisez sur elles, vous ne verrez pas celles qui dépendent de vous, celles sur lesquelles vous pouvez agir.

D'ailleurs même cette société malsaine qui vous opprime n'est pas totalement extérieure à vous.

Elle vous opprime parce qu'il y a, dans vos idées, dans vos habitudes, une partie de vous qui pactise avec l'ennemi, qui se soumet à ses exigences, qui accepte ses "valeurs".

Un révolutionnaire a dit "Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !" Sa réflexion est transposable à d'innombrables domaines. Très souvent, ce qui nous écrase nous domine parce que nous avons plié les genoux.

Je reviens au sujet initial.

Si pour vous, l'essentiel est d'être innocent de ce qui vous arrive, vous n'aurez aucun mal à trouver des figures d'autorité pour vous déculpabiliser et vous rassurer. Mais à long terme, qu'y gagnerez-vous ?... Le pire destin qui soit, celui d'un être libre qui agit comme s'il ne l'était pas.

Celui d'un être humain qui se prend pour un objet.

Mais si pour vous, l'essentiel est de vivre vraiment, de bâtir votre avenir comme les castors bâtissent leur barrage (c'est-à-dire avec grand soin), ou comme les artisans du Moyen-âge bâtissaient une cathédrale (c'est-à-dire avec ferveur), alors vous avez tout intérêt à chercher votre part de responsabilité, votre part de choix, votre marge de manoeuvre. Vous avez tout intérêt à méditer sur vous-même, à explorer le territoire de votre liberté, à étudier vos alternatives.

On s'imagine souvent trop vite qu'on "n'a pas le choix", simplement parce qu'on n'a pas réfléchi suffisamment aux différentes possibilités qui s'offrent à nous. Parce qu'on ne voit pas de choix à faire, on pense qu'il n'y en a pas.

Alors que si, il y en a. Mais il faut les chercher, ces choix, et avant cela, il faut croire qu'ils existent.

Croyez d'abord que vous êtes libre, plus libre que vous n'imaginez actuellement, et vous découvrirez ensuite petit à petit qu'effectivement vous l'êtes.

Petit à petit vous prendrez conscience que de nouveaux choix s'offrent à vous - pas si nouveaux, en fait, parce qu'en réalité ils ont toujours été là sous votre nez, mais la différence c'est que maintenant, vous les voyez.

Est-ce normal d'avoir des rêves impossibles plein la tête ?

Dans ce post, je ne vais pas chercher à répondre à la question : "est-ce normal d'avoir des rêves impossibles plein la tête ?" mais juste à identifier ses points faibles, à éclairer ses zones d'ombre, pour vous aider à la reformuler d'une manière plus satisfaisante si vous vous la posez.

Les questions qui commencent par "Est-ce normal de..." ont toutes la même réponse : OUI et PEUT-ÊTRE.

Car il faut d'abord savoir ce que vous entendez par "normal", mot ambigu s'il en fût.

- Si vous définissez normal comme ce qui est "compréhensible, logique d'une manière ou d'une autre, appartenant de plein droit à la nature humaine", bien sûr que OUI ! Bien sûr que c'est normal ! Vous êtes un être humain : votre comportement, vos émotions, vos pensées ne peuvent pas être autre chose qu'humains. A ce niveau-là vous n'avez pas le choix.

- Si vous définissez normal comme "raisonnable, sage, intelligent", bien sûr que... hum, laissez-moi réfléchir deux minutes... bien sûr que PEUT-ÊTRE.

Car tout dépend du contexte, tout dépend du reste de la question. Pour ce qui est d'avoir des rêves impossibles plein la tête, tout dépend de ce que vous entendez par "rêves" (illusions ou projets ?) et ce que vous entendez par "impossibles" (vraiment impossibles ? difficiles à réaliser ?). Peut-être que c'est intelligent et peut-être que c'est stupide : tout dépend des rêves en question.

- Et maintenant si vous définissez normal comme "conforme à ce que dit, pense et ressent la majorité de la population" bien sûr que... je n'en sais rien. Je ne suis pas un institut de sondage. De plus, je me fiche totalement de ce que dit, pense et ressent la majorité de la population.
Enfin non, en réalité je ne m'en fiche pas... en réalité je déplore ce que dit pense, pense et ressent la majorité de la population.

Mais à mon tour de vous poser une question : qu'est-ce que ça changerait à votre vie de savoir que ce que vous dites, pensez et ressentez est conforme à ce que dit, pense et ressent la majorité de la population ? Vous croyez que tous vos problèmes seraient résolus ? Vous croyez que vous seriez dans la bonne direction ?
Si c'est ce que vous imaginez, enlevez ces lunettes aux verres conformistes de votre nez. Elles déforment votre vision.

Si vous avez des rêves "impossibles" qui vous tiennent vraiment à cœur, qui nourrissent votre espoir et votre âme, n'écoutez pas le troupeau ricanant qui bêle autour de vous : "C'est impossible... tu n'y arriveras jamêêêêê... La vie ça ne marche pas comme ça... Arrête de rêver..."

N'écoutez pas ceux qui ont tué leurs propres rêves et qui, du coup, voudraient que tout le monde fasse comme eux.

Lisez plutôt un bon livre de développement personnel, par exemple Le succès selon Jack ou Psychocybernétique (de préférence les deux). A la différence de votre entourage, ces livres vous encourageront, vous aideront à croire que c'est possible, que vous êtes capable, que vos rêves sont à votre portée.

Et si vous avez des fantasmes totalement déconnectés du réel, des rêves stériles n'ayant aucun point de contact avec votre réalité intérieure et votre véritable personnalité, sacrifiez-les sur l'autel de vos rêves "impossibles" première catégorie (ceux qui méritent que vous fassiez tout pour les réaliser).

Mais dans tous les cas, ne prenez pas pour boussole ce que tout le monde dit, pense et fait.
Ne prenez pas pour boussole le pseudo bon sens de ceux qui n'ont jamais eu d'autre ambition que de continuer à regarder la télévision, bien installé dans leur fauteuil.

Votre vie n'est pas un produit industriel standard conçu pour convenir à n'importe qui, une taille unique que des millions de corps peuvent enfiler mais bien votre vie, celle qui vous est propre.

C'est pourquoi votre propre connaissance de vous-même, votre propre raison, votre propre intuition, vos propres "aime" et "aime pas", vous guideront bien mieux que les autres ne pourront jamais le faire.

Votre avenir vous attend

Ne misez pas sur le passé.

Il est mort et enterré.

Vous avez peut-être été très heureux jadis, mais ce n’est pas une raison pour vous cramponner à ce qui n’est plus, pour vous agripper à des souvenirs que rien ne ressuscitera.

Ces cendres ont été dispersées par le vent depuis longtemps.

Laissez les morts enterrer les morts, et faites bon accueil à ce jour qui vous ressemble, à ce présent qui est le vôtre, à cet avenir qui vous fait riche. Misez sur vous, c’est-à-dire sur vous aujourd’hui et demain, c’est-à-dire sur votre capacité à vous renouveler et à aller de l’avant. Votre avenir vous attend.

27 novembre 2009

Qu'est-ce que "tout" ?

Bien sûr, je pourrais vous expliquer en détail ce que j'entends par "tout" - autrement dit ce que je pense être l'essentiel. Cet essentiel qui rend heureux quand on l'a, et très malheureux quand on ne l'a pas.

Mais je connais déjà le résultat : vous ne seriez pas convaincu.
Vous ne seriez même pas intéressé.

Il y a des informations (ou des idées) qu'il est impossible d'avaler quand on vous les sert sur un plateau. Il faut aller les chasser soi-même, les guetter longuement dans la brousse, les pister pendant des jours, des semaines, des mois ou des années avant cela.

Il y a une route qui vous est propre et que vous devez non seulement parcourir vous-même, mais aussi découvrir vous-même.

Alors tout ce que je peux faire dans le cadre de ce post, c'est vous renvoyer la question :

qu'est-ce que "tout" ?

Vous savez déjà que ce n'est ce qui se voit et ce qui se touche. Ce n'est pas l'argent, ce n'est pas les amis, et ce n'est même pas l'amour - et Dieu sait que l'amour est important !

C'est cette part invisible qui rend la part visible creuse et insatisfaisante comme un décor de théâtre quand elle manque.

- Votre tout est peut-être le même que le mien (et peut-être pas) mais il ne serait pas vôtre si vous ne le découvririez pas vous-même... -

Mais voici une piste de réflexion qui peut vous aider :

Pensez à deux situations.

A/ Dans la première, vous savez que vous allez mourir dans une semaine (ou disons un an). Qu'allez-vous faire pendant le temps qui vous reste ? Auriez-vous des regrets ? De quel genre ?
Pensez-y avec intensité. Imaginez que vous allez vraiment mourir.

D'ailleurs c'est vrai : vous allez vraiment mourir. Et moi aussi.
On l'oublie trop souvent...

La mort est un tamis qui fait le tri entre ce qui n'a aucune importance, et ce qui en a.

Pensez à votre propre mort et demandez-vous ce qui, à ce moment-là, au moment où la mort sera certaine et proche, vous voudriez faire, dire, mais aussi avoir fait, avoir dit. Ce que vous auriez aimé ne pas avoir fait, ne pas avoir dit. Et ce que vous aimeriez comprendre, ou avoir compris avant.

B/ Dans la deuxième situation, vous risquez de mourir. Vous êtes par exemple sur un bateau au beau milieu d'une terrible tempête, en pleine nuit. Matériellement, vous ne pouvez rien faire pour vous sauver. Mais la mort n'est pas certaine : la tempête pourrait se calmer.

Que se passe-t-il en vous à ce moment-là ?

Bref : pensez à la mort, à la mort certaine et incertaine, mais dans tous les cas proches. Imaginez vraiment vos émotions, pensées du moment. Bref : prenez de l'avance, anticipez.

Et voyez ce qui, dans votre vie, se décolore au tirage ou au contraire prend un relief inattendu.

ça ne vous donnera pas la réponse (qu'est-ce que "tout", qu'est-ce que votre "tout") mais ça vous en approchera.

Le vrai bonheur ne pâlit pas quand on le confronte à la seule certitude absolue que nous ayons à propos de notre avenir.

24 novembre 2009

Quand on a tout et qu'on est dépressif, comment faire ?

Un internaute est arrivé sur ce blog en posant cette question à Google...

Avant d'y répondre, j'aimerais la rapprocher de ces autres questions :

- Quand on rencontre une sphère cubique, comment faire ?
- Quand on est très heureux et qu'on est très malheureux, comment faire ?
- Quand on rien ne nous manque et que quelque chose nous manque, comment faire ?

Vous avez compris où je veux en venir : quand on est "dépressif" (la manière moderne et médicale de dire "malheureux"), c'est qu'on n'a pas tout.

Le problème n'est donc pas tant de savoir quoi faire, mais plutôt de redéfinir ce "tout".

Ceux qui pensent avoir tout et constatent qu'ils sont, malgré ce "tout", très malheureux, ont une définition erronée de "tout".

Ils croient que lorsqu'on a de l'argent, une famille, des amis (éventuellement une copine ou un copain), on a tout.

Il n'en est rien.

"Tout", c'est beaucoup plus que ça.

Qu'est-ce qu'un arbre sans racine ? Un paquet de bois mort. Il ne suffit pas d'avoir les signes extérieurs du bonheur pour posséder ce qui constitue sa réalité profonde, son essence.

L'invisible et le sens sont tout aussi important que l'apparent et le concret.

Amour et labyrinthe : le fil d'Ariane

La vie est un douloureux labyrinthe, ou peut l'être, et si vous êtes actuellement en train de errer dans le dédale obscur de ses couloirs sans issue, je comprends votre souffrance.

Des relations qu'on voudrait tellement, tellement solides et qui sont tellement, tellement fragiles... Des abris qu'on voudrait tellement, tellement sûrs et qui le sont si peu... Des promesses (ou peut-être que ce ne sont pas des promesses, et qu'on les prend pour telles parce qu'on espère) qui se révèlent si vite décevante... Et quand ce n'est pas si vite, c'est encore pire, car on est encore plus déçu.

Un peu d'amour suffit parfois à nous fixer, à nous ligoter à un souvenir et un espoir, comme si - seule - cette personne pouvait nous donner ce que, une fois, elle nous a donné. Et l'impossibilité de faire son deuil d'un fragment de lumière nous retient en enfer. Comment aller de l'avant, quand on ne regarde qu'en arrière ? et comment regarder ailleurs, quand on ne sait rien de ce qu'il faudrait savoir ?

C'est notre ignorance qui nous étouffe - mais nous ne le savons pas.

La vie est dure. Elle est tissée de souffrances et de déceptions. Si vous vous débattez actuellement dans ses toiles d'araignées, je peux compatir. Je me souviens d'un jour de pluie où mon coeur a été violemment percuté, me laissant déboussolée par la souffrance.

On aime... on aime trop... et en face, c'est l'indifférence ou le vide, ou bien pire encore, l'avidité prédatrice que l'on rencontre. Quand elle rencontre le loup, la naïveté enfantine ne fait pas le poids.

Et pourtant, dans ce labyrinthe de souffrances, dans ce dédales de déceptions, de souffrances et de doutes, il y a bien une issue. Et avant l'issue, le fil d'Ariane qui y mène.

à vous bien sûr de trouver le vôtre... mais voici tout de même celui qui m'a servi, peut-être qu'il vous sera utile :

Ne vous laissez pas impressionné par ces grands événements auxquels vous ne pouvez rien, comme les catastrophes climatiques ou les deuils, ou les déceptions amoureuses, ou toute autre fatalité.
Ils sont impressionnants, mais au final, ce n'est pas eux qui décident de votre avenir.

Focalisez-vous plutôt sur ces choix (ces choix minuscules peut-être, ou que vous voyez tels), sur ces choix qui ponctuent votre route. Embranchements multiples : à droite ou à gauche ?...

à chaque fois, l'alternative est toujours binaire : c'est ceci ou cela.

Focalisez-vous donc sur ces choix qui vous appartiennent et que de toute façon, vous devez faire (vous n'avez pas le choix d'avoir le choix). Ce sont ces choix apparemment minuscules et dérisoires qui décident de votre destinée. Autrement dit, c'est vous qui décidez de votre avenir.

Je ne dis pas que vous décidez de votre revenu futur, ni du lieu où vous habiterez, ni de votre conjoint futur - non, rien de si précis.

Vous décidez de quelque chose de beaucoup plus essentiel même si c'est apparemment plus vague : vous décidez de votre vrai bonheur ou de votre vrai malheur. Vous décidez du sort de ce qu'il y a de plus précieux et de plus immatériel en vous. Vous décidez de l'avenir de votre âme.

Alors quel genre de choix vous rapprochera de votre vrai bonheur ?...

Les choix les plus sincères. Ceux qui reposent sur l'intérieur plutôt que sur l'extérieur, sur votre vraie nature plutôt que sur l'image que vous aimeriez bien donner aux autres.

Je vous donne un exemple apparemment dérisoire, mais qui pour moi ne l'est pas tant que ça.
Un exemple qui apparemment n'a rien à voir, mais en fait si.

J'avais une dizaine d'années et mes parents voulaient m'offrir un objet d'art : une petite sculpture en marbre. J'hésitais entre un cygne gracieux et un taureau. Les deux statuettes étaient jolies, mais en réalité, il n'y en avait qu'une qui me plaisait : le taureau.

Il était campé solidement sur ses quatre pattes, le cou massif et les cornes largement ouvertes comme un porte-manteau. L'image même de la stabilité terrienne. Rien de poétique là-dedans, ou du moins, rien de léger ou de flottant : plutôt du réel et du paysan.

Le cygne était gracieux, avec un cou sinueux, des ailes décoratives. Au fond, il ne me plaisait pas.

Si pourtant j'hésitais entre les deux statuettes, c'est qu'il me semblait que le cygne aurait donné une image plus valorisante de moi - j'y voyais un signe extérieur de bon goût, de raffinement.

Et j'hésitais donc entre ma vraie nature (qui me poussait vers le taureau) et un mensonge.

J'ai choisi le taureau.

Et je vous conseille de faire de même : chaque fois que vous hésitez, penchez vers ce qui résonne le plus intimement avec ce que vous êtes à l'intérieur, loin des regards. C'est à force de faire des choix sincères, des choix authentiques, qu'on trouve l'issue du labyrinthe.

Et l'éclatante lumière du dehors : paix.

La passion amoureuse est comme la mort : quand elle arrive on ne peut y échapper. Mais on peut tirer d'elle la leçon qu'il y a à en tirer.
Ce sont les pires souffrances qui ouvrent les routes les plus directes vers le bonheur...
A condition d'accepter ce qu'on ne peut changer, et d'ouvrir son coeur à leur enseignement.

Le travaillisme

En principe, un être humain normalement constitué et doué de bon sens ne travaille pas pour travailler, mais pour atteindre l’un de ses trois buts :

- gagner de l’argent ;

- faire quelque chose d’important parce que constructif et utile ;

- se faire plaisir.

Le meilleur travail étant bien sûr celui qui permet d’atteindre simultanément ces trois objectifs.

Mais dans notre civilisation, ce n’est pas toujours le cas. En effet, notre monde occidental moderne est imbibé de travaillisme. Le travaillisme est cette idéologie bizarroïde qui célèbre le travail comme un but en soi. Travailler pour travailler, telle est la devise du travaillisme. Dans la perspective travailliste, le travail n’est pas un moyen mais une fin, une valeur, un principe pseudo-moral, bref : une idole.

Veau d’or ?... Oui, mais aussi et surtout bœuf de labour portant œillères : il s’agit de travailler dur sans se poser de question, et surtout sans se demander pourquoi.

Ce que prétend le travaillisme, c’est que le travail est un bien en soi, un honneur, et que n’importe quel travail justifie celui qui l’exerce en lui apportant identité, dignité et sens. L’essentiel ne serait pas d’être utile, ou de gagner de l’argent, ou de se faire plaisir (les trois vrais buts qui se cachent derrière le travail), mais seulement de travailler, peu importe à quoi, peu importe comment.

Le travaillisme donne son absolution aux personnes qui, par amour de l’argent, se résolvent à exercer un métier malpropre : il leur donne bonne conscience. Je ne pense pas aux éboueurs, dont le travail est très utile, mais par exemple aux conseillers financiers qui entortillent leurs « clients », ou plutôt victimes, dans des emprunts à taux variables, ou aux publicistes qui mettent leur créativité au service du mensonge et de l’alcool.

D’autre part, et c’est peut-être le plus grave, le travaillisme conduit beaucoup de gens à sacrifier leur vie intérieure (autrement dit privée) à leur vie extérieure (autrement dit professionnelle), ce qui équivaut à arracher les racines d’un arbre dans l’espoir de favoriser la croissance de ses branches… En fin de compte, il ne reste plus que du bois mort.

Ce n’est que dans une société travailliste comme la nôtre que l’on voit de jeunes maman choisir de faire garder leur bébé nouveau-né par une nounou qu’elles payeront avec l’intégralité de leur salaire de caissière, et des salariés préférer le suicide à une démission ou un changement de poste. Hypnotisés par l’idéologie travailliste, beaucoup de gens se croient unis à leur travail par des liens indissolubles : ils sont convaincus que s’ils cessaient de travailler, ils cesseraient d’exister. Pour eux, le chômage ou la retraite, c’est le non-être.

Et pourtant, quoi de plus précieux que le loisir (à ne pas confondre avec les distractions souvent futile que l’on nomme loisirs, au pluriel) ?

Quoi de plus précieux que la possibilité d’employer son temps à son gré ?...

On ne peut se construire une existence intéressante que si on a, d’abord, le temps nécessaire pour y penser. De même que l’idée précède sa matérialisation, les circonstances favorables à la réflexion précèdent l’idée. Le temps libre est, pour ceux qui sont disposés à en tirer parti, une source inépuisable de bienfaits. Même une période de chômage (angoissante en soi) représente une opportunité, l’occasion en or de réfléchir à ce qu’on veut, et aux moyens de l’obtenir.

22 novembre 2009

Le médicalisme

Le médicalisme est cette idéologie qui tend à déguiser tout et n’importe quoi soit en maladie, soit en médicament.

Lorsque les psychiatres parlent de la nécessité de « soigner » une « dépression réactionnelle », ils font du médicalisme, puisqu’ils considère que le chagrin ressenti lorsqu’on perd quelqu’un qu’on aime est pathologique, maladif : l’indifférence est leur norme. Lorsque les psychiatres et les officiels présentent la tristesse (émotion naturelle faisant parti intégrante de la nature humaine) comme « une vraie maladie », ils font aussi du médicalisme. Et lorsqu’ils baptisent des séances d’électrochocs qui grillent le cerveau « thérapie », et des drogues particulièrement dangereuses « médicaments », ils en font encore.

Le médicalisme règne en Occident, et chaque jour son pouvoir se renforce.

Petit à petit, il transforme le monde en un vaste hôpital où l’on ne rencontre plus que des malades d’une part, et des docteurs toujours prêts à dégainer leurs traitements de l’autre.

Les enfants remuants et indisciplinés ne sont plus des enfants remuants et indisciplinés, mais des petits patients souffrant d’un Trouble de Déficit de l’Attention ou d’Hyperactivité. Les femmes âgées (ou si vous préférez mûres) qui ont cessé d’être fertiles ne sont plus des femmes qui ont cessé d’être fertiles mais des patientes souffrant d’une maladie du déficit ostrogénique. La vieillesse, la colère, la timidité, l’anxiété, le mauvais caractère, le deuil, la calvitie… Petit à petit n’importe quel problème ou défaut se retrouve morbiformé, c’est-à-dire modelé en forme de maladie.

Que le médicalisme soit mauvais pour le moral, c’est une évidence.

Se croire malade quand on ne l’est pas ne peut qu’enfoncer dans une impasse : on se « soigne » et on ne guérit pas (puisqu’on n’a jamais été malade), on remet sa vie entre des mains de spécialistes au lieu de la vivre au mieux de ses capacités, et ainsi on perd peu à peu sa lucidité et son autonomie, devenant pareil à ces gamins qui demandent à la maîtresse s’ils doivent tracer une marge de trois carreaux ou de quatre.

20 novembre 2009

Un excellent article sur le virus H1N1 et surtout son vaccin

Si vous ne devez en lire qu'un seul, lisez celui-là :

http://www.ecologie-bio.com/modules/news/article.php?storyid=80

Je sors peut-être un peu de mon sujet ?...

Quoique : pour trouver le bonheur de son vivant il faut rester vivant, c'est une condition nécessaire (et pas suffisante).

Et puis c'est maintenant qu'il faut se renseigner...

Au fait, j'ai lu récemment le livre-témoignage passionnant d'une femme qui a été utilisé comme esclave par les présidents américains et "l'élite" américaine - c'est-à-dire les puissants de ce monde, ceux qui nous dirigent - dans les années 60, 70 et 80. Elle y explique que cette "élite" a des convictions darwinistes ; les vaccins sont à leurs yeux un moyen de mettre en œuvre la sélection naturelle - qui n'est pas si naturelle que ça, en l'occurrence : les plus forts survivent (abîmés), les plus faibles meurent.

15 novembre 2009

Invraisemblable



La transformation de ça (à gauche), en ça (à droite), est-elle plus vraisemblable que celle d'une personne déprimée, perdue, angoissée, obsédée par les idées noires en une personne sereine ?

Mon témoignage

La sensation que j'avais avant, c'était celle d'être engluée. Enfoncée jusqu'à la ceinture dans des marécages noirs et visqueux. Une sensation qui faisait tellement partie de moi que je ne l'identifiais pas comme telle. Toute ma vie (sauf mon enfance et deux ou trois années privilégiées à la fac), a été un cauchemar pesant. Cauchemar, car exactement comme dans un cauchemar, une oppressante sensation d'irréalité et d'absurde pesait sur tous mes gestes, tous mes choix.

Aujourd'hui, ma ligne de flottaison s'est déplacée. Et quoique je n'ai perdu aucun kilo - plutôt le contraire -, je jouis d'une sensation de légèreté qui, si je me replace dans le contexte d'avant, est quelque chose de tout à fait extraordinaire. C'est un peu comme si la matière même de mon corps avait changé. Avant, c'était du plomb, et quelque chose de plus pesant, de plus oppressant, de plus mystérieux encore. Un métal maléfique sorti de l'alambic d'un alchimiste travaillant avec les forces obscures. Maintenant... mon corps est souvent de plumes.

Bien sûr, ça ne veut pas dire que je suis super contente tous les jours. J'ai des jours de fatigue, un peu de tristesse ou de découragement par moments. Mais la couleur du fond de mon existence a changé : avant c'était du noir lacéré de rouge, un chaos d'absurdité et de violence, maintenant c'est un gris bleuté, un peu perlé, pas spectaculaire mais plutôt agréable à vivre.

Témoignage de : Lucia Canovi, 32 ans. (témoignage écrit en 2006)

Le témoignage de Noémie

Je donne la parole à Noémie, ex-dépressive :

La vie. Le grand mystère de l'univers ! Beaucoup de gens méditent dessus. Vous, moi, et le reste du monde aussi. A quoi ça sert? Pourquoi est-elle ce qu'elle est? Pourquoi nous semble t-elle si dure? Pourquoi on s'y sent mal à l'aise, comme dans un lieu qui nous serait étranger et où il nous semblerait impossible de nous y plaire?


Comme beaucoup, j'ai détesté cette vie qui m'était offerte. Je n'avais rien demandé, et elle me semblait difficile à assumer. Trop de douleurs, dans l'enfance surtout. Et le poids des mots et des maux qui fait surface à l'adolescence... on ne peut pas fuir, on se prend les pieds dans ce passé qu'on a voulu oublier. La mort était omniprésente, je ne voyais qu'elle, j'en avais peur, et en même temps, elle m'attirait. J'étais mal, mal dans mon corps, mal dans ma tête, mal avec ma famille, mal à l'école (qui n'a rien fait pour me retenir !!!). Mon avenir me semblait aussi noir que l'étaient mon passé et mon présent. La vie ne m'interessait plus, elle ne pouvait rien m'offrir de bon, j'étais persuadée d'être condamnée au malheur éternel. Le suicide, j'y ai pensé. J'ai jamais eu la force de passé à l'acte. J'aurai aimé, mais là encore, je me sentais faible; trop faible pour le faire.

Une petite voix intérieure me rappelait à la raison. Cette voix, je ne voulais pas l'entendre. Cette voix, elle me disait qu'il fallait cessé de fuir, et faire un peu d'introspection. Connaitre et comprends mon passé pour pouvoir aller de l'avant. Cette voix me disait que si ma vie actuelle ne me convennait pas, c'est qu'une autre vie m'attendait, et qu'il fallait donc que je me donne les moyens de "me bouger". Bien sur, quand on va mal, cette petite voix; on a tendance à l'étouffer !!!! Elle ne nous dit pas du tout des choses qui nous arrangent...

Cette voix, j'ai fini par l'écouter. D'une oreille distraite tout d'abord, puis plus sérieusement. Cette voix m'expliqueait que je ne possedais pas cette vie, je n'étais pas maitresse de tout ce qu'il m'arrivait. Ca peut penser aliénant comme idée, car on a l'impression alors qu'on nous enlève notre précieuse liberté!!! Mais non !!! Le fait de comprendre que je ne contrôle pas tout et que certaines choses "me dépassent" m'a fait déculpabiliser. Je n'étais pas responsable de ce qui m'était arrivée. Tout ce qui nous arrive à un sens et une raison d'être.

Une nouvelle vision de la vie m'est alors apparue très clairement. C'est un jeu. Des épreuves nous sont attribuées. Et on doit passer ces épreuves en gardant ce fil rouge : semer le bien autour de soi. Si vivre pour moi me semblait inutile, alors j'allais offrir cette vie aux autres.

Au fil des épreuves que je passais, parfois très dures, je me rendais compte d'une chose : c'est qu'après chaque épreuves, que je passais en suivant toujours le fil rouge, j'étais récompensé par un bien, parfois dérisoire, parfois inestimable, mais toujours inespéré. "Derrière chaque mal se trouve un bien". Et celà est totalement vrai !

Evidemment, "passer des épreuves", ça n'est pas inné ! Il faut les règles du jeu, du jeu de la vie. Et ces règles, je les ai trouvées. Pas tout de suite, c'est vrai, parceque je les trouvais stupides. D'ailleurs, peut etre me trouvez vous stupide à l'heure actuelle !!! ^^

Grande révélation pour moi !!! Aussi surprenant soit-il, la vie a un mode d'emploi. C'est très complexe, mais très riche. Ca permet de passer les épreuves et de comprendre que le bonheur est en nous et qu'il faut juste l'accepter, et accepter son développement. Pour avancer, il faut des repères. Et les repères existent, il faut juste ouvrir les yeux et ouvrir son coeur. Il y a le bien et le mal, qui sont clairement défini. Ca parait ridicule de dire ça actuellement !! Mais comment vivre sans ces deux repères fondamentaux ?!

J'ai accepté de jouer le jeu de la vie selon les règles. On peut aussi choisir de ne pas jouer et de louper cette grande expérience. Moi j'ai préféré me lancer, je n'avais rien à perdre ! C'était "juste pour essayer", et aujourd'hui, je ne regrette vraiment pas !!!
Je ne dis pas que je trouve le jeu toujours marrant; parceque parfois les épreuves sont subtiles.. mais en tout cas, je suis "heureuse", je suis bien, je suis contente d'être ce que je suis, et ça, je vous assure, je pensais pas que ça pouvait m'arriver.

Témoignage de : Noémie Marwa, 20 ans, Nancy (témoignage écrit en 2006).

14 novembre 2009

Comment se débarrasser de l'auto-mutilation

Autrement dit : comment arrêter.

Si vous n'êtes pas concerné par le sujet, inutile de lire la suite.

Si vous l'êtes, j'espère que vous y trouverez quelques pistes. Sachant tout de même que je n'ai pas une expérience directe de l'automutilation. [Même si c'est vrai, une fois, à l'époque où j'allais mal, je me suis coupée la main pour saigner sur un dessin - que ne ferait-on au nom de l'Art ? - N'importe quoi... Mais passons.]

L'automutilation présente, c'est vrai, plusieurs points communs avec la drogue : il est plus facile de commencer que d'arrêter. Et dans les deux cas, on devient accro, dépendant : à la drogue d'un côté, à son propre sang versé et/ou aux lignes tracées et/ou à la douleur de l'autre...

L'automutilation est une "invention" relativement récente. Personne ou presque personne ne se mutilait il y a quelques siècles...

Mais en fait j'ai parlé trop vite : les dévots qui serraient leur silice, ou les chiites qui se flagellent, ce n'est pas nouveau, et ça saigne. L'automutilation a, historiquement, parti lié avec le désir de se purifier : on saigne pour expier ses péchés, pour s'en débarrasser.

Enfin c'est l'impression qu'on peut avoir.

De nos jours aussi, celles et ceux qui pratiquent l'auto-mutilation y cherchent souvent une sorte de purification.

Bon.

C'était juste pour donner une petite idée de ce que l'auto-mutilation signifie pour ceux qui s'adonnent à ce vice (oui, j'ai bien dit vice) - mais si on en restait là, ce serait très insuffisant pour s'en débarrasser. Alors prenons le problème à bras le corps. Attention : à partir de maintenant, je suppose que vous vous auto-mutilez.

L'auto-mutilation est un choix

Vous croyez que vous ne pouvez pas arrêter ?

C'est une illusion. Bien sûr que vous pouvez. L'automutilation est un choix. Pas le plus sage.

Sous l'emprise d'idées fausses (et du mal-être, et de mauvais exemples), beaucoup de personnes très intelligentes font des choix stupides.

Certes, il est difficile, voire très difficile, d'arrêter.
De même qu'il est difficile, voire très difficile, d'arrêter n'importe quelle mauvaise habitude... (les mauvaises habitudes sont constituées par la répétition de mauvais choix.)

C'est difficile, mais possible.

L'auto-mutilation est votre choix - et dans la mesure où c'est votre choix, vous pouvez en faire un autre. Vous pouvez arrêter si vous le décidez.

Rien ni personne ne vous force à vous tailler.

Même si vous avez l'impression contraire.

(Ceci dit, il y a bien quelque chose ou quelqu'un qui vous incite à vous tailler. C'est l'ennemi intérieur. Mais il ne peut pas vous forcer. Vous restez libre d'écouter ses mauvais conseils ou de ne pas les suivre. La petite voix diabolique qui vous pousse à vous mutiler n'est pas celle de votre maître. Vous n'êtes pas obligé de faire ce qu'elle vous dit de faire. Vous êtes libre, plus libre que vous n'en avez conscience.)

Si vous arrêtez l'AM, vous ne serez ni le premier, ni le dernier.

L'auto-mutilation est sale

Vous voulez vous purifier ?

Le sang versé est sale. Si vous voulez vous purifier, prenez de l'eau et du savon.

Les nobles du XVIIème siècle avaient un peu la même illusion : ils croyaient qu'ils pouvaient laver leur honneur dans le sang... Mais c'est une image débile, une métaphore en contradiction avec la réalité : on ne lave rien avec le sang. On salit avec le sang. Le sang est sale.

Regardez les films d'horreur, comme ils combinent toujours la crasse et le sang, la jerbe et le sang, la saleté et le pipi-caca et le sang. Ces associations sont logique, naturelle, inévitable : le sang (quand il n'est pas à sa place, c'est-à-dire circulant invisiblement dans le corps) est sale, malsain. Il attire les mouches. Il vire au noir. Le sang, c'est moche.

La pureté a toujours été associé à la blancheur et à l'eau, et cette association-là est tout à fait logique. Si vous vous sentez sale, lavez vous et habillez-vous en blanc !

L'auto-mutilation ne fait que vous salir encore plus. Elle vous corrompt l'âme en vous abîmant le corps. Elle vous empoisonne, vous pervertit. Non seulement elle vous détruit, mais elle vous pourrit.

Mais peut-être (mais probablement) que vous ne vous sentez pas littéralement sale. Si vous éprouvez des sentiments tels que la honte et la haine de vous-même, si vous vous sentez sale au niveau moral...

- lavez-vous (comme je l'ai déjà dit), prenez une bonne douche, allez au sauna ou au hammam ;

- et si ça ne suffit pas, punissez-vous d'une manière constructive : jeûnez.

Jeûnez, c'est-à-dire arrêtez de manger et de boire du lever du soleil à son coucher. Vous aurez mal à la tête, et là, vous vous purifierez vraiment, c'est-à-dire que vous purifierez l'intérieur de votre corps (par l'autolyse) et aussi votre esprit, qui par le jeûne renoue avec la simplicité et l'innocence - tous ceux qui pratiquent le jeûne peuvent en témoigner.

L'automutilation est un vice que l'on prend pour une purification, une tâche poisseuse et répugnante que l'on prend pour une expiation. Elle n'en est pas une.

L'expiation consiste, quand on fait quelque chose de mal, à s'excuser si possible et surtout, à ne pas recommencer.

Vous éprouvez le besoin de payer ? Vous sentez que vous êtes chargé de fautes - de fautes inconnues mais écrasantes ?... Alors, payez vraiment, payez de votre portefeuille ou de votre personne : donnez de l'argent à un SDF, ou faites un peu de bénévolat. Bref, allégez votre karma!

Vous pouvez aussi lire des livres de psychologie et/ou de développement personnel sur le sentiment de culpabilité, pour mieux comprendre vos émotions.

Je résume : l'automutilation est sale ; le sang est répugnant et poisseux, il ne lave rien mais au contraire tâche et salit. Si vous cherchez la pureté, cherchez la ailleurs.

Cherchez la dans la propreté du corps.
Cherchez la dans le jeûne.
Cherchez la dans les B.A. (bonnes actions).
Cherchez la dans des habits d'une blancheur immaculée.
Cherchez la dans une vie juste, régie par des principes.
Cherchez la dans la connaissance de vous-même.

Bon.

Tout ceci ne suffira peut-être pas pour que vous arrêtiez... Alors je vais vous donner un petit truc qui peut vous aider.

Automutilation et secret

Si vous êtes du genre à cacher soigneusement les cicatrices que vous vous faites... si vous ne parlez à personne de votre vice, si vous en avez honte... Alors voici une astuce pour vous aider à arrêter :

Engagez-vous auprès de vous-même, de façon très solennelle, à dire à 5 personnes que vous vous mutilez si vous recommencez encore une fois. Prenez cet engagement très sérieusement.

Et engagez-vous aussi à leur montrer vos cicatrices. Bref : engagez-vous à faire un "coming-out" bien embarrassant dans le cas où vous retomberiez dans cette perverse habitude. Et tenez parole.

Bien sûr, le truc ne marchera pas si tout le monde est déjà au courant et si vous n'avez pas honte de vos cicatrices. Mais dans le cas où vous avez gardé l'AM secrète, un bon coup de projecteur peut chasser le cloporte vivant sous le caillou : l'ombre est propice au mal, la lumière le dissipe.

L'âme et le corps

Encore une remarque : le corps et l'esprit ne sont pas des ennemis. La preuve : quand le corps est heureux, l'esprit n'est pas loin de l'être, et inversement. Le corps et l'esprit sont des alliés, des copains. Si vous faites du mal à l'un, vous faites du mal à l'autre. Ne croyez donc pas que votre esprit ou votre âme gagne quelque chose quand votre corps se fait torturer ou mutiler (que ce soit par vous ou par quelqu'un d'autre). C'est absolument faux. Il n'y pas de vases communicants.

Soigner et purifier votre corps, c'est dans une certaine mesure soigner et purifier votre âme.
Soigner et purifier votre âme, c'est dans une certaine mesure soigner et purifier votre corps.

Expression vs. auto-mutilation

Si vous vous mutilez parce que vous voulez écrire vos souffrances, changez de support, troquez votre peau contre un cahier et votre cutter contre un stylo, et écrivez vraiment. Et ne vous contentez pas d'écrire : faites lire. Y compris aux personnes qui vous ont fait du mal.

Peut-être qu'elles ne seront pas intéressées et qu'elles ne vous liront pas, mais vous au moins vous aurez dit, écrit, exprimé ce que vous avez sur le coeur.

Se mutiler ce n'est pas du tout écrire, même si - peut-être - vous en avez l'impression. Ecrire consiste à formuler sous une forme verbale des émotions et des pensées. Une cicatrice n'est qu'une cicatrice. Elle ne dit pas autre chose que : "cette peau a été blessé". Mais elle ne dit ni comment, ni pourquoi. Et ce qui est le plus important c'est le pourquoi.

La seule manière d'extérioriser sa souffrance, c'est de la dire. De l'écrire. De se l'avouer à soi-même - et éventuellement aux autres.

L'auto-mutilation est une fausse écriture, un pseudo-langage, comme elle est une pseudo-purification. Elle se substitue à la véritable parole, à la véritable écriture, à la phrase. Elle est la forme pervertie et malsaine du désir d'expression. Si vous souffrez, dites-le, écrivez-le.

Couper votre peau est une manière de vous bâillonner : vous ouvrez des plaies pour vous fermer la bouche, vous vous refusez un droit d'expression, vous canalisez sous une forme malsaine, dangereuse et inefficace l'envie de dire ce que vous ressentez vraiment (et peut-être aussi ce que vous avez subi, ce qu'on vous a fait) - et de le dire aux personnes concernées.

Ne vous censurez pas ; faites preuve de courage ; dites et écrivez ce que vous ressentez, ce que vous avez ressenti : plus de vérité et plus d'audace, plus de transparence aussi, vous permettront d'accéder à une existence débarrassée de l'auto-mutilation.

à condition de le décider, bien sûr...

Auto-mutilation et fréquentations

Si vos amis s'auto-mutilent, soyez radical : changez d'amis. Qui s'assemble, se ressemble.

Conclusion

Pour arrêter l'auto-mutilation, il est très important que vous preniez conscience :

- que jusqu'à présent, vous avez dû associer consciemment ou inconsciemment l'auto-mutilation à des choses positives, mais que toutes ces associations sont illusoires ;

- que l'auto-mutilation n'est pas quelque chose qui vous arrive, mais bien quelque chose que vous faites et que donc, vous pouvez arrêter de faire : que c'est votre habitude et que dans la mesure où c'est la vôtre, vous pouvez en changer ;

- que l'auto-mutilation ne vous apporte que du mal : non seulement elle vous abîme le corps et peut vous mener à une mort semi-volontaire, mais elle vous abîme l'âme, vous enfonce dans une forme de perversion et de vice, même si le mot vous paraît fort ou décalé ;

- que si vous cherchez la pureté, vous pouvez la trouver, mais ailleurs ;

- que si vous avez des souffrances à exprimer, des mauvais souvenirs à faire sortir, vous pouvez et devez les exprimer - mais pas sur votre peau, sur du papier, et peut-être aux personnes concernées (plus c'est difficile et plus ça fait peur, plus c'est nécessaire).

Deuxième conclusion

Même s'il est très difficile d'arrêter la cocaïne, c'est possible : même chose pour l'auto-mutilation.

Il faut être prêt à traverser une période de douloureux sevrage.
Il faut être prêt aussi à s'y reprendre à plusieurs fois si la première fois ça ne marche pas. Sans se décourager. Sans baisser les bras. La persévérance vient à bout de tout.
Et il faut être prêt enfin à changer de fréquentations - car tant qu'on fréquente des personnes qui s'auto-mutilent ou se droguent, on continuera soi-même.

Pour se débarrasser d'un vice (ie : une mauvaise habitude), il y a toujours un prix à payer.

Alors acceptez de payer le prix, et débarrassez-vous de l'auto-mutilation. C'est en votre pouvoir.

Ne vous laissez pas persuader par des témoignages décourageants qu'il est impossible d'arrêter. Il est toujours possible d'arrêter - que ce soit la cigarette, la cocaïne, les antidépresseurs ou même le crack. Et l'auto-mutilation n'est certainement pas pire que le crack. Et si malgré toutes vos recherches, vous ne trouvez aucun témoignage encourageant, décidez que le vôtre le sera - que vous montrerez aux autres qu'il y a une porte de sortie. Que vous arrêterez et que vous témoignerez, aidant ainsi les autres à décrocher de cette sale habitude.

La force de l'ennemi intérieur comme celle de l'auto-mutilation ne reposent que sur une chose : votre propre croyance erronée, votre propre conviction illusoire que vous êtes impuissant devant lui, devant elle.

Vous n'êtes pas impuissant. Lorsque vous vous taillez, c'est avec votre main, pas avec celle de quelqu'un d'autre. A cet instant-là c'est vous qui prenez la (mauvaise) décision, pas quelqu'un d'autre.

Alors réfléchissez bien à ce que vous voulez. Faites la liste des avantages et des inconvénients de l'auto-mutilation. Étudiez de près cette liste.

Prenez conscience que les avantages n'en sont pas et que les inconvénients sont encore pires que ça, et que eux sont bien réels : risque de mort (mort qui passera pour un suicide, ce qu'elle sera en un sens), cicatrices irrémédiables qui vous enlaidissent pour toujours, souvenirs gravés, ineffaçables, d'une très mauvaise période qui ainsi vous poursuivra même dans le bonheur, etc.

Puis, arrêtez l'auto-mutilation. Et si vous sentez le besoin de la remplacer par quelque chose, jeûnez.

Un autre article sur l'auto-mutilation ici :

http://marre-de-la-vie.blogspot.com/2006/07/lauto-mutilation.html


Des témoignages à lire sur l'arrêt de l'AM (comme quoi c'est possible) :

http://forum.doctissimo.fr/sante/anorexie-boulimie/mutilation-vous-arreter-sujet_170900_1.htm

10 novembre 2009

Pourquoi se droguer, fumer, prendre des antidépresseurs ou de l'alcool n'est PAS une bonne idée

Si vous êtes déjà convaincu que c'est une très mauvaise idée et que vous vivez en accord avec cette conviction (autrement dit si vous ne vous droguez pas, fumez pas, etc.), alors inutile de lire ce post.

Mais si vous n'en êtes pas convaincu...

ou si vous en êtes convaincu, mais que vous n'arrivez pas à mettre vos actes en accord avec vos croyances...

alors vous aurez intérêt à lire ce post.

Pourquoi ne PAS prendre d'alcool, drogue, antidépresseurs, etc.?

La première raison qui vient à l'esprit est : "parce que c'est mauvais pour la santé".

Mais tout les fumeurs savent que c'est très mauvais pour la santé, et ils continuent quand même. Parce qu'ils ne se soucient pas de leur santé ? Parce que "mauvais pour la santé" est une expression trop vague, une expression qui ne fait pas image ?

Peut-être vous fichez vous de votre avenir.

Mais si vous vous en fichez, c'est que vous avez oublié que vous, demain, c'est vous. En d'autres termes, le jour où vous êtes atteint d'un cancer (je ne vous le souhaite pas), c'est bien vous, vous avec vos émotions, vous comme aujourd'hui, qui êtes rongé par un carcinome.

Le terme "santé" a été tellement utilisé qu'il n'a plus aucune saveur, aucune couleur...
Remplaçons le par d'autres.
Les antidépresseurs, la drogue, l'alcool, etc., sont bons pour les maladies graves.

Ils sont excellents pour les cancers, les cirrhoses, l'akathisie - pour n'importe quelle maladie éventuellement mortelle, ou du moins très très gênante. Ils sont très efficaces pour détruire votre organisme. Et votre organisme, c'est vous : vous ne pouvez vous dissocier de votre corps qu'aussi longtemps qu'il reste silencieux.

Le jour ooù l'on a mal, où le corps parle haut et fort, on ne peut plus feindre de croire que le corps n'est que le corps, qu'on n'a rien à voir avec lui.
On ne peut mépriser la "bonne santé" qu'aussi longtemps qu'on en jouit.
Le jour où elle s'en va, on la pleure, on la regrette, on la rappelle. Comme ces hommes tyranniques et méprisants qui écrasent leurs femmes jusqu'à ce qu'elles les quittent, puis qui pleurnichent pour qu'elles reviennent.

Mais peut-être que vous ne croyez pas que les antidépresseurs, l'alcool, la drogue, etc., sont bons pour les maladies. Si c'est le cas, ne vous contentez pas de croire : renseignez-vous. Vérifiez. Les "effets secondaires" sont-ils si secondaires ?... L'alcool est-il si inoffensif ?...

Ne vous contentez pas d'un : "tout le monde en prend".

Si vous ne le savez pas encore, je vous le dis en confidence : tout le monde est un imbécile. Ne lui faites pas confiance. Si vous calquez votre comportement sur le sien, vous ne récolterez que des ennuis. Choisissez vos amis avec soin. Ne suivez pas n'importe qui... et tout le monde est n'importe qui.

Mais il y a une autre raison majeure pour laquelle prendre des antidépresseurs, de l'alcool, de la drogue, etc., n'est pas une bonne idée.

C'est qu'en prenant ces substances, vous anesthésiez votre conscience. Vous reculez devant votre condition d'Homme. Vous démissionnez de votre libre arbitre, vous abandonnez votre jugement sur le bord de la route, comme un chien à l'approche des grandes vacances. Or votre jugement n'est pas un chien, c'est au contraire la part la plus précieuse de vous-même. L'une des plus précieuses, du moins.

Le véritable bonheur ne se trouve pas dans la démission et la fuite, pas dans le repli de l'ivresse et du rêve. Il se trouve au bout de l'introspection, de la réflexion et de la présence.

Vous ne pouvez rien faire de bon tant que vous n'êtes pas vraiment là.

Le rideau de fumée (dans le cas de la cigarette) que vous interposez entre vous et le monde n'en adoucit pas les contours, même si vous en avez l'impression. Le monde est toujours aussi dur, c'est vous qui devenez mou. Informe. Vous qui sabotez votre intelligence, émoussez les angles précis de votre logique, perdez une partie de ce qui fait de vous un être digne, un être responsable, un être respectable.

Prendre des antidépresseurs, de l'alcool, de la drogue... c'est se trahir et se fuir.

Le monde moderne vous incite à vous excentrer. A perdre de vue votre centre, à vous oublier dans des images, des films, des joies et des tristesse d'emprunt, des vies qui ne sont pas la vôtre. à vous griser de sang, de cris, de rires, de sexe, de choses, de musique, de mensonges et de dépenses. A oublier complètement votre existence et vos responsabilités - à oublier la fatigue et l'honneur de vivre qui sont les vôtres, pour reprendre les mots de George Sand.

à flotter à la surface de tout, et de vous-même, sans rien approfondir et sans rien comprendre, sans même chercher à comprendre. A devenir le pire que vous puissiez être.

Le monde moderne fait tout pour vous séduire, vous dévier, briser la force et la dignité qui naturellement vous appartiennent.

Or quand vous prenez des antidépresseurs, de la drogue, etc., vous lui dites en substance ceci :

"Oui, monde, je t'accepte et même je t'aime ; oui monde, tu es tout ce que je veux ; oui, monde, je suis prêt à tout pour continuer sur cette autoroute qui est la tienne, avec les autres, les autres robots ; et comme mon existence en ton sein, ô monde, est (je ne sais pas pourquoi) insupportable telle quelle, la drogue m'aidera ; oui, elle m'aidera à la rendre supportable sans rien y changer d'essentiel ; la drogue est mon allié, ma béquille, mon soutien. Sans elle, je ne voudrais plus de toi ; sans elle, je serai obligé de réviser mes croyances et mes choix, et c'est ce que je ne veux pas ; de toute façon, je t'ai choisi, ô monde : tu es ma patrie, ma maison... Il n'y a que toi de réel, ô monde, ô Big Brother, ô chère matrice."

En arrêtant la drogue, les antidépresseurs, etc., vous faites l'autre choix.

Le choix de votre conscience, de votre jugement, de votre âme.

Le choix de votre dignité, de votre liberté, de votre force.

Le choix de l'espoir le plus difficile comme le plus méritoire, celui qui est du désespoir surmonté (pour reprendre une belle formule de Bernanos).

Le choix de la lucidité et des deux yeux ouverts.

Vous connaissez le dernier film de Kubrick, "Les yeux grand fermés" ?...
Son titre même est un commentaire très pertinent sur notre monde.

En refusant les drogues légales et illégales, vous choisissez d'ouvrir les yeux, lde traverser le miroir des apparences, de franchir le pas qui vous sépare de la vérité, de votre humanité, de vous-même, et d'un avenir digne de ce nom.

08 novembre 2009

Idées et croyances

Pour éclaircir un point...

Vous avez peut-être remarqué que dans ce blog, j'utilise assez souvent les notions de "idées" et "croyances".

Pour ceux qui ne verraient pas bien ce que j'entends par là, voici quelques précisions.

Une idée est un énoncé - n'importe lequel. Par exemple "la terre tourne autour du soleil" est une idée. Tout ce qu'on pense et tout ce qu'on peut penser entre dans ce cadre.

Une croyance est une idée à laquelle on croit. On peut en effet être au courant de telle idée ou telle idée sans y croire. Par exemple, je sais très bien que certaines personnes croient à la réincarnation, mais moi je n'y crois pas. Pour moi, la réincarnation est une idée, rien qu'une idée ; ce n'est pas l'une de mes croyances.

Les termes d'idée et de croyance laissent de côté un point très important : est-ce que l'idée ou la croyance en question est vraie, ou fausse ?

Une idée peut être vraie ou fausse. Pareille pour une croyance. On peut croire à un mensonge comme on peut croire à une vérité. De même, "la terre tourne autour du soleil" est une idée au même titre que "le soleil tourne autour de la terre".

Alors pourquoi, dans ce blog, j'utilise si souvent ces termes ?...

Justement parce qu'ils laissent ouverte la question ontologique (vrai ou faux ?).

Non que je la considère anodine. Loin de là. Mais plutôt que j'essaie, cher lecteur, de vous faire réfléchir sur certaines de vos convictions, et de vous amener à envisager la possibilité que peut-être... elles ne sont pas vraies.

Il serait grossier de ma part de vous balancer en pleine poire : "Ce que vous croyez est faux ! Ce ne sont que de gros mensonges malsains qui vous empoisonnent, qui vous enfoncent dans la dépression ! Arrêtez tout de suite de croire à ces âneries !"

Grossier... et inefficace. (Je le sais parce que j'ai essayé).

C'est pour ça que j'utilise souvent les termes de "idées" et "croyances".

Peut-être aussi parce que je suis influencée par le développement personnel, qui, pour une raison ou pour une autre, a souvent recours au terme de croyance.

Et, enfin, parce que je veux attirer votre attention sur le rôle absolument essentiel joué dans votre vie par ce que vous pensez et ce que vous croyez... pour le pire comme pour le meilleur.

07 novembre 2009

"Les logiques de la dépression" de Daniel Widlöcher

Un titre prometteur - un livre considéré comme une référence, un classique...

Alors je l'ai emprunté et lu pour vous. Non, j'avoue : je n'ai lu encore que les premières pages. Mais elles m'ont donné envie de les commenter.

Widlöcher est professeur et consultant de psychiatrie. Il écrit plutôt bien, et d'une manière claire.

Dans les premières pages, il pose le problème qui le préoccupe d'une façon convaincante :

"Patients et médecins situent trop souvent sur le même plan le problème de la cause et celui du mécanisme. Dire : "Cet homme est déprimé parce qu'il existe une anomalie chimique qui modifie le fonctionnement de certaines structures cérébrales" et dire "il est déprimé parce qu'il a perdu son emploi" ne constituent pas des explications concurrentes." (p.13)

Jusque-là, je suis complètement d'accord.
Ce ne sont pas des explications concurrentes parce qu'elles sont compatibles, et qu'on peut très bien les articuler l'une à l'autre.

Voici comment :

1/ Cet homme a perdu son emploi
2/ Du coup, il rumine des idées noires (je suis trop vieux, trop nul, je ne retrouverai pas de travail, je vais me retrouver à la rue, etc.)
3/ Cette rumination a des répercussion sur la chimie de son cerveau :
elle modifie le fonctionnement de certaines structures cérébrales.

Comme de juste, la cause primordiale se situe AVANT le mécanisme.

Mais voilà que dès la page 14, Widlöcher, au lieu d'articuler comme je viens de le faire cause et mécanisme, en arrive je ne sais comment à une idée toute différente, une idée très bizarre et déconcertante :

"Nous nous trouvons devant deux ordres de phénomènes mutuellement dépendant mais qui obéissent pourtant à des règles de nature tout à fait différente. Nous sommes alors contraints, pour comprendre la dépression, de recourir à deux systèmes d'analyse qui relèvent de deux logiques différentes."

Mais qu'est-ce qu'il raconte ?

Mutuellement dépendant, de nature tout à fait différente ?

C'est fumeux, c'est brumeux, c'est très très mystérieux.

Ce que veut dire Widlöcher - et là j'essaie de respecter sa pensée au plus près - c'est que l'explication par le chômage et l'explication par le déséquilibre chimique appartiennent à des logiques différentes, des logiques qui ne communiquent pas.

"La diversité des théories explicatives de la dépression [...] tient au fait que, pour pour approcher le phénomène [...] nous nous référons à des niveaux d'analyse différents." (p.15)

D'où le titre du livre : LeS logiqueS de la dépression

Mais il y a un problème.

Un énorme problème (et nous ne sommes qu'à la page 15!)

Car... et j'espère que vous en conviendrez... Au sens littéral, il n'y a qu'une logique. Une seule. Pas deux, pas trois, pas mille.

Et en parlant de logique, j'aimerais faire un mini rappel.

Soit A et B sont compatibles (autrement dit, peuvent être vrais en même temps), soit A et B sont incompatibles (ne peuvent pas être vrais en même temps). Il n'y a pas d'autre possibilité que ces deux-là.

Par exemple si "Le cheval est un mammifère" est vrai, alors "le cheval est un poisson" est faux, mais entre deux énoncés tels que "le cheval est un mammifère" et "ma tante s'appelle Gertrude" il n'y a pas d'incompatibilité.

Si vous prenez deux énoncés et que vous le comparez, vous arriverez toujours à la conclusion qu'ils sont soit compatibles (ils peuvent être vrais en même temps) soit incompatibles ou contradictoires (ils ne peuvent pas être vrais en même temps).

Et c'est précisément sur ce point tout à fait fondamental et basique de la logique que Widlöcher déraille, ce qui est un comble pour un auteur qui a mis "logique" dans son titre !

En effet, d'après Widlöcher, l'explication de la dépression par le chômage et l'explication de la dépression par le déséquilibre chimique ne sont pas contradictoires, mais ne sont pas vraies non plus en même temps dans la même réalité!

Sous un emballage tout lisse et tout joli, Widlöcher nous demande de croire qu'on peut donner deux explications ni compatibles ni contradictoires au même phénomène.

Autrement dit, il demande à son lecteur de ne pas être logique...

Voilà pour les premières pages.

Il y a un autre passage (à la page 74) qui vaut d'être commenté.

Le voici :

"Le patient pourrait nous dire : "Je suis déprimé parce que je vis douloureusement avec le souvenir de ma mère disparue." La connexion logique est indiscutable, elle est une évidence..."

Je fais ici une coupure dans la citation. Après avoir lu ces lignes, on se dit : "bien sûr que c'est logique ! le patient est déprimé parce que sa mère est morte, quoi de plus naturel ?" mais vous allez voir que ce n'est absolument pas ce que veut dire l'auteur, puisqu'il continue ainsi :

"La connexion logique est indiscutable, elle est une évidence : elle ne propose pas un lien de causalité, mais énonce une relation d'implication entre un ensemble de sentiments (le deuil) et une classe plus vaste (la dépression). La dépression contient la douleur liée à la perte. Celle-ci fait partie de la dépression. En ce sens, le déprimé ne nous apprend rien"

Personnellement, ça ne me donne pas envie de consulter.

Le patient dit : "Je suis déprimé parce que ma mère est morte"

Et qu'est-ce que le psychiatre entend ?

Il entend qu'il n'y pas de lien de causalité ! Pour lui, ce n'est pas la mort de la mère qui explique la dépression, mais la dépression qui explique le sentiment de deuil. Autrement dit, le déprimé peut bien raconter n'importe quoi, de toute façon il ne sera pas cru.

Et voilà comment "le déprimé ne nous apprend rien"...

Voilà, c'était quelques considérations en vrac sur Logiques de la dépression, que je ne vous conseille pas, à moins que vous ne vouliez vous casser la tête sur des sophismes subtils. Ce livre est peut-être le moins logique de tous les livres dont le titre comporte le mot "logiques" - mais il est vrai que "logiques" au pluriel, c'est toujours mauvais signe.