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06 décembre 2009

Le chemin de la force ? Hypocrisie, sincérité, esclavage, pudeur, etc.

Merci pour vos avis et vos questions stimulantes...

En poussant le trait à l'extrême, l'hypocrite est un pédophile qui milite dans une association contre la pédophilie. Non, il n'est pas schizophrène ; il s'est juste dit que cette couverture le mettait au-dessus de tout soupçon. C'est un sale type rusé. Pervers et intelligent.

Alors maintenant, parlons de ce que n'est pas l'hypocrisie.

Un homme ou une femme qui se fait passer pour déjà célèbre dans le but de le devenir n'est pas vraiment un hypocrite. C'est plutôt quelqu'un qui utilise la force des apparences - car au fond, paraître célèbre, c'est l'être : si on le croit, son mensonge cessera d'en être un.

Pareil pour un homme ou une femme qui feint d'avoir confiance en soi pour acquérir de la confiance en soi. C'est moins de l'hypocrisie que de la psychologie. Lui aussi utilise la force des apparences, non pour cacher quelque chose de honteux (comme le pédophile) mais pour changer sa réalité. Il n'y a pas d'hypocrisie là-dedans parce que son but est au contraire d'unifier l'apparence et la réalité. Son "mensonge" n'en est pas vraiment un, dans la mesure où arriver à feindre la confiance en soi, c'est déjà faire preuve d'une sacrée confiance en soi !

Il y a encore un autre comportement qu'on peut prendre, à tort, pour de l'hypocrisie.

Certaines personnes s'imaginent que le fait de ne pas dire "tout" est une forme d'hypocrisie.
ça n'en est absolument pas une.

Dire tout à n'importe qui, simplement parce que "n'importe qui" le demande ou parce qu'on s'y croit obligé, ce n'est pas de la sincérité mais de l'esclavage.

La sincérité consiste à ne pas mentir, à ne pas dire ce qu'on sait être faux.

Mais raconter toute sa vie à un inquisiteur malveillant, c'est une forme de supplice - et ça n'a vraiment rien à voir avec la sincérité.

Dans la manière dont on évalue ce qui est "hypocrisie" et ce qui est "sincérité", il faut tout prendre en compte.

Prendre en compte le fait que certaines réalités peuvent changer de nature simplement parce qu'on y croit...
Tandis que d'autres restent stables et inchangées, quoi qu'on imagine...

(Par exemple, dire que "le soleil tourne autour de la terre" est un mensonge et le restera, même si tout le monde se met à y croire, tandis que "Josiane Wokilousky est une star" deviendra une vérité si tout le monde se met à y croire.)

Prendre en compte le fait que la connaissance est pouvoir et que donc, quand on donne beaucoup d'informations sur soi à quelqu'un, on lui donne aussi beaucoup du pouvoir sur soi...
Prendre aussi en compte le fait que la sincérité n'est pas incompatible avec la pudeur, la discrétion et le goût du secret...

Au delà d'une certaine limite, toute qualité se change en autre chose.
De l'autre côté de la frontière de la sincérité, se trouve la nudité.
La sincérité est une force tant qu'elle reste à l'intérieur de ses limites. Quand elle les dépasse, la sincérité devient de la faiblesse.

Quand à l'hypocrisie, elle constitue une force pour les méchants. (Terme qui paraît enfantin, pas sérieux, presque dérisoire, mais qui n'en est pas moins irremplaçable.)

Je reviens sur un point important.

Donner des informations - des informations exactes -, c'est toujours, d'une manière ou d'une autre, donner du pouvoir.
C'est pour cela qu'il faut être particulièrement attentif et conscient lorsqu'on donne des informations sur soi - car une information une fois donnée ne peut pas se reprendre, et que cette information n'est jamais neutre : elle constitue potentiellement une arme. Si l'autre le veut, il pourra s'en servir un jour.

Alors mieux vaut savoir à qui on fait confiance, et à qui on ne fait pas confiance, et pourquoi...

Non, il ne s'agit pas de se méfier de tout le monde. Il s'agit seulement de savoir ce qu'on dit, à qui on le dit, et pourquoi on le dit. Bref : il s'agit de vivre sa vie avec discernement.

Quand on élargit exagérément les limites de l'hypocrisie, jusqu'à y faire entrer des qualités telles que la discrétion et la pudeur, on se retrouve dans la même position qu'une pauvre fille qui se laisser violer par son patron parce qu'elle a peur de perdre son travail.

On dit tout, on livre tous ses secrets au premier venu, parce qu'on s'imagine que c'est le seul moyen de ne pas tomber dans l'hypocrisie...

Il n'y a pas de liberté sans mur ; il n'y a pas de liberté sans limite. Ces murs et ces limites, ce sont ceux qui protègent notre moi intérieur.

Il n'y a pas de partage pour ceux qui ne savent pas refuser le partage, pas de vrais "oui" pour ceux qui ne savent pas dire "non", pas de générosité chez ceux qui se laissent dépouiller et piller.

S'ouvrir aux quatre vents, c'est s'éparpiller et se perdre.

De nos jours, un vaste courant idéologique confond hypocrisie et retenue. Lorsqu'on se laisse embarquer par cette idéologie, on est insensiblement conduit à adopter un comportement dangereux pour soi-même, tant au niveau psychologique que physique. Un comportement qui, au long terme, ne nous rendra pas plus fort, mais plus faible.

Car en général, lorsqu'on se montre (littéralement ou figurativement) nu en public, on perd beaucoup plus qu'on ne gagne...

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