Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

25 avril 2010

Freud, culpabilité, tuer le père, psychanalyse

[J'ai déjà abordé le sujet]

L'histoire des psychothérapies n'a pas, a priori, grand intérêt pour celui qui veut se soigner. Mais celle de la psychanalyse présente des particularités qui la rendent intéressante et éclairante sur tout un tas de sujets divers...

Tant de sujets, que je ne sais par lequel commencer.

Prenons la culpabilité. D'après Sigmund Freud, beaucoup de criminels ont commencé par ressentir un fort sentiment de culpabilité bien avant d'avoir commis leurs premiers crimes. Le crime serait venu soulager, en lui donnant une base réelle, un sentiment qui flottait dans le vide. D'où peut bien venir ce sentiment de culpabilité gratuit, injustifié ?

Freud ne le dit pas, mais sa vie peut nous donner quelques indications...

Car ces criminels au pluriel dont parle Freud, et qu'il aurait confesser sur son divan, c'est très probablement un criminel - lui-même, l'assassin, le meurtrier pas du tout symbolique, le tueur littéral.

Allez, un zig-zag : dans je ne sais plus quel roman de Graham Green je crois, un assassin confesse l'un de ses meurtres de manière indirecte, en le racontant comme si c'était un rêve qu'il aurait fait (je crois que c'est tueur à gage).

Freud se livre au même genre de procédé, mais en utilisant plus de détours encore, dans L'interprétation des rêves - dont le titre, en allemand, commence par "DIE" (meurs en anglais). Il faut savoir que Freud était bilingue et se plaisait aux jeux de mots anglais-allemand.

Je change encore de sujet, enfin, pas tant que ça.

Beaucoup de psychanalystes expliquent à leurs patients qu'ils doivent "tuer symboliquement leur père". Comment peut-on tuer symboliquement quelqu'un ? En plantant des épingles dans une poupée vaudou à son effigie ? Mais alors ce n'est pas symbolique mais magique...

Un symbole est "un élément textuel ou une image dont la signification concrète est liée par une correspondance analogique à une signification abstraite qu'il évoque ou représente."

Exemples : la corne, symbole d'abondance ; le taureau, symbole de force.

Dans "tuer symboliquement le père", à quelle signification abstraite renvoie l'acte de tuer le père ? Pas évident. Et d'ailleurs, est-ce qu'un verbe d'action peut jouer un rôle de symbole ? Pas sûr.

En réalité, il n'y a aucun symbole là-dedans. "Tuer le père" renvoie tout simplement à "tuer le père" - on ne peut pas traduire par "abandonner le père" par exemple, car "tuer" et "abandonner" sont aussi concrets l'un que l'autre, et n'ont pas le même sens.

Le psychanalyste encourage son patient à imaginer qu'il tue son père - est-ce qu'on peut faire plus pervers que ça ?...

Oui - il y a toujours plus pervers.

Revenons à Freud.

D'où lui vient son sentiment de culpabilité ? Ce sentiment de culpabilité initial qui a précédé son premier meurtre ?

Peut-être des violences sexuelles infligées à lui par son père (en réalité, son grand-père, car la mère de Freud avait trompé son mari avec le fils de celui-ci).

Une victime d'inceste, souvent, culpabilise...

Et la psychanalyse, là-dedans ?

La psychanalyse est l'œuvre d'un homme qui est passé de l'autre côté de la barrière, qui de victime s'est fait bourreau et tueur en série. La psychanalyse reproduit en quelque sorte sur celui qui s'y soumet les violences sexuelles infligées au petit Sigmund. La psychanalyse est un traumatisme et une humiliation - d'ailleurs Freud lui-même en parle en ces termes.

Freud a voulu à la fois humilier sexuellement ses patients et ses lecteurs, se disculper de ses meurtres et de ses perversions sexuelles, les confesser d'une manière suffisamment indirecte et subtile pour ne pas finir sur l'échafaud, et devenir riche et célèbre en se faisant passer pour un grand scientifique : la psychanalyse remplit tous ces buts à la fois. Quel vaste projet !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire