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15 août 2012

Lâcher prise ou tenir bon ?

L'expression "lâcher-prise" est à la mode ; on entend partout, on lit partout, qu'il faut apprendre à "lâcher prise", et on présente le "lâcher-prise" comme une espèce de pratique spirituelle, quelque chose de comparable à la méditation ou à la prière.

Alors parlons un peu du lâcher prise.

Et pour commencer, commençons par définir cette expression.
"Lâcher prise" est un synonyme de "lâcher", car "prise" n'est que le participe passé du verbe "prendre". Autrement dit, "lâcher prise" signifie "lâcher ce qu'on avait pris et qu'on tient".

Quand on vous dit que vous devriez "lâcher prise", on vous dit donc que vous devriez "lâcher".

Mais... lâcher quoi ?

Tant qu'on n'a pas précisé quoi, ce conseil reste vide de sens.

Pourtant, quand on entend le conseil de "lâcher prise", on a l'impression qu'il a du sens, et on n'a pas le réflexe de demander : "lâcher quoi ?"

Pourquoi ?

Parce que "prise", placé juste après "lâcher", ressemble à son COD (Complément d'Objet Direct).

On a donc l'impression qu'on sait déjà ce qu'on doit lâcher : on doit lâcher... prise.

Mais "prise" n'est pas quelque chose que l'on tient !

Je ne sais pas si vous voyez l'astuce, la ruse ?

L'expression "lâcher prise" est creuse. Elle n'a pas de sens tant qu'on n'a pas précisé ce qu'on est censé lâcher. Mais le petit mot "prise" nous donne l'illusion qu'elle a un sens, et que ce qu'on doit lâcher a été énoncé... ce qui n'est pas le cas. En anglais, face à ce genre de jargon joliment sonore et c'est tout, on parle de "psychobabble" ("blabla psy").

Cependant le conseil de "lâcher prise" peut prendre un sens précis - à condition qu'il s'insère dans un contexte.

Par exemple si on conseille de "lâcher prise" à une jeune maman en train de materner, on lui conseille de laisser tomber son bébé. Pauvre bébé. Si on conseille de "lâcher prise" au jeune papa qui est train de bricoler, on lui conseille de laisser tomber sa scie électrique, au risque de se faire très mal au pied.

Dans ces contextes et dans bien d'autres, le conseil de "lâcher prise" n'est pas bon.
Le conseil de "tenir bon" serait nettement plus approprié.

Y a-t-il des contextes où le conseil de "lâcher prise" est valable ?

Franchement, je n'en vois pas.

Ah mais si, en y réfléchissant : quand on se cramponne à ses illusions, ou à des responsabilités qui en réalité ne sont pas les nôtres, ou à un métier qu'on n'aime pas et qui nous rend malheureux, il est temps de lâcher prise...
Pour le reste, tenez bon !

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